XVIIe : Colbert fait construire le premier hôpital à Saint-Mandrier
L’hôpital de la presqu’île de Saint-Mandrier, dont la visite a impressionné Gustave Flaubert, a été construit en . Mais le premier hôpital maritime - destiné aux personnels de la Marine remontait à , lorsque Colbert fit installer un établissement hospitalier et religieux destiné a ux marins revenant d’expéditions lointaines, qui y seraient soignés ou mis en quarantaine. Pendant le siège de Toulon de , l’hôpital reçut de nombreux blessés français, car la presqu’île n’était pas occupée par les Anglais. De même, lors du siège de , l’hôpital servit à l’accueil des blessés après le départ des Anglais et la récupération de Toulon par l’armée française. En , la construction des nouveaux bâtiments fut économique, puisque confiée aux bagnards de Toulon. On estime que la chapelle décrite par Flaubert a nécessité le travail
Voici à présent Flaubert à l’hôpital de Saint-Mandrier (lire ci-dessus) :« On m’y a fait visiter une église toute neuve, bâtie par les forçats. J’ai admiré le coup de génie qui a fait construire un temple à Dieu par la main des assassins et des voleurs. Il est vrai que ça n’a rien coûté. Il est impossible, sinon absurde, d’y dire la messe : la forme ronde de cette bâtisse a contraint à placer l’autel sur un des points de la circonférence de sorte qu’il est impossible que les fidèles puissent voir le prêtre. Je crois, au reste, que les fidèles qui viennent là y sont peu sensibles ; s’ils trempent les mains dans le bénitier placé à l’entrée, ce n’est uniquement que pour se les laver ! »
« Du jasmin qui embaume » près de l’hôpital Chalucet
Retour à Toulon pour la visite du Jardin botanique, qui, à l’époque, se trouvait à côté de l’hôpital Chalucet, lequel était situé à l’ouest de la gare dans ce quartier qui est, aujourd’hui, en cours de rénovation, et dont reste la chapelle de l’hôpital. « Il y a là des roseaux de l’Inde à forme étrange, décrit Flaubert, et des bananiers, des agaves, des myrtes encore, des cactus, toutes ces belles plantes des contrées inconnues, sous lesquelles les tigres bondissent, les serpents s’enroulent, où les oiseaux bigarrés perchent et se mettent à chanter… Il fait frais sous les arbres et chaud au soleil, le vent agite le branchage sur le treillis. Il y a du jasmin qui embaume, de six cents bagnards entre et . Elle a été bâtie sur les plans de l’ingénieur maritime Honoré Bernard, en forme circulaire, à la place d’une ancienne citerne souterraine destinée à alimenter l’hôpital en eau potable. Elle est entourée de colonnes à chapiteaux au long du cercle extérieur. Elle est classée Monument historique. En , l’hôpital Sainte-Anne de Toulon, dont l’inauguration remonte au er septembre , est agrandi en des chèvrefeuilles, des fleurs dont je ne sais pas le nom, mais qui font qu’en les respirant on se sent le coeur faible et tout prêt à aimer; des nénuphars sont étendus dans les sources, avec des roseaux qui s’épanchent de tous côtés... Les rameaux du haut retombaient en gerbes avec des courbes douces et molles, ce mistral qui soufflait en haut les poussait les unes sur les autres en leur faisant faire un bruit qui n’est point de nos pays, le tronc restait calme et immobile, comme une femme dont les cheveux seuls remuent au vent. » Le Jardin botanique existera jusqu’à l’agrandissement de Toulon, lancé en 1852 par Napoléon III. Il sera alors transféré sur la presqu’île de Saint-Mandrier, mais beaucoup d’arbres ne survivront pas à la transplantation. Le Jardin botanique de Toulon, qui a été par la suite transféré à SaintMandrier (photo), fut créé en par la Marine à côté de l’hôpital Chalucet comme annexe de l’École de Médecine Navale, dans le but de former des chirurgiens destinés à opérer lors de campagnes lointaines. On y fit en particulier pousser des graines et essences à vertu médicinale ramenées par les marins de leurs voyages exotiques. vue de la suppression de l’hôpital de Saint-Mandrier. Les bâtiments de la presqu’île de Saint-Mandrier, toujours propriété de la Marine Nationale, sont occupés aujourd’hui par le Pôle Écoles Méditerranée(PEM), centre d’instruction de la Marine sur les systèmes de combat aéromaritimes, les technologies dans la lutte contre les sinistres et l’entraînement à la plongée.
