La carrière désaffectée devient un camping, des années à
Une fois achevé le chantier du port de Monaco, le Cap Ferrat s’est retrouvé avec sa carrière béante au niveau de la baie de Lilong. Qu’allait-on faire de ce site ? Il resta inoccupé pendant un demi-siècle, jusqu’à ce qu’en un terrain de camping fût installé. Il fut l’un des plus importants et prospères de la Côte et exista jusque dans les années , laissant place au vide que l’on connaît aujourd’hui, avec ses pans de colline déchirés. Vers la fin des années soixante, a surgi un projet de construction d’une marina, composée de plusieurs immeubles épousant la courbure du rivage, à l’instar de la célèbre Marina-Baie-des-Anges Les roches de pierre de taille sont chargées au moyen de grues à vapeur sur les wagons qui les amènent sur les chalands. Les chalands sont remorqués jusqu’à Monaco. Là, ils sont déversés par trente mètres de fond, les chalands s’inclinant à la limite du naufrage. Les premiers rochers sont immergés le 1er mars 1902. L’événement est célébré dans la Principauté. Dans les ateliers de la carrière du Cap Ferrat, les pierres de qualité inférieure sont enrobées de béton, constituées en blocs parallélépipédiques et, après quatre mois de séchage, poussées sur des plans inclinés pour être chargées sur les bateaux. Sur toutes les extractions de pierres, la commune de Saint-JeanCap-Ferrat touche une taxe, de 0,25 à 1 franc par mètre cube suivant la qualité de la pierre.
L’ouragan de détruit la zone de chargement
Toute une vie ouvrière s’organisa pendant plusieurs années sur le chantier de la carrière. Il faisait chaud. Lorsqu’ils avaient quitté leur tenue de travail, les ouvriers se baignaient nus. Cela ne plut pas aux quelques habitants de Saint-Jean qui portèrent plainte auprès du maire nouvellement élu en 1904, Daniel Chonneaux. Quelques jours plus tard, un arrêté municipal interdisait toute baignade « sans caleçon réglementaire ». Les travaux allaient bon train. Peu à peu, l’extrémité de la baie de Monaco se comblait. En 1907, le prince à proximité d’Antibes. Ce projet bétonnier n’a finalement pas été réalisé. Toutes les municipalités Albert Ier se rendit en personne au Cap Ferrat, sur le lieu de la carrière, et offrit un banquet aux ouvriers. C’est en 1911 que la catastrophe se produisit. Un ouragan imprévu se déchaîna sur la Côte d’Azur et dévasta la région en quelques heures, ainsi que le raconte Didier Gayraud dans son Histoire de Saint-Jean-CapFerrat. La tempête frappa Saint-Jean. Les sept chalands transporteurs de pierres rompirent leurs amarres et coulèrent à pic. Une vague de cinq mètres de haut attaqua la principale structure de chargement qui culminait à 70 mètres et était en forme de Y. Elle s’effondra, entraînant dans sa chute les deux grues à vapeur de dix et vingt tonnes, ainsi que les rails. En plus de cela, un bateau scaphandre, une pompe à vapeur, trois estacades, une jetée et plusieurs wagons furent détruits. Le préjudice En dehors du « Port Hercule », construit dans la baie de Monaco, qui fait l’objet de notre récit, la principauté de Monaco compte un second port, totalement artificiel celui-ci, construit à l’ouest du Rocher à partir de l’année en même temps que le quartier de Fontvielle, dont les dix-sept hectares ont été entièrement gagnés sur la mer, nécessitant sept millions de mètres cubes de remblai. successives se sont penchées sur la réhabilitation de ce site, comme l’explique Lucien Richieri, conseiller municipal. Mais aucune n’a trouvé la solution. D’autant que le terrain demeure privé, empêchant tout aménagement public, et que la loi Littoral, datant de , empêche désormais toute possibilité de construction. Le lieu restera encore longtemps en l’état, suscitant plein de questions de la part des promeneurs qui font le tour du Cap, gardant au creux de ses rochers blancs le secret des travaux herculéens qui y ont pris naissance au début du XXe siècle et ont permis la construction du port de Monaco. fut estimé à 400 000 francs de l’époque. L’assurance ne couvrait pas ce type de risque. Mais il n’y avait pas d’autre solution que de reconstruire le chantier. De nouveaux fonds considérables furent investis dans cette reconstruction. Elle prit plusieurs mois. Puis, le chantier reprit. Il dura jusqu’en la fatidique année de 1914 où ce n’est plus un ouragan qui dévasta l’Europe, mais la Première Guerre mondiale. Au moment où démarra le conflit, toutes les pierres nécessaires à la construction du port avaient fini par être amenées en Principauté. Les travaux, à Monaco, durèrent encore plus de dix ans. Ils furent achevés en 1926. Le port s’appelle Port Hercule. Les travaux qui ont été accomplis au départ du Cap Ferrat justifient largement ce nom. En , le hameau de Saint-Jean se sépare de Villefranche-sur-Mer et devient une commune à part entière. D’abord dénommée Saint-Jean-sur-Mer, elle prendra le nom de Saint-Jean-Cap-Ferrat en . Commence alors la construction des premières villas de milliardaires : la villa « Les Cèdres » du roi Léopold II de Belgique ; la villa « Les Bruyères », du duc de Connaught en ; la villa « Île-de-France » de la baronne Ephrussi de Rothschild en ; la villa « Fiorentina » en , qui abrita un temps l’écrivain d’Annunzio ; le château Singer, en , appartenant au fils du magnat des machines à coudre, etc.
célèbre palace du Cap Ferrat, portant le nom de Grand Hôtel. Dès le début, il fut fréquenté par une clientèle fortunée, aristocratique, et par des têtes couronnées. La reine Victoria, la princesse Louise, le duc de Connaught, le président de la République PauleDeschanel, ainsi que maints hommes politiques de la III République, la pianiste Marguerite Long, le violoniste Jacques Thibaud, le chanteur Chaliapine, les acteurs Charles Boyer et Charlie Chaplin, l’écrivain Sommerset Maugham et tant d’autres s’y succédèrent.