Nice-Matin (Cannes)

« Donner les clés d’une consommati­on raisonnabl­e »

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On distingue ainsi plusieurs types de consommate­urs. Celui qui va juste « tester » : «Sicela reste une expériment­ation occasionne­lle, il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Les ados vont boire par jeu, pour affirmer qu’ils sont devenus adultes et donc qu’ils font des “trucs d’adultes”.» Là où le bât blesse, c’est lorsqu’il s’agit d’une personne fragile, vulnérable, pour qui

Dr Faredj Cherikh

Chef du service d’addictolog­ie au CHU de Nice

chaque semaine. Les parents ont ici une place à prendre. Ils doivent faire preuve d’autorité et donner un cadre à leurs enfants qui ne cherchent ni plus ni moins que leurs propres limites. Lucide, le Dr Cherikh constate qu’« on ne peut pas empêcher un jeune de boire. Il problème à partir du moment où une personne – quel que soit son âge – ne parvient pas à s’arrêter de boire. Il peut s’agir par exemple de quelqu’un qui ne boit jamais pendant la semaine mais qui, le samedi soir, sera incapable de se contenter d’un verre et va s’enivrer, parfois en prenant des drogues pour “tenir le coup” toute la soirée. Avec tous les risques que cela comporte. »

Mal-être sous-jacent

Car à l’ivresse s’ajoutent souvent des comporteme­nts à risques : des relations sexuelles non consenties, souvent sans protection, mais aussi d’autres violences. Les « bitures » hebdomadai­res pèsent aussi sur les résultats scolaires. Le risque de décrochage est grand. « Les adolescent­s connaissan­t mal leurs limites peuvent se retrouver, des lendemains d’ivresse, face à de véritables black-out, note le Dr Cherikh. Ils ne savent plus du tout ce qu’ils ont fait et ont eu des comporteme­nts dont ils ne pensaient pas être capables. » La consommati­on excessive d’alcool doit être vue comme un signal. « Un jeune qui boit beaucoup et régulièrem­ent peut trouver dans l’alcool un refuge. Cela montre qu’il a des soucis non résolus. Un ado introverti va peut-être chercher un effet désinhibit­eur tandis qu’un autre, sûr de lui, voire excentriqu­e, va vouloir sentir l’excitation. À chaque fois, on peut s’interroger sur le mal-être sous-jacent. » Il n’y a donc pas de profil type, pas de sujet plus à même de tomber dans l’alcoolisme. Mais l’éducation, que ce soit celle des parents ou reçue à l’école, va permettre de prévenir certains comporteme­nts à risque. Ainsi, le dialogue doit rester ouvert et s’il ne suffit pas, il faut alors pousser la porte d’un spécialist­e, qu’il soit médecin, psychologu­e…

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(Photo Philippe Arnassan) Le Dr Xavier Pommereau est spécialist­e de l’adolescenc­e.

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