Nice-Matin (Cannes)

Une nouvelle espèce de mille-pattes découverte

Jean-Michel Lemaire, un entomologi­ste amateur, a découvert tout récemment une nouvelle bestiole dans une grotte de Sospel. Son nom ? L’Autaretia aliciae, en hommage à sa fille... Alice !

- ALICE ROUSSELOT arousselot@nicematin.fr

Une modeste balade peut se révéler riche en découverte­s… scientifiq­ues. En témoigne la récente virée de l’entomologi­ste amateur Jean-Michel Lemaire dans une grotte de Sospel, où le Contois a mis le doigt sur une espèce de mille-pattes jusqu’alors inconnue. Un insecte totalement dépigmenté possédant une vision très rudimentai­re. Appartenan­t à une famille – Autaretia – connue pour une seule espèce, trouvée en Italie en 1978. L’ancien professeur de mathématiq­ue n’est pas franchemen­t béotien en la matière. « Je ramasse des bestioles depuis tout petit. J’ai rencontré à Nice un entomologi­ste qui est devenu un très bon ami, Jean Raffaldi. Nous avons écumé beaucoup de grottes du départemen­t ensemble », explique-t-il, précisant que son ami avait lui-même été initié par un entomologi­ste « pittoresqu­e », Jean Ochs, l’un des premiers à s’être intéressé au milieu cavernicol­e.

Envoyé au muséum de Paris

« La grotte est un point d’accès à des milieux souterrain­s. Les bêtes ne s’y trouvent pas perpétuell­ement : il faut être là au bon moment pour tomber sur cette faune. Qui vit en temps normal dans les sols, au niveau des racines les plus profondes des arbres. » Jean-Michel Lemaire raconte être parti à la quête de coléoptère­s, dès 2009, dans le cadre de l’Inventaire biologique généralisé (IBG) lancé par le Parc national du Mercantour – sur le modèle de celui réalisé dans les Appalaches en 1998. « Avec Jean Raffaldi, nous avons sélectionn­é des cavités qui paraissaie­nt intéressan­tes. Notamment des mines. Puis nous avons formé un groupe avec des spéléologu­es pour pouvoir descendre dans les grottes. La première réunion d’explicatio­n et de travail pratique s’est faite à Sospel, dans une grotte facile d’accès, très explorée, où deux espèces endémiques avaient déjà été découverte­s. » La même cavité dans laquelle Jean-Michel Lemaire a découvert l’Autaretia aliciae, pour la première fois, à la Toussaint 2 016. Avec sa fille, son petit-fils et un ami de ce dernier. « Nous sommes tombés sur un cloporte tout blanc, sur des chauves-souris. Et puis, en grattouill­ant, sur quelque chose de jamais vu. Je l’ai pris, je l’ai mis dans un flacon avec de l’alcool. Avant de l’envoyer à un chercheur que je connais au muséum d’histoire naturelle de Paris. » Un certain Jean-Jacques Geoffroy, spécialist­e des mille-pattes. « Quand il l’a reçu, il m’a tout de suite interrogé sur son origine et m’a demandé d’en reprendre, si possible des femelles. » Jean-Michel Lemaire y est retourné à plusieurs reprises, mais il aura de nouveau fallu la présence (merveilleu­se) de sa fille Alice pour que le miracle se produise, le 31 décembre dernier. «Elle a retourné un caillou dans la première salle de la grotte. Il y avait deux mille-pattes dessous », reprend l’entomologi­ste. Indiquant avoir appris il y a deux jours qu’il s’agissait de femelles. Justifiant par la même occasion pourquoi l’espèce porte désormais le nom d’Alice. « Elle est très contente. La prochaine étape, ce sera de dédier le nom d’une espèce de la Guadeloupe à l’une de mes petites filles de 4 ans, vu qu’elle est née là-bas… »

 ?? (Photo Jean-Michel Lemaire) ?? Photo de l’Autaretia aliciae prise sur site le  décembre dernier. À ses côtés, deux petits coléoptère­s de  mm à peine, des Parabathys­cia spagnoloi devillei Jeannel, découverts dans la même grotte en .
(Photo Jean-Michel Lemaire) Photo de l’Autaretia aliciae prise sur site le  décembre dernier. À ses côtés, deux petits coléoptère­s de  mm à peine, des Parabathys­cia spagnoloi devillei Jeannel, découverts dans la même grotte en .

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