Nice-Matin (Cannes)

A vendre : la première affiche de cinéma

Avec elle, est né le 7e art. L’affiche des premières séances du cinématogr­aphe créé par les frères Lumière est mise aux enchères à Nice.

-

Cinéphiles et collection­neurs vont avoir des étoiles plein les yeux. Le 31 janvier, la maison Million Riviera à Nice propose un lot unique à la vente : la toute première affiche de cinéma. Ou plus précisémen­t, l’affiche publicitai­re des premières séances publiques du cinématogr­aphe, inventé par Louis et Auguste Lumière. « Cette affiche est extrêmemen­t rare, il n’y en a que quelques exemplaire­s dans le monde », précise Frédéric Lozado, expert de la vente. Estimée à seulement 1 000/2 000 euros, la compositio­n colorée dessinée par le peintre Henri Brispot pourrait bien créer la surprise lors des enchères. « Un exemplaire identique a déjà été vendu à 25 000 euros », souligne l’expert. C’est le 28 décembre 1895 que se déroule la première représenta­tion cinématogr­aphique de l’histoire. Après avoir essuyé plusieurs refus de la part d’établissem­ents prestigieu­x, les frères Lumière ont fini par trouver l’endroit idéal pour dévoiler leur invention au public : le Salon Indien du Grand Café à Paris, au 14 boulevard des Capucines. A tout juste un franc la séance, seuls 35 spectateur­s assistent à cette projection historique. En tout, dix films de moins d’une minute chacun leur sont présentés. La sortie des ouvriers de l’usine Lumière à Lyon, le tout premier film jamais réalisé, La Voltige, Une Pêche aux poissons rouges, La Mer… aujourd’hui célèbres. Il faudra attendre quelques semaines encore avant que le public ne découvre L’arrivée d’un train en gare de La Ciotat, le plus célèbre film des frères Lumière. Si aucun journalist­e ne s’est déplacé pour l’occasion, une célébrité est présente dans le public : le prestidigi­tateur et futur cinéaste, Georges Méliès, qui déclarera : « A ce spectacle, nous restâmes tous bouche bée, frappés de stupeur, surpris au-delà de toute expression. A la fin de la représenta­tion, c’était du délire, chacun se demandait comment on avait pu obtenir pareil résultat. » Les jours suivants, le bouche-à-oreille fait son oeuvre, et des centaines de badauds arrivent devant le Grand Café pour découvrir cette incroyable nouveauté. Dès la mi-janvier 1896, ils sont jusqu’à 2500 spectateur­s par jour ! Éditée en janvier 1896, l’affiche proposée à la vente dévoile cette foule dense et hétéroclit­e se presser à la porte du Salon Indien du Grand Café. Au premier plan, un prêtre tente de se frayer un passage, stoppé dans son élan par un sergent de ville moustachu. En haut de l’affiche, une simple inscriptio­n : Cinématogr­aphe Lumière. Aucun titre de film n’est mentionné, à l’époque, le public assistait en effet avant tout à un spectacle, et n’allait pas voir un film précis. En parallèle de ce lot phare, plus de 2000 affiches sont proposées à la vente les 31 janvier, 1 et 2 février par Millon Riviera. Images du début du XXe siècle, affiches de stars ou de films, de compagnies aériennes, affiches régionales dont une ancienne représenta­tion de la Réserve de Nice, affiche de Marc Chagall signée par le maître… de quoi dénicher la compositio­n rare.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France