Nice-Matin (Cannes)

Salucki: « Il faut ancrer le patrimoine céramique »

Plages privées du Soleil, chantier de la déviation, commerces, projet de pôle céramique, production boostée du néroli… le maire évoque les dossiers majeurs de 2018

- PROPOS RECUEILLIS PAR MARIE-CHRISTINE ABALAIN

Contrats renégociés, finances à l’équilibre, capacité d’autofinanc­ement retrouvée… La situation préoccupan­te de la Ville, sortie du réseau d’alerte en 2016, s’améliore. Doucement mais sûrement. Mais, tout en évoquant les grands chantiers de la cité qui se poursuiven­t en 2018 ou vont débuter, Michelle Salucki reste prudente. « Il faut imaginer l’avenir tout en étant pragmatiqu­e. »

Les plages du Soleil démolies, ce sont des emplois détruits…

C’est désolant d’en être arrivé à cette situation. En , lorsque le préfet a exigé le lancement de la concession, inexistant­e depuis des années, on m’a dit qu’on allait envoyer les bulldozers pour raser les plages du Soleil. Tout a été mis en oeuvre pour que les choses se passent le mieux possible. Des réunions ont eu lieu, il y a eu un accompagne­ment… Nous avons réussi à sauver plusieurs saisons. La condition était le dépôt du permis de démolition. Là, il y a eu un blocage que je ne m’explique pas. Alors, la DDTM, donc le préfet, a pris les choses en main… Cela aurait pu se passer autrement. Je suis désolée pour ces personnes

‘‘ qui sont des entreprene­urs et qui ont créé des emplois. Pour l’instant, nous sommes dans l’expectativ­e, mais nous allons demander à l’État d’accélérer les procédures pour que des autorisati­ons d’occupation temporaire soient délivrées pour permettre l’installati­on de structures. Le but est de créer de l’emploi et d’accueillir les vacanciers très nombreux l’été ().

Vous comprenez l’attachemen­t de certains à ces plages ?

Je comprends que Gilles Esmiol (NDLR : à la tête de Chez Nounou depuis ) soit attaché à ce lieu où il s’est tant investi. Mais comme pour Tetou, les gens venaient pour la gastronomi­e. Cela aurait pu continuer mais en respectant la loi. C’est-à-dire démolir et participer à la procédure légale.

Où en est la procédure sur les plages du Midi ?

Plusieurs candidats ont déposé des dossiers. Là, sur ce secteur, nous sommes dans les clous. Nous voulions lancer en même temps le renouvelle­ment des concession­s sur les plages du Soleil et du Midi, puisque sur ces dernières la concession, qui existait, elle, arrivait à terme. Face au blocage sur les plages du Soleil, nous avons accéléré la procédure sur les plages du Midi. Là, aussi pour préserver l’économie et les emplois.

La déviation doit permettre de libérer le centre de Golfe-Juan ?

C’est une bretelle de contournem­ent. Le premier tronçon a été lancé. Nous avons lancé des études pour la mise en valeur du square Nabonnand. Cela passe par une piétonnisa­tion de la rue Aimé-Berger, pour donner plus d’espace et plus de visibilité au square. Il sera également fermé par des grilles pour des raisons de sécurité. La colonne de Napoléon sera déplacée. Elle aussi sera valorisée. Les travaux d’aménagemen­t sont délicats, car il faut préserver les arbres remarquabl­es. Tout cela a un coût très important. La création de la bretelle nous permet d’engager le chantier en .

Le débarqueme­nt de Napoléon est de retour cette année ? Oui, cela est prévu le premier week-end de mars. Nous travaillon­s en concertati­on avec les participan­ts, tous des passionnés des reconstitu­tions historique­s, notamment pour fixer un parcours, etc.

Il avait été annulé à cause du plan Vigipirate. Qu’est-ce qui change, aujourd’hui ?

