Nice-Matin (Cannes)

Mission commando

Près de deux cents salariés de l’entreprise de Sophia Antipolis sont partis manifester devant le siège de Nestlé au bord du lac Leman. Ils ont également rencontré la direction du groupe

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Les employés du site de Sophia Antipolis ont manifesté, hier, devant le siège de Nestlé au bord du lac Léman. Les dirigeants leur ont assuré avoir reçu plusieurs offres de repreneurs. Le combat se poursuit.

Nestlé, la science du licencieme­nt. » Le refrain résonne depuis le mois de septembre dans leur tête et l’annonce de la fermeture prochaine du centre de recherche et de développem­ent en dermatolog­ie Galderma, installé sur la partie biotoise de Sophia Antipolis, reste pour l’heure un coup de massue dont ils ont bien du mal à se remettre. Après cinq mois de combat, les 550 salariés dont l’emploi est directemen­t menacé ne lâchent pourtant toujours pas le morceau. Bien au contraire. Après avoir manifesté le 9 novembre dernier au sein de la technopole azuréenne, près de deux cents d’entre eux sont partis jeudi soir en bus. Direction la Suisse, et plus précisémen­t le siège social de Nestlé, à Vevey. Pour exprimer, une nouvelle fois, leur colère et leur incompréhe­nsion face à une stratégie économique qui inscrit leur avenir en pointillés. « Venir manifester ici, c’est d’abord symbolique, témoigne Fabrice, 52 ans, technicien de laboratoir­e. Nestlé a déjà pris sa décision de fermer le site de Galderma. Ils ne feront pas marche arrière. C’est une habitude chez eux de sacrifier des entreprise­s comme Galderma, qui existe depuis 40 ans. Et ce malgré un travail d’excellence. Et ça, c’est très difficile à vivre pour nous. »

Haka face à la direction et flashmob millimétré

Pancarte à la main, gilet jaune fluo sur le dos et des slogans plein la tête, ils ont enchaîné les actions spectacula­ires, hier, durant toute la matinée. Malgré le trajet et les 10 heures de route. «Nestlé doit prendre conscience de sa décision et proposer à l’intégralit­é des salariés un plan décent, s’emporte Jean-Luc, 53 ans, qualiticie­n. Et on se battra jusqu’au bout pour obtenir des conditions de sortie dignes et respectueu­ses. » Pour Fabienne, formulatri­ce de 49 ans, le groupe auquel appartient Galderma « se moque de nous. À mon âge, c’est très compliqué de rebondir, qui plus est dans notre secteur d’activité. Nous sommes écoeurés ». Motivés comme jamais, les salariés ont notamment remis le couvert avec de nouveaux hakas néozélanda­is, hier. Et une petite nouveauté : un flashmob exécuté avec une énergie incroyable, surtout après le périple qui a précédé la journée et le manque de sommeil que chacun accuse. « La première manifestat­ion a fait bouger les lignes, assure Fouad Ziani, 35 ans, pharmacien et membre du syndicat CFDT. Ici, nous voulons continuer et toucher encore plus de monde. Nous restons unis. Deux cents personnes, de Biot à Vevey, ce n’est pas rien. Et nous sommes tous là parce qu’un grand sentiment d’injustice prime toujours. »

« Nestlé est une société qui fait des bénéfices »

Sur place, les employés de Gal der ma ont été rejoints par une poignée de locaux venus les soutenir. Comme Marc Berthol et, enseignant: « Je suis là parce que je suis un citoyen suisse conscient du fait que Vevey abrite une grande multinatio­nale de l’ agroalimen­taire. Nestlé est une société qui fait des bénéfices et qui tire profit de l’exploitati­on de ses salariés à travers le monde.» À 10 heures, Nathalie Strauss, déléguée CFDT de Galderma, accompagné­e d’autres représenta­nts des salariés, s’est entretenue avec la direction du groupe helvète (lire ci-dessous) .Et notamment le responsabl­e des ressources humaines de Nestlé Europe, Alfredo Silva, sorti en personne à la rencontre des salariés pour les remercier «de leur visite, malgré votre fatigue. Nous sommes conscients que votre situation est très difficile à vivre. Nous allons faire tout notre possible. Je comprends votre action».

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 ??  ?? Haka, clapping, film, mannequin challenge... Les salariés de Galderma enchaînent les actions insolites pour sauver leurs emplois.
Haka, clapping, film, mannequin challenge... Les salariés de Galderma enchaînent les actions insolites pour sauver leurs emplois.

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