C’est sur la visite du Jardin botanique que s’acheva le premier voyage de Flaubert à Toulon.
Un dernier séjour en
Le second eut lieu en 1845, à l’occasion du voyage de noces de sa soeur cadette, Caroline - la soeur bien aimée, la confidente. Toute la famille avait en effet décidé de les accompagner jusqu’à Gênes puis de les laisser poursuivre seuls leur voyage de noces jusqu’à Rome. Mais le périple se passa mal. Caroline et son père tombèrent malade. Quant à Gustave, il fut en proie à des crises de nerfs. Toute la famille s’installa le 16 avril 1845 dans un hôtel de la place du Foin à Toulon. Cet hôtel ressemblait à s’y méprendre à l’hôtel Richelieu où Flaubert avait effectué son premier séjour à Marseille. L’écrivain fut assailli par les souvenirs. Lettre à l’un de ses amis, Louis Bouilhet : « J’avais devant mon hôtel les mêmes arbres et la même fontaine, qui coulait de même et faisait la nuit, son même bruit d’eau tranquille… Il est 11 heures du soir, j’entends le jet d’eau qui retombe dans la vasque de la cour. Cela me rappelle le bruit de la fontaine à Marseille de l’hôtel Richelieu, quand je baisais cette bonne Madame Foucault de Langlade ». La suite fut beaucoup plus triste. Le père de Flaubert et Caroline mourront tous deux en 1846. Flaubert ne reviendra plus à Toulon.
A la suite de la révolution de , Charles X est condamné à l’exil. La Monarchie de Juillet s’installe avec Louis-Philippe, qui ne s’appelle plus « roi de France », mais «roi des Français». Les royalistes se divisent entre « légitimistes», partisans de Charles X, et «non légitimistes ». Le maire de Toulon, le colonel Girard, fait allégeance à Louis-Philippe. Au milieu des années , ont lieu d’importants troubles sociaux, qui aboutiront aux révoltes ouvrières de . En a lieu la première grande grève de l’arsenal de Toulon. Les manifestations de , en France et dans le Var en particulier, viennent à bout de la royauté. Le février, le roi Louis-Philippe abdique, ouvrant la place à la IIe République. Louis-Napoléon Bonaparte (photo ci-contre) est élu président. En , celui-ci se déplace à Toulon et lance les grands travaux d’urbanisation de la ville, préparant l’arrivée du train pour . Il prend aussi une décision lourde de conséquence pour l’histoire de Toulon : la fermeture du bagne. A la suite du coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte du décembre , dans le but de devenir empereur, le Var se soulève, les troupes insurgées sont dispersées par l’armée. L’un des événements les plus importants du Second Empire dans notre région sera le rattachement du comté de Nice à la France en . Le département du Var sera amputé de sa partie la plus orientale, constituant l’arrondissement de Grasse dans le nouveau département des Alpes-Maritimes. A la suite de la débâcle de la Guerre de et l’abdication de Napoléon III, la IIIe République se met en place dans des conditions chaotiques. Toutes les administrations du Var sont réorganisées, sous la direction du nouveau préfet Paul Cotte (photo ci-contre). Noël Blache devient maire de Toulon. Garibaldi milite pour le retour de Nice à l’Italie. Les idées républicaines se répandent sur la région, concrétisées par l’élection à Toulon de Dutasta, l’un des maires les plus emblématiques de la République. Gustave Flaubert meurt le mai , sous la présidence de Jules Grévy, à l’époque des grandes réformes de Jules Ferry sur l’Éducation nationale.