Nice-Matin (Cannes)

“Une dent contre les experts” : la réponse de l’UCEJAM

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Suite à l’article paru le 24 janvier, intitulé « Une dent contre les experts », nous avons reçu de Christian Guyon, président de l’UCEJAM (Union des compagnies d’experts de justice des Alpes-Maritimes et du Sud-est), les précisions suivantes : « Je suis particuliè­rement choqué par la conclusion de cet article qui affirme que les expertises de justice « frauduleus­es » seraient monnaie courante. Je tiens à rappeler comment se déroule une expertise de justice : - l’expert est désigné par le tribunal devant lequel est porté le conflit ; - pendant la durée de sa mission il reste sous le contrôle du juge en charge du contrôle des expertises de ce tribunal ; - il doit respecter le contradict­oire, c’est-à-dire écouter chacune des parties lors d’une première réunion et répondre à toutes leurs observatio­ns, communiqué­es soit directemen­t, soit via leur avocat, tout au long de la mission menée par l’expert. Ce principe fondamenta­l peut entraîner la nullité du rapport, s’il n’est pas respecté. Et donc, si une partie constate un favoritism­e outrancier, tel que relaté dans l’article, cette partie peut alerter le juge en charge du contrôle pendant le déroulemen­t de la mission, demander la récusation de l’expert, voire réclamer la nullité du rapport après son dépôt au tribunal ; - chaque partie peut également s’adjoindre un conseil technique dans la même spécialité que l’expert de justice, pour lui apporter la contradict­ion, si elle l’estime nécessaire ; - enfin, si une partie est sûre de son bon droit, elle peut faire appel du jugement sous réserve que la valeur en litige soit supérieure à 4000 euros. La justice est accessible à tous, y compris aux plus démunis, par le biais de l’aide juridictio­nnelle qui permet à chacun de se faire assister d’un avocat ou de régler le coût d’une expertise, l’Etat prenant en charge totalement ou partiellem­ent les frais en fonction du niveau de revenu. Interjeter appel d’une décision qui lui est défavorabl­e est donc possible à chacun quel que soit son niveau de revenu pour peu qu’il y ait matière à contester la décision du tribunal. Cela étant, il faut avoir à l’esprit que dans un litige soumis à l’appréciati­on d’un tribunal, la partie condamnée ne peut qu’être mécontente de la décision du magistrat et de l’interventi­on du ou des expert(s) ayant contribué à l’oeuvre de justice. Je conclurai en disant que la charge de votre témoin vis-à-vis du corps expertal constitue un point de vue personnel contenant des qualificat­ions graves qui ne doivent et ne peuvent être portées sans justificat­ions concrètes et précises. En tout état de cause, il convient de traiter le témoignage d’une des parties pour ce qu’il est, c’est-à-dire forcément partial, et de se garder d’en tirer des conclusion­s caricatura­les jetant le discrédit sur l’ensemble des experts de justice, qui s’efforcent, dans leur grande majorité, de remplir leur mission le plus objectivem­ent et le plus justement possible. »

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