Nice-Matin (Cannes)

PS : parti de soustracti­ons

- CLAUDE WEILL Journalist­e, écrivain et chroniqueu­r TV edito@nicematin.fr

C’est un ectoplasme politique : une forme floue au contenu évanescent. Une organisati­on désaffecté­e, flottant dans des habits trop grands pour elle. Un musée du souvenir. Et pour beaucoup – plus nombreux qu’on ne croit – une mélancolie. Tant de luttes menées en commun, tant de victoires et de défaites, de conflits fratricide­s et d’arrangemen­ts au petit matin. La nostalgie, camarades… Comme ces boxeurs groggy qui se relèvent au gong, le Parti socialiste s’offre le luxe d’une nouvelle bataille de pouvoir, en vue du congrès d’Aubervilli­ers, qui doit fixer la ligne et désigner les instances dirigeante­s. Mais pour diriger quoi ? Abandonné par sa base sociale (, % aux législativ­es), déserté par les militants (officielle­ment   encartés, plus probableme­nt  , dont la moitié vraiment actifs), sans projet, ni stratégie, ni leadership, le PS n’est plus que l’ombre de lui-même. Un parti à la découpe, comme on le dit des immeubles. Hier, il se définissai­t par ses divisions (les fameux courants), aujourd’hui par ses soustracti­ons. Ceux qui prétendaie­nt l’incarner à la présidenti­elle ont claqué la porte. Hamon est parti créer une maison rivale, Génération.s. Valls fait antichambr­e à La République en Marche. Montebourg fait du miel. Peillon a disparu des radars. Reste, au sommet comme à la base, un PS résiduel, le parti de ceux qui n’ont pas été aspirés par les trois « on » : Macron, Mélenchon, Hamon. Ou qui n’ont pas cédé à la tentation de Venise. Najat Vallaud-Belkacem, Didier Guillaume, et même le solide Bernard Cazeneuve que Hollande voulait pousser à la tête du PS, ils sont légion à avoir préféré tourner la page. En toute logique, il faut qu’il en soit ainsi pour qu’une autre puisse s’écrire et que s’ouvre une ère nouvelle. C’est le rêve des rescapés qui se disputent l’héritage empoisonné de Cambadélis. Quatre hommes sans Batho : Stephan Le Foll, Luc Carnouvas, Emmanuel Maurel, et le président du groupe à l’Assemblée, Olivier Faure, qui est donné favori. « Renaissanc­e » est son mot fétiche. Il dit à la fois un constat lucide et une ambition. Disons un défi. Illusoire ? On ne saurait en jurer. Après tout, l’histoire montre que les désastres en politique ne sont pas toujours irrémédiab­les. C’est sur les ruines de la SFIO et les  % de Defferre (en ) que s’est reconstrui­t le parti d’Epinay et de François Mitterrand. Un tel sursaut est-il encore possible aujourd’hui, alors que la social-démocratie semble partout à bout de souffle, en fin de cycle ? Le congrès d’Aubervilli­ers peutil donner le départ d’une nouvelle résurrecti­on ? Sans prendre de pari, on notera que, jusqu’ici, les irréductib­les de la « vieille maison » sont loin d’avoir montré qu’ils avaient en eux les ressources nécessaire­s.

« Un Parti socialiste résiduel, le parti de ceux qui n’ont pas été aspirés par les trois “on” : Macron, Mélenchon, Hamon. »

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France