PS : parti de soustractions
C’est un ectoplasme politique : une forme floue au contenu évanescent. Une organisation désaffectée, flottant dans des habits trop grands pour elle. Un musée du souvenir. Et pour beaucoup – plus nombreux qu’on ne croit – une mélancolie. Tant de luttes menées en commun, tant de victoires et de défaites, de conflits fratricides et d’arrangements au petit matin. La nostalgie, camarades… Comme ces boxeurs groggy qui se relèvent au gong, le Parti socialiste s’offre le luxe d’une nouvelle bataille de pouvoir, en vue du congrès d’Aubervilliers, qui doit fixer la ligne et désigner les instances dirigeantes. Mais pour diriger quoi ? Abandonné par sa base sociale (, % aux législatives), déserté par les militants (officiellement encartés, plus probablement , dont la moitié vraiment actifs), sans projet, ni stratégie, ni leadership, le PS n’est plus que l’ombre de lui-même. Un parti à la découpe, comme on le dit des immeubles. Hier, il se définissait par ses divisions (les fameux courants), aujourd’hui par ses soustractions. Ceux qui prétendaient l’incarner à la présidentielle ont claqué la porte. Hamon est parti créer une maison rivale, Génération.s. Valls fait antichambre à La République en Marche. Montebourg fait du miel. Peillon a disparu des radars. Reste, au sommet comme à la base, un PS résiduel, le parti de ceux qui n’ont pas été aspirés par les trois « on » : Macron, Mélenchon, Hamon. Ou qui n’ont pas cédé à la tentation de Venise. Najat Vallaud-Belkacem, Didier Guillaume, et même le solide Bernard Cazeneuve que Hollande voulait pousser à la tête du PS, ils sont légion à avoir préféré tourner la page. En toute logique, il faut qu’il en soit ainsi pour qu’une autre puisse s’écrire et que s’ouvre une ère nouvelle. C’est le rêve des rescapés qui se disputent l’héritage empoisonné de Cambadélis. Quatre hommes sans Batho : Stephan Le Foll, Luc Carnouvas, Emmanuel Maurel, et le président du groupe à l’Assemblée, Olivier Faure, qui est donné favori. « Renaissance » est son mot fétiche. Il dit à la fois un constat lucide et une ambition. Disons un défi. Illusoire ? On ne saurait en jurer. Après tout, l’histoire montre que les désastres en politique ne sont pas toujours irrémédiables. C’est sur les ruines de la SFIO et les % de Defferre (en ) que s’est reconstruit le parti d’Epinay et de François Mitterrand. Un tel sursaut est-il encore possible aujourd’hui, alors que la social-démocratie semble partout à bout de souffle, en fin de cycle ? Le congrès d’Aubervilliers peutil donner le départ d’une nouvelle résurrection ? Sans prendre de pari, on notera que, jusqu’ici, les irréductibles de la « vieille maison » sont loin d’avoir montré qu’ils avaient en eux les ressources nécessaires.
« Un Parti socialiste résiduel, le parti de ceux qui n’ont pas été aspirés par les trois “on” : Macron, Mélenchon, Hamon. »