Nice-Matin (Cannes)

« Tout ce que l’on sait, c’est ce qu’a raconté Spaggiari »

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Me Jacques Peyrat, ancien maire de Nice (1995-2008), fut l’avocat d’Albert Spaggiari. Contacté hier par Nice-Matin, il livre sa version.

Ce “Amigo”, qui ne serait autre que Jacques Cassandri, dirait-il la vérité sur le « casse de Nice » ?

Il raconte des conneries. Je ne connais pas Jacques Cassandri. J’ai lu dans Nice-Matin, en son temps, ce qu’il prétendait. Mais je vous rappelle que nous ne savons rien du casse de Nice. Tout ce que l’on sait, c’est ce que Spaggiari nous en a raconté. C’est extraordin­aire !

Mais la justice a jugé les faits, malgré la cavale de Spaggiari...

La cour d’assises a relaxé celui qui était considéré comme le numéro  après Spaggiari. Seuls des troisième ou quatrième couteaux ont été condamnés, et ils n’en savaient rien. La vérité, on ne la connaît que des aveux d’Albert, recueillis entre  h et  h du matin par les services d’enquête. Aveux confirmés durant quatre mois devant le juge d’instructio­n. Je le sais, j’étais présent à ses côtés.

Pourquoi êtes-vous persuadé que Spaggiari a dit la vérité ?

Albert a toujours été très clair. Il disait : “Je reconnais ce que j’ai fait, mais je ne vous donnerai aucun nom.” D’où un problème. Ou alors Albert ment et n’était qu’un pâle figurant – dans ce cas, qui étaitce ? Soit on reconnaît qu’il est l’un des auteurs, voire l’instigateu­r, ce que peut laisser présager son passé de combattant en Indochine. Cette technique de termites, il l’a apprise des Viets qui vivaient sous le sol. Seul un mineur du Pas-de-Calais ou un parachutis­te de l’Indochine pouvait penser à creuser un tel tunnel. Et puis il y a ces détails que m’a confiés Albert, que je ne peux divulguer, mais que recoupent des éléments objectifs d’enquête.

Spaggiari a-t-il pu fanfaronne­r ou exagérer son propre rôle ?

Je ne le crois pas. Il n’était pas un fanfaron. Il n’inventait pas. La différence, c’est qu’Albert n’était pas un voyou, mais un homme d’honneur ! La phrase “Sans arme, sans violence et sans haine”, c’est bien lui qui l’a trouvée : s’il prenait cet argent, c’était pour aider les différents nationalis­tes engagés dans leur propre pays.

Ce procès peut-il apporter un éclairage nouveau sur l’affaire ?

Ce sont des billevesée­s. Que M. Cassandri ait été dans cette bande-là, c’est possible. Qu’il y ait une rivalité entre Spaggiari et les autres, aussi. Il doit râler de voir que Spaggiari s’en soit attiré tout le bénéfice. Mais maintenant, c’est trop tard pour juger. La justice a la mémoire longue, mais l’Homme a la mémoire courte...

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Me Jacques Peyrat fut l’avocat de Spaggiari. (Photo doc J.-S. G.-A.)

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