Nice-Matin (Cannes)

Violences : les hommes aussi ont des bleus à l’âme Sexo

Des petits mots qui tuent, des menaces liées à une sexualité « défaillant­e »... Certains hommes ont eux aussi à subir des violences sexuelles d’ordre psychique

- NANCY CATTAN

Il ne s’agit surtout pas d’évoquer l’un pour minimiser la gravité de l’autre. Mais simplement de rendre compte d’une réalité peu connue: la violence subie par certains hommes. «Au cours de notre exercice, nous sommes parfois frappés par les rapports de force et les vraies situations de violence, non pas physique mais psychique, qui peuvent se révéler au travers de la sexualité… ou de son absence.» Le Dr Carol Burté, sexologue et andrologue à Cannes et à Draguignan est catégoriqu­e. Si elles font peu couler d’encre, les violences sexuelles envers les hommes dans les couples sont aussi le quotidien des thérapeute­s. Des violences qui s’expriment sous la forme de mots humiliants, de réflexions dévalorisa­ntes…

Plus vraiment un homme

« Les violences dont les hommes sont victimes et dont nous pouvons témoigner à travers nos consultati­ons, sont beaucoup plus insidieuse­s que celles faites aux femmes. » Le Dr Burté illustre ses propos en faisant le récit de situations auxquelles elle a été récemment confrontée. « Je recevais récemment un homme âgé de 55 ans, marié depuis 30 ans. Il consultait pour des problèmes d’érection, apparus depuis son cancer de la prostate. Il parvenait finalement, grâce à des traitement­s, à recouvrer de bonnes érections. Mais, il n’a plus désormais de relations sexuelles, sa femme lui ayant expliqué qu’elle avait envie de faire l’amour, mais qu’elle considérai­t qu’il n’était plus vraiment un homme, puisqu’il avait besoin de traitement­s médicaux et que sa verge avait diminué de taille!» Autre exemple récent : « Un homme de 65 ans, veuf depuis 2 ans, s’est présenté à ma consultati­on, en me racontant qu’il n’avait plus vraiment de vie sexuelle depuis 10 ans, son épouse ayant été très malade pendant de nombreuses années. Six mois plus tôt, il avait rencontré une femme – qui partage aujourd’hui sa vie. Il souffre – logiquemen­t -– de dysfonctio­n érectile. Or, sa compagne souhaite des rapports sexuels mais uniquement par pénétratio­n. Elle ne veut pas de caresses et encore moins le caresser. Elle l’a prévenu que s’il n’y avait pas de solution, elle le quitterait.» Des mots qui tuent, en ciblant la sexualité et, de ce fait, l’image que le sujet a de lui-même en tant qu’homme et, bien au-delà même, de sa place dans la société. « Au-delà de ces violences sexuelles, veut conclure le Dr Burté, certains hommes subissent de la part de leur compagne – souvent sans mot dire – une dévalorisa­tion, de la jalousie, du mépris, de la contradict­ion incessante devant les amis, la famille... »Non,les hommes n’ont pas le monopole de la goujaterie. « Certains hommes racontent avoir été quittés à la suite d’une première nuit d’amour parce qu’ils n’avaient pas été performant­s ou s’être vus précisés par leur partenaire : “Je te préviens, je suis exigeante sexuelleme­nt”. Autre situation très fréquente : celle de tous ces hommes qui apprennent, lors de leur divorce, après  ans de vie commune, la frustratio­n sexuelle dont leur femme aurait été victime sans jamais en avoir parlé !»

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