Quand le patron mouille la combinaison...
Pendant que les as du volant cravachent leur cavalerie, flirtent avec la limite, entre rochers et fossés, lui, il tient les commandes du Rallye Monte-Carlo. En relation constante avec Alain Pallanca, le directeur de course, et Jean-Luc Vieilleville, le responsable sécurité public de l’Automobile Club de Monaco, Christian Tornatore veille à ce que la manche d’ouverture du championnat du monde tourne à plein régime, sans le moindre raté. Sa tâche d’organisateur commence bien avant le départ. Quelques semaines après l’arrivée de l’édition précédente, en fait... Le mois dernier, elle s’est vue enrichie d’une nouvelle expérience : un tour de manège dans le baquet de droite de la C3 WRC pilotée par Kris Meeke. « Il s’agit d’une initiative de Michèle Mouton », explique de directeur de l’épreuve. « Lors des essais privés organisés avant chaque manche, plusieurs membres de l’organisation sont conviés à monter à bord d’une voiture. Là, c’est l’équipe Citroën qui a été nominée pour nous accueillir. » « Il me semble important que les maîtres d’oeuvre des treize rallyes inscrits au calendrier 2018 puissent mesurer les performances, le potentiel, des WRC actuelles », précise la vice-championne du monde 1982, à présent déléguée sécurité de la Fédération Internationale de l’Automobile (FIA). « Quand vous tracez un parcours, plusieurs paramètres entrent en ligne de compte pour déterminer le choix des épreuves spéciales. Un tel roulage permet de réaliser à quel point les voitures vont vite. On visualise mieux les risques, les endroits dangereux, donc ça peut influencer certaines priorités. Les quatre constructeurs engagés l’ont bien compris. Tous jouent le jeu. »
Surtout surpris par « la violence du freinage »
Voilà donc pourquoi le patron du « Monté » a mouillé la combinaison au côté du pilote de pointe britannique des chevrons, un beau matin de décembre, près de Saint-Andréde-Rosans (Hautes-Alpes). «Onest heureux de prendre place à bord... et encore plus content de remettre pied à terre après six allers et retours », raconte le commissaire général de l’ACM. « Sur une route humide, sale, avec un mercure plafonnant à 3 degrés, le rythme allait crescendo. Plus que la puissance du moteur, j’ai été surpris par la violence du freinage. Impressionnant. Dompter ces machines constitue un exercice sacrément difficile, surtout lors des longues ES. Je me demande comment font les copilotes pour supporter une telle tempête. Moi, je regardais le paysage. Eux n’aperçoivent jamais la route ! Quant au pilote, il faut le voir pour le croire. Les mains sur le volant, les pieds sur les pédales, chaque geste est précis. On se rend vraiment compte que ce sont des gens à part. Pas des extraterrestres, mais de grands professionnels. Des artistes. Je leur tire mon chapeau. » Au-delà du frisson, Christian Tornatore reconnaît l’utilité d’une telle immersion. « Trois de mes proches collaborateurs ont aussi vécu ce moment « inside ». Oui, en effet, ça nous a éclairés sur la façon de positionner le public. Nul doute que nous penserons les épreuves spéciales différemment à l’avenir. »