FOOTBALL Stephan Luzi : l’assistant ne reste pas sur la touche L’UNAF veut se rapprocher des clubs
Fraîchement élu président de l’UNAF dans le département, l’arbitre assistant en première division est également enseignant. De multiples casquettes pour une vie bien remplie
Mardi soir. Stephan Luzi est prêt à prendre la route pour Montpellier, où il arbitrera le lendemain le 16e de Coupe de France entre Lorient et le MHSC. L’homme de 43 ans accepte de retarder son départ pour l’Hérault afin de parler de lui, de sa vie et du football, évidemment. Une discussion riche de plus de deux heures, sans langue de bois. L’illustration d’un arbitre passionné qui, après avoir dirigé en Ligue 1 pendant plus de dix années, n’est pas rassasié. « Je ne me fixe pas de limite, avoue-t-il. J’ai encore de belles années devant moi et des challenges à relever. Je serai là tant que je pourrais apporter quelque chose à mon équipe. » Son équipe ? C’est celle de Benoît Millot, l’arbitre central et Julien Pacelli, l’autre assistant, avec qui il partage la majeure partie de ses rencontres. Cette saison, Stephan Luzi en est à quinze matchs dans l’élite et deux en Ligue 2. Un témoignage de confiance de la part de la LFP, qui n’hésite pas à l’aligner.
« Une erreur ? On y pense toute la semaine… »
Perdurer dans le métier n’est pourtant pas chose aisée. « Deux fois par an, nous passons des tests physiques assez poussés. Si nous ne les remplissons pas, nous ne pouvons plus arbitrer », affirme l’Azuréen. Ce n’est d’ailleurs pas le seul critère requis pour rester au top niveau puisque naturellement, les maîtres du jeu doivent être « efficaces ». Chacun de leur match est analysé pour qu’à la fin de l’année, les arbitres soient classés en fonction de leurs performances. « Nous aussi, nous sommes des compétiteurs mais nous ne cherchons pas à être les meilleurs. Sur une rencontre, moins on parle de nous, mieux c’est », sourit-il. Pourtant, les arbitres français sont souvent au coeur des débats d’après-match. Tony Chapron par exemple, en a fait les frais à la suite de son geste sur le Nantais Diego Carlos, la semaine passée. Une action sur laquelle Stephan Luzi ne souhaite pas s’exprimer, étant soumis à un devoir de réserve. Sur les autres erreurs régulièrement soulignées, le Vésubien est plus loquace : « Les gens ne l’imaginent pas forcément mais quand on se trompe, on y pense toute la semaine… » C’est surtout l’occasion de travailler encore davantage pour gommer les imperfections. «Comme un sportif, notre hygiène de vie doit être impeccable, affirme-t-il. Nous analysons les matchs et les tactiques des équipes aussi. En tant qu’assistant par exemple, je me concentre particulièrement sur le placement des attaquants. »
« Le métier se professionnalise »
Au-delà des décisions prises, c’est l’attitude qui est importante selon le principal intéressé. Avoir «des valeurs et s’y tenir », être « imperméable à la pression et aux insultes » et rester «concentré et impartial», autant de qualités nécessaires pour bien arbitrer. Le ‘’quadra’’ a progressé au fil des années, mais aussi par l’intermédiaire de son autre métier, celui d’enseignant en histoire-géographie dans un collège de Saint-Martin-du-Var. Il développe : « Je ne peux pas espérer qu’un de mes élèves de 3ème me respecte si moi, je ne le respecte pas. C’est un peu pareil sur un terrain, on a vingt-deux bonhommes à gérer, mais il faut d’abord être pédagogue. » Son métier d’enseignant, Stephan Luzi sera probablement bientôt sommé de le quitter, puisque les arbitres français commencent à se professionnaliser. « Depuis trois ans, certains de mes camarades ne font plus que ça. A l’image des joueurs, ils s’entraînent quotidiennement à Clairefontaine et sont considérés comme professionnels. A terme, tout le monde y passera et c’est une bonne nouvelle pour l’arbitrage français. »
« Sur la touche, on aime quand ça part limite ! »
Autre belle avancée, l’arrivée de la vidéo, qui devrait faciliter la tâche des juges et particulièrement celle des assistants. Pour autant, le professeur affirme qu’il n’en sera pas prisonnier : «Ce qui fait qu’on aime la touche, c’est quand l’attaquant part à la limite et qu’on prend la bonne décision, sans la vidéo. De ce point de vue-là, ça ne changera pas. Ce sera simplement un outil pour arbitrer plus confortablement à l’avenir. » certains se plaignent d’avoir de mauvais arbitres mais il faut se demander pourquoi », lance-t-il. Il tente une explication: « A la base, les arbitres sont issus des clubs mais si les jeunes qui se présentent ne sont pas motivés ou n’ont pas les qualités requises à la base, ça ne peut pas marcher. » C’est pourquoi l’UNAF est prêt à mettre en place des interventions au sein des clubs de proximité (Grasse et Carros ont déjà emboîté le pas), pour expliquer précisément la fonction d’arbitre et aider les plus déterminés à se lancer. La motivation est indispensable afin de réussir dans la fonction, particulièrement au début. « Chaque week-end en district, des arbitres sont agressés. Certains décident d’arrêter et je les comprends mais le message que l’on souhaite faire passer, c’est qu’ils ne sont pas seuls. Nous sommes là pour les accompagner. » Aussi et surtout les aider pour qu’ils puissent progresser, avancer et gravir les échelons comme Stephan Luzi l’a fait. « L’arbitrage m’a apporté tellement de choses que j’ai envie de transmettre cette modeste expérience. Lutter contre la timidité, prendre des décisions, être fort mentalement… Autant de qualités que tu peux difficilement développer par ailleurs. » L’UNAF compte désormais adhérents. Une famille qui ne demande qu’à s’agrandir. Cet avenir n’est pas encore écrit pour celui à qui il reste encore quelques années. « Je ne veux pas être contraint d’arrêter, je préfère que la décision vienne de moi. Si un jour je sens que physiquement je n’ai plus le niveau, je stopperai. » Pour le moment, ce n’est pas d’actualité. Trois jours après la victoire spectaculaire de Montpellier (4 buts à 3), le président de l’UNAF 06 se déplacera au Roudourou, samedi, pour arbitrer Guingamp-Nantes. Déterminé et toujours motivé, le père de trois enfants ira toujours « avec le même plaisir, sans jamais avoir l’impression d’aller bosser. »