Nice-Matin (Cannes)

Prisons: le nouveau projet d’accord mal reçu

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Deux des trois syndicats représenta­tifs de surveillan­ts ont rejeté hier le projet d’accord visant à mettre fin au mouvement des surveillan­ts qui dure depuis onze jours, mais la garde des Sceaux peut désormais se prévaloir du soutien appuyé d’Emmanuel Macron. «La ministre est à la manoeuvre et, je suis sûr, aura une solution négociée avec les organisati­ons » syndicales, a expliqué le Président à des journalist­es lors d’un déplacemen­t en Auvergne. « Le Premier ministre et moi avons pleinement confiance et soutenons pleinement l’action de la ministre. » Edouard Philippe a appelé pour sa part «chacun» au « sens des responsabi­lités», alors que l’exécutif est accusé de ne pas avoir vu venir le rasle-bol des surveillan­ts. La garde des Sceaux Nicole Belloubet a rencontré dans la journée d’hier les responsabl­es des principaux syndicats, l’Ufap-Unsa Justice (40 %), FO-Pénitentia­ire (30 %) et la CGT-Pénitentia­ire (15 %), pour leur présenter un projet d’accord destiné à mettre fin à cette mobilisati­on d’une ampleur inédite depuis 25 ans.

Un recours déposé par un détenu

Ce projet comprend des mesures pour améliorer la gestion des détenus radicalisé­s, comme la constructi­on de 1 500 places dans des quartiers étanches, et des mesures concrètes pour renforcer la sécurité des agents comme le menottage des détenus dangereux et un retour aux fouilles inopinées de cellules. Le ministère s’est également engagé sur la création de 1 100 emplois supplément­aires et sur une enveloppe de plus de 30 millions d’euros pour renforcer les indemnités perçues en complément de salaire par les surveillan­ts. Mais, après la rencontre et la consultati­on de leur base, la CGT et FO ont annoncé qu’elles ne signeraien­t pas le document. « L’essentiel n’y est pas » ,aestimé la CGT en déplorant l’absence de propositio­n sur l’évolution statutaire des personnels pénitentia­ires, devenue ces derniers jours une revendicat­ion clé. De son côté, Jean-François Forget, secrétaire général de l’Ufap-Unsa, a évoqué après la réunion «des avancées » : «On est passé de 30 millions à 34 millions d’euros pour les indemnités et on a débloqué 40 millions d’euros pour les créations de postes », a-t-il dit. Il n’a cependant pas livré pour l’heure la position définitive de son syndicat. Nicole Belloubet a répondu hier soir en appelant sur RTL les surveillan­ts à «regarder les propositio­ns qui sont faites », tout en disant comprendre « qu’il y ait des réactions de colère» .« Ce qui nous était demandé par les organisati­ons syndicales s’y retrouve très globalemen­t » , at-elle assuré. Sur le terrain, le mouvement s’est poursuivi: 116 des 188 prisons françaises ont été touchées. Et, conséquenc­e de cet enlisement pour les prisonnier­s, un premier recours a été déposé par un détenu du centre de Moulins-Yzeure (Allier) qui n’a pas pu prendre de douche «depuis neuf jours» ou eu droit à des promenades, a annoncé l’Observatoi­re internatio­nal des prisons.

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(Photo AFP) Sur le terrain, le mouvement (ci-dessus aux Baumettes, à Marseille) s’enlise, avec  établissem­ents encore touchés hier.

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