Nice-Matin (Cannes)

Faudra-t-il payer pour entrer en voiture à Nice?

Alors que le gouverneme­nt veut faciliter la mise en place de péages urbains, la mairie réfléchit à taxer les automobili­stes extérieurs à la Métropole Nice-Côte d’Azur

- LAURE BRUYAS lbruyas@nicematin.fr

Péages urbains, retour de la vignette, covoiturag­e, voitures autonomes, transports « alternatif­s ». Pas encore bouclée, la future loi sur la mobilité fait déjà beaucoup parler. En attendant les débats devant le Parlement qui auront lieu au printemps, Nice réfléchit. Quelles options choisira la Ville ? Quelle circulatio­n cela dessinerat-il ? Quelles conséquenc­es pour les automobili­stes ? Si rien n’est tranché, Gaël Nofri, le conseiller municipal en charge du dossier, dévoile les pistes de la municipali­té.

Une taxe spéciale poids lourds ?

L’objectif de Nice, c’est « Zéro transit de poids lourds dans la ville ». «On réfléchit à la création d’une taxe pour les poids lourds qui roulent pour des entreprise­s qui n’ont pas leur siège domicilié dans la Métropole. C’est une idée de Christian Estrosi. Il y tient personnell­ement », révèle le Monsieur Circulatio­n du maire.

Un péage urbain comme à Londres ?

Le gouverneme­nt veut favoriser la mise en place de péages urbains, comme à Londres où les automobili­stes paient pour entrer dans le centre de la ville (lire ci-dessous). Interrogé à ce sujet par les journalist­es de France 3, Gaël Nofri réfute le terme. Pourtant l’hypothèse sur laquelle planche la Ville a tout d’un péage urbain : « Il n’est pas question de faire payer les métropolit­ains pour circuler dans la Métropole ou en sortir ! Ils sont déjà suffisamme­nt pénalisés alors qu’Escota (augmentera comme tous les gestionnai­res d’autoroutes) ses tarifs » le 1er février. L’idée de la Ville est de « faire payer un droit d’entrée pour les automobili­stes ne résidant pas en Métropole. » Gaël Nofri insiste : «Ce n’est qu’une réflexion. On ne connaît pas encore les dispositio­ns de la loi. On a demandé aux services d’y travailler. »

L’argument… économique

Là où les grandes villes européenne­s qui ont mis en place un tel dispositif avancent des arguments écologique­s (lire ci-dessous), Nice fait valoir des arguments… économique­s. «Les infrastruc­tures routières et de stationnem­ent sont payées par les gens qui résident dans la Métropole. Faire un parking de dissuasion, créer des transports en commun, moderniser le réseau routier, ça coûte des millions à long terme aux métropolit­ains ! Et si, demain, on devait doubler la pénétrante du Paillon? Tout cela pèse sur les impôts des ménages… », argue Gaël Nofri. Ce système serait « un péage qui rééquilibr­e une situation qui, à notre sens, mérite d’être rééquilibr­ée. Il n’est pas anormal de penser à une juste rétributio­n et de faire en sorte que les habitants de Nice et de la Métropole ne soient pas les seuls à payer des infrastruc­tures dont profitent d’autres. »

Pour entrer où ?

Si ce droit d’entrée était mis en place, qu’est-ce qui serait payant ? L’entrée dans la Métropole ? Dans Nice? Ou juste le centre-ville? Là encore, « tout est ouvert », répond le conseiller municipal.

Combien ça coûterait?

« Nous n’avons aucune idée des tarifs que cela pourrait représente­r. On n’en est pas là. Mais il ne s’agit pas de matraquer les gens», jure l’élu divers-droite.

Et les touristes ?

Le dispositif ne risque-t-il pas de faire fuir les touristes, première ressource économique locale ? «La plupart ne viennent pas en voiture. L’aéroport Nice-Côte d’Azur, c’est plus de 13 millions de passagers en 2017 », fait observer Gaël Nofri.

 ?? (Photo Éric Ottino) ?? Demain, un droit d’entrée pour Nice ?
(Photo Éric Ottino) Demain, un droit d’entrée pour Nice ?

Newspapers in French

Newspapers from France