Don de gamètes: permettre à d’autres de devenir parents Le donneur Secret et anonymat, les deux piliers
Tom et Léa ont la trentaine. Ils sont mariés depuis huit ans. Après leurs noces, ils décident d’avoir des enfants. Mais les mois, les années passent sans que le ventre de Léa ne s’arrondisse. Le couple enchaîne les rendez-vous médicaux avant que le diagnostic, presque le couperet, ne tombe : l’un d’eux est stérile. Peu importe lequel, Tom et Léa n’existent pas, il ne s’agit que d’un exemple, mais ils auraient pu être l’un de ces couples qui, un jour, poussent les portes du Cécos (le Centre d’étude et de conservation des oeufs et du sperme humains) au CHU de Nice. Du fait d’un problème médical, ils ne parviennent pas à avoir d’enfant.
Entretien médical poussé
Une solution leur est pourtant offerte: celle d’avoir recours à un don de gamètes, ovocyte ou sperme, selon le cas. Grâce à cela, ils pourraient se prêter à rêver à une vie à trois. Mais pour qu’elle se réalise, il faut qu’avant une personne ait fait un don. Qui? Comment ? Voici une autre facette de la procréation médicalement assistée. Parlons d’abord des donneuses d’ovocytes. Ce sont des femmes qui ont choisi d’offrir à d’autres l’espoir de devenir mères. Elles sont obligatoirement majeures et ne peuvent être âgées de plus de 37 ans (sans condition d’avoir déjà eu des enfants). Parce que chez la femme, les années passant, la réserve ovarienne se tarit et les risques de malformations sont plus élevés. Le parcours est similaire à celui d’un homme, donneur de sperme. La première étape, c’est une consultation. En principe avec le Dr Marine Quinquin, gynécologue obstétricienne, responsable du don d’ovocytes au Cécos. « Il s’agit d’un entretien médical très précis avec bilan sanguin et enquête génétique. Certaines maladies peuvent être identifiées comme des facteurs de risque ou d’exclusion. Nous avons une grille officielle précise qui nous permet de consigner l’ensemble de ces informations et d’accepter ou non le don. Ce travail consiste à vérifier que la donneuse n’a pas de risque surajouté pour le couple receveur. » L’étape suivante est un rendezvous avec la psychologue (voir encadré). Ensuite, la donneuse doit suivre un protocole de stimulation ovarienne similaire à celui d’une fécondation in vitro, s’étalant sur une dizaine de jours.
Obtenir plusieurs follicules
L’objectif est d’obtenir plusieurs follicules contenant chacun un ovocyte (normalement, il n’y en a qu’un follicule et donc un seul ovocyte par cycle naturel). « Pour offrir une véritable chance au couple receveur, il faut idéalement pouvoir envisager de transférer plusieurs embryons, car un embryon ne donne pas toujours de grossesse », Pendant ce traitement, la donneuse est suivie au Cécos ou par son gynécologue de ville si c’est plus simple pour elle. Des échographies vont permettre d’identifier le moment propice au prélèvement des ovocytes. « Une donneuse n’ayant jamais eu d’enfant a droit à ce qu’une partie des ovocytes soit préservée pour elle s’il y en a suffisamment (car la loi priorise toujours le don). Cependant, très peu de femmes en font la demande, car c’est avant tout une démarche altruiste et non personnelle. » Devenir donneur de gamète est le fruit d’une réflexion longuement mûrie avec en ligne de mire, l’idée «La majorité des donneurs et donneuses du Centre sont issus du don “relationnel”, c’est-à-dire sensibilisés par des amis, un frère, une soeur qui a besoin d’un don, explique le Dr Samir Boukaidi, gynécologue obstétricien, responsable clinique du don de sperme au Cécos. Il est également possible que l’homme ou la femme du couple receveur – celui qui n’a pas de problème de fertilité – fasse un don. Si nous ne devions compter que sur des donneurs spontanés, nous ne disposerions pas de suffisamment de gamètes. Nous avons toujours besoin de donneurs, car un don n’aboutit pas automatiquement à une grossesse.» Précision de taille: les gamètes issus d’un donneur qui est un proche d’un couple receveur ne seront pas attribués à ce couple. C’est d’ailleurs la seule certitude qu’il y a, car tout le reste est strictement explique le Dr Quinquin. anonyme et confidentiel. Les donneurs, hommes et femmes, ne savent pas ni combien de gamètes ont été prélevés, ni combien d’embryons ont été obtenus, et encore moins si des grossesses ont été possibles.
Permettre une ressemblance
Jamais l’enfant né du don ni le donneur(se) ne pourront connaître l’identité de l’autre. Il n’y a aucune exception à cette règle. Par ailleurs, le bébé sera, aux yeux de Un homme qui souhaite faire un don de sperme suit le même parcours qu’une donneuse d’ovocytes. La seule différence, c’est qu’il est pris en charge par la biologiste précise le Dr Stéphanie Lattès : « On procède de la même manière en ce qui concerne le premier rendez-vous : consultation avec enquête génétique, bilan sanguin, rendez-vous avec la psychologue, puis les recueils sont planifiés. » Ils sont par nature beaucoup plus faciles à réaliser et l’homme procède au don sur place. Trois à quatre recueils seront nécessaires pour constituer un stock de paillettes suffisant. Ensuite, le Cécos a l’obligation de suivre le nombre de naissances issues du don : il ne peut y en avoir plus de par donneur. Cependant ce chiffre n’est quasiment jamais atteint.
que cela aidera un couple qui désire ardemment un enfant. Vousenvisagezdefaireundondespermeoud’ovocytes, vous pouvez contacter le Cécos au 04.92.03.64.03. Il est situé à l’hôpital l’Archet II (151 route de SaintAntoine-de-Ginestière) à Nice). Renseignements par mail à centredereproduction@chu-nice.fr Une conférence-débat ouverte à tous aura lieu le février de h à h au CUM de Nice sur la thématique de la PMA, dans le cadre des états généraux de la bioéthique. la loi, l’enfant du couple receveur sans que personne ne puisse le remettre en question – même en se basant sur une recherche de filiation par ADN. Par ailleurs, le sperme ou les ovocytes bénéficieront à un(e) receveur(se) dont les caractéristiques physiques globales (ethnie, couleur des yeux, des cheveux, de la peau, etc.) seront les plus proches possibles de celles du donneur. L’objectif est de permettre une ressemblance avec le parent receveur, ce qui représente un facteur d’identification dans la filiation. Problème, le Cécos n’a que peu de donneurs d’origines ethniques autres que caucasienne. De ce fait, un homme ou une femme par exemple asiatique ou noir a nettement moins de chance de bénéficier d’un don, faute de donneur compatible, ce qui rallonge les délais.