Quinze ans de réclusion pour heures d’épouvante à Saint-Laurent
Roger Lévy a été unanimement décrit pendant trois jours comme « menteur », « immature »et« hâbleur ». Difficile dès lors de convaincre la Cour d’assises des Alpes-Maritimes de sa sincérité. Jusqu’aux derniers instants des débats, l’accusé a juré qu’il n’avait jamais voulu tuer Valérie, dans la nuit du 22 au 23 mai 2015 à SaintLaurent-du-Var. « Je ne suis pas un criminel, je ne suis pas un assassin », a-t-il rappelé, tout en demandant pardon à celle qu’il a failli tuer. La Cour d’assises ne l’a pas cru et l’a condamné vendredi soir à quinze ans de réclusion pour « tentative d’assassinat ».
«Odeàlamort»
Depuis le début de son procès, l’accusé est calamiteux. « Je ne suis pas sûr de vous rendre service en vous laissant parler », lui a même fait remarquer le président Patrick Véron. Sur le banc des parties civiles, Valérie ne sait plus si elle doit en rire ou en pleurer. Frappée à toute volée au point d’être couverte de sang, d’avoir le cuir chevelu en lambeau, elle est restée plusieurs heures agonisante. « Un geste criminel soigneusement préparé », souligne son conseil Me Caroline Gatto qui dénonce « une ode à la mort » et non « une ode à l’amour ». Humilié d’avoir été quitté, Roger Lévy l’avait longuement attendue et guettée. Il l’a laissée ensuite quatre heures à l’arrière d’une Twingo, parfois inconsciente, roulant jusqu’à Gréolières, prétextant s’être perdu... L’avocat général Valérie Tallone s’attache à son tour à démontrer « la volonté de tuer » de l’accusé qui « met son plan à exécution ». « Avec un bonnet, pour se ménager un effet de surprise, une corde, un couteau et un rouleau à pâtisserie. » S’il finit par déposer sa victime aux urgences de l’institut Tzanck, c’est uniquement « parce qu’elle lui promet de le dédouaner », rappelle le magistrat de l’accusation. A l’annonce des « quinze ans de réclusion » requis par l’avocat général, l’accusé, épaules rentrées, se cache les yeux de dépit.
Traité de minable
« J’ai pris le parti de condamner M. Lévy au silence » ,annonce Me Michel Cardix au moment de défendre son client. Le pénaliste étaye sa plaidoirie des seules déclarations des parties civiles pour donner du poids à son propos. Le pénaliste espère une requalification des faits « en violences volontaires » qui limiterait la peine à dix ans de prison : « Roger Levy avait une corde, un couteau. Il a pris la résolution de frapper Valérie, de lui faire du mal. S’il avait décidé de lui ôter la vie, il aurait continué à la rouer de coups, il aurait pu sortir sa corde, son couteau ou l’abandonner. » Tel un judoka, Me Cardix a l’art d’utiliser les arguments chocs de l’accusation pour mieux les retourner en sa faveur. La défense n’élude rien. Pas même cet interminable périple en voiture qui s’apparente à un film d’horreur. « Quatre heures c’est très long, concède Me Cardix. Quatre heures d’épouvante, de supplice, d’angoisse, mais quatre heures qui démontrent l’absence d’intention homicide. » L’accusation avait insisté le matin même sur une première scène de violence, deux semaines avant le drame. La défense s’en sert à son tour pour rappeler que ce jour-là, Valérie avait giflé Roger Lévy, l’avait traité de « minable ».« Il s’est senti humilié », insiste l’avocat qui s’appuie sur les conclusions d’un psychiatre pour démontrer que Lévy ne constitue plus un risque ni pour son ex-compagne ni pour la société. Si brillante soit-elle, la plaidoirie de Me Cardix n’a pas fait oublier à la Cour et aux jurés le cauchemar de Valérie, en larmes à l’énoncé du verdict.