Nice-Matin (Cannes)

AUTO « Mental, maturité, osmose »

Membre du cercle restreint des rois de la glace, Jean-Baptiste Dubourg, le nouveau numéro 1 en quête d’une troisième couronne cet hiver, livre la recette de sa réussite qui tient en trois mots

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Devenir l’égal d’un certain Alain Prost. Lewis Hamilton l’a fait en  le jour où il s’est emparé de son quatrième sceptre en F. Lui pourrait le devenir dans moins d’un mois, en cas de passe de trois sur les tablettes du Trophée Andros. A  ans, Jean-Baptiste Dubourg est le nouveau roi de la glace. Impatient de cravacher sa Renault Captur supersoniq­ue, le tombeur de Jean-Philippe Dayraut, leader sous pression avant le virage d’Isola , évoque son ascension, sa réussite, dans un paddock tout de blanc vêtu. Contact !

Jean-Baptiste, quand on voit le jour à Bordeaux, quand on grandit loin des montagnes, comment croise-t-on la route du Trophée Andros un jour ?

L’hiver, c’est un peu la saison creuse pour les passionnés de sport auto. Seuls le Dakar et le Trophée Andros meublent la coupure. Moi, je me suis tourné vers la glace. Notamment pour suivre Laurent Fouquet, le grand pilote de la région bordelaise qui se battait contre le roi Yvan Muller il y a une quinzaine d’années. J’ai ainsi assisté à plusieurs courses en spectateur. Je suis notamment monté à Paris pour voir la fameuse finale au stade de France.

Quel souvenir gardez-vous de vos premiers tours de roue sur la glace ?

C’était à Val Thorens. Saison -. Alors que je totalisais à peine une poignée de courses au compteur, disputées l’été précédent, un copain de mon père (Dominique Dubourg, ancien pilote d’autocross couronné champion d’Europe en , maintenant patron de la structure familiale DA

Racing, ndlr) lui a suggéré de me faire débuter en sprintcar. Bonne idée ! Tout de suite, la glace, la glisse, les montagnes, l’ambiance du paddock, et le fait de rouler sur la même piste que des stars du volant, j’ai trouvé ça génial !

Ce fut un coup de foudre ?

Oui, les victoires se sont vite enchaînées en sprintcar. De quoi avoir envie d’enclencher la vitesse supérieure. Tenez, je me rappelle aussi du jour où j’ai testé pour la première fois une Silhouette du Trophée, deux ans plus tard. Quel choc ! Comme la découverte d’un nouveau monde ! Au volant, j’étais perdu. Complèteme­nt déphasé. Ce jour-là, je me suis dit que jamais je n’arriverai à exploiter ce genre d’auto (rires).

Quand avez-vous pris conscience que le titre constituai­t une cible à votre portée ?

En -, pas avant. Pendant longtemps, trois ogres se sont partagés le gâteau, Muller, Prost et Dayraut. Moi, je pensais qu’il faudrait toujours ramasser les miettes. Et puis cette saison-là, des soucis de fiabilité ont mis d’emblée Dayraut hors-jeu pour le titre. Voilà, on a tout de suite marqué des gros points. Je me suis retrouvé en tête, ex-aequo avec Lagorce, au départ de la finale. J’y croyais dur comme fer depuis quelques semaines. Mental à bloc ! Et ça l’a fait sur le fil.

Seulement dix champions différents couronnés en près de trente ans : y a-t-il un secret pour gagner le Trophée Andros ?

Un secret, non. Mais il y a une multitude de petits détails à réunir. (Il réfléchit) En fait, il y a trois mots clés : mental, maturité, osmose. Côté pilote, mieux vaut être très fort dans sa tête. Bien sûr, l’expérience compte énormément. Pareil pour l’équipe qui vous prépare une voiture aux petits oignons. Moi, j’ai la chance d’être épaulé par deux cerveaux hors pair : Marcel Tarrès (vainqueur du Trophée en ) et l’ingénieur Sébastien Breuil. Chacun d’entre nous possède son approche personnell­e. On confronte nos idées, on se connaît par coeur. Et cela crée une émulsion fantastiqu­e. Grâce à tous ces éléments, je pense ressentir aujourd’hui la même chose que Muller, Prost et Dayraut à leur époque. J’ai tous les outils en main, donc je me sens dans la peau du patron, du taulier. Sans prétention aucune.

Sous sa nouvelle carrosseri­e, votre voiture  cache-t-elle des évolutions techniques ?

Oui, ici et là, mais rien de révolution­naire car le règlement du Trophée est figé afin d’éviter la flambée des coûts. Cette nouvelle coque nous a permis, entre autres, de répartir les masses différemme­nt. L’auto est mieux équilibrée, plus efficace...

Après Romain Grosjean, qui a gagné des courses chez vous, le DA Racing accueille Nicolas Prost

Textes : Gil LÉON Course 1 Trophée Andros Elite Pro : Course 1 Trophée Andros Elite :

à deux reprises cet hiver. L’un et l’autre auraient-ils les capacités de viser le titre s’ils disputaien­t une saison complète ?

(Du tac au tac) Ah oui ! Chaque fois que Romain est venu, il a été impression­nant. En roulant régulièrem­ent, nul doute qu’il deviendrai­t vite un sérieux postulant au titre... Quant à Nico, c’est un vrai compétiteu­r, un bosseur acharné. Pas le fils à papa que certains imaginent. Son envie n’a d’égale que sa modestie. Je suis ravi d’avoir fait sa connaissan­ce à l’Alpe d’Huez et de le retrouver bientôt à Serre Chevalier. On parle déjà de prolonger notre collaborat­ion à temps plein l’hiver prochain.

Dans l’immédiat, quel est l’adversaire que vous craignez le plus ?

A vrai dire, il y en a deux. Outre Benjamin Rivière, qui figurait d’emblée parmi les rivaux sérieux à mes yeux, je me méfie beaucoup de Nathanaël Berthon, dont les qualités s’affirment un peu plus à chaque étape.

Les dix titres du recordman Yvan Muller, c’est un objectif présent dans un coin de votre tête ?

Pas vraiment. Lui a apposé une empreinte immense au palmarès. Moi j’y figure deux fois, donc la route nous séparant est très longue, non ? On ne sait pas ce que demain nous réserve. Pour l’instant, seul le futur proche m’intéresse. J’espère juste prolonger ce conte de fées...

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L’objectif de Jean-Baptiste Dubourg ? « Juste prolonger ce conte de fées ! »
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Journée de rêve pour les frères Dubourg ! (Photo Jean-Marie Farina)

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