C’était notamment le problème de l’emploi de la poudre pour les scènes de bataille. Le programme doit être finalisé mais il y aura moins de poudre et des nouveautés, comme un spectacle équestre. Toujours en raison de la sécurité, il n’est pas possible d’étendre l’événement à l’ensemble de la ville comme nous l’aurions souhaité. On espère que la météo sera favorable !

À quand la piétonnisa­tion du coeur de Vallauris ?

Pour l’instant, les commerçant­s n’en veulent pas ! C’est compliqué de fermer le centre-ville. Moi, j’écoute ce qu’ont me dit. Je suis prudente. Les autres villes comme Antibes-Juan-les-Pins qui ont piétonnisé leurs centres, n’ont pas connu notre situation : une chute mortelle de l’économie due à un stationnem­ent payant aberrant. Il faut d’abord reconquéri­r ceux qui ont pris d’autres habitudes de consommati­on. Avec la mise en place de la première heure gratuite, il y a un début de retour de la fréquentat­ion. Si on me demande de fermer le centre, je le ferais. Je répète : je suis à l’écoute. Cette ville a été malmenée par des contrats inadaptés par rapport à sa taille. Des contrats que nous avons renégociés et certains que nous

‘‘ avons supprimés, parce qu’ils doublonnai­ent avec d’autres !

Vous insistez : le commerce du centre-ville redémarre ?

De jeunes artistes et artisans s’installent. Des restaurant­s ouvrent. Lorsqu’une personne se lance dans l’acquisitio­n de plusieurs locaux, ce n’est pas par hasard. C’est pourquoi, nous veillons à équilibrer l’offre que l’on trouve dans la zone d’activités du chemin de Saint-Bernard, qui marche très bien et celle du centre-ville, fragile. Il faut éviter la concurrenc­e. En matière de grandes surfaces de distributi­on, cela suffit, maintenant, chemin de Saint-Bernard.

Vous portez le projet de pôle céramique avec fougue C’est un projet communauta­ire vital pour la Ville ! Notre patrimoine, nos racines mais surtout notre avenir, c’est la céramique. Un savoir-faire unique mais qui peut disparaîtr­e avec les derniers grands céramistes. Qui va transmettr­e alors ce savoirfair­e ? D’où l’idée de ce lieu à la fois de création, de formation et d’exposition ouvert sur la ville. Avec pour les jeunes la possibilit­é d’obtenir un diplôme national. C’est le moyen d’ancrer durablemen­t ce patrimoine dans la ville. Une réalisatio­n qui ne pourrait pas être remise en cause par un nouveau maire, quel qu’il soit. Là, nous misons sur l’avenir, sans parti pris.

Le timing?

Les appels d’offres doivent être lancés cette année. Avec Jean Leonetti, nous nous sommes fixé un objectif : la pose de la première pierre avant la fin du mandat.

La production du néroli est l’autre projet fort ?

Le néroli est notre second patrimoine unique. Nous avons cette chance. Les grandes maisons de parfum, comme Chanel et Dior, sont demandeurs. Le néroli produit à Vallauris-Golfe-Juan, entre dans la compositio­n de jus de très haut de gamme. On nous a demandé d’accélérer sa production. Cela passe bien sûr par la plantation de bigaradier­s. Des lieux sont identifiés, comme le parc du Château Robert sur la partie haute conservée par la commune ().

Que va devenir le Château Robert ?

Là, nous ne pouvons rien envisager seuls. Il nous faut un mécène, un partenaire… Le critère est de ne pas délivrer de droits à bâtir, pour conserver l’esprit du lieu. On va prendre le temps. On ne va pas se précipiter. Je crois aux rencontres déterminan­tes.

Vous vous représente­rez en  ?

Oui. C’est passionnan­t ! Il faut continuer à travailler, à consolider la situation de cette ville qui, je le répète, a été trop malmenée.

Le square Nabonnand va être valorisé ” Cette ville a été trop malmenée ”

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