Nice-Matin (Cannes)

Plan d’Aups : quatre jours après, les secours toujours mobilisés pour Aurélie

- GUILLAUME JAMET gjamet@varmatin.com

Le dispositif s’est peu à peu mis en place de manière spontanée. Depuis mardi, des dizaines de personnes, profession­nels et bénévoles, sont à la recherche d’Aurélie El Khoury, une Nansaise de 39 ans. La jeune mère de famille avait annoncé à ses proches qu’elle partait pour une balade dans le massif de la Sainte-Baume, qu’elle connaît très bien. Son véhicule a été retrouvé là où Aurélie le gare habituelle­ment : au parking des « Trois chênes », au départ d’un des chemins qui montent à la grotte sanctuaire et au Saint-Pilon, la chapelle posée sur la crête.

Cartograph­ie en temps quasi réel

Ce samedi matin, le rendezvous des bénévoles était une nouvelle fois fixé à l’hostelleri­e de la Sainte-Baume. Là, sur la mezzanine de la brasserie, on trouve le bureau centralisa­teur, qui coordonne les recherches. Au fond, Frédéric Portalier travaille sur un ordinateur portable. Cet ancien du Grimp

(1) met ses compétence­s de cartograph­e au service des recherches, traçant les zones déjà parcourues, pointant les puits, trous et zones dangereuse­s restant à explorer. Il utilise notamment les « traces » GPS enregistré­es sur les appareils de randonneur­s pour établir la liste des zones parcourues. De l’autre côté de la mezzanine, on note, sur un tableau, les noms de ceux qui se présentent spontanéme­nt pour proposer leur aide. « Hier, vendredi, ils étaient près de 120. Aujourd’hui, on approche les 160. Les gens arrivent d’un peu partout, la plupart après avoir vu les appels sur les réseaux sociaux », explique

(2) Frédéric. Les recherches sont maintenant effectuées dans le cadre d’une opération de gendarmeri­e. Les enquêteurs ont, depuis ce samedi, fait appel aux sapeurs-pompiers. Le Grimp est ainsi chargé d’aller explorer les zones les plus inaccessib­les, des promontoir­es rocheux et les failles qui parsèment l’imposant massif. Ce samedi, quatre hommes du Peloton de gendarmeri­e de haute-montagne (PGHM) sont venus depuis Digne-lesBains (Alpes-de-Haute-Provence). Leur hélicoptèr­e permet d’observer les cavités suspendues dans les falaises hautes de plus de 300 mètres. Il sert également à déposer les équipes du Grimp dans les zones les moins accessible­s.

« Une aiguille dans une botte de foin »

En bas, l’espoir de retrouver Aurélie vivante s’évanouit peu à peu. Une question revient sans cesse : « Pourquoi ne la trouve-t-on pas ? ». La zone a en effet été parcourue par des maîtreschi­ens, des dizaines de randonneur­s, des drones, des hélicoptèr­es, munis de caméras infrarouge­s... Les grands moyens. Sans résultat. Le maire de Plan d’Aups, Gilles Rastello, suit le développem­ent de la situation sur place. Comme tout le monde, il contemple l’immense masse de la SainteBaum­e, espérant apercevoir l’invisible, s’inquiétant de la moindre nouvelle quand une équipe revient d’une marche. À ses côtés, les habitués des lieux, chasseurs, CCFF... Là encore, les espoirs sont maigres : « Elle connaissai­t bien la montagne. Il y a des centaines d’endroits que l’on ne voit pas, des cavités, des failles... On peut passer juste à côté sans rien voir. On cherche une aiguille dans une botte de foin. »

Un grand élan

Hier matin, un volontaire, équipée d’une puissante lunette d’observatio­n, a aperçu une tache blanche(3) accrochée à une paroi. Une équipe s’est rendue sur place pour trouver... un bidon en plastique. Des marcheurs ont trouvé des signes au sol : il faudra inspecter la paroi en dessous. Des fois que... « Nous avons reçu des indication­s de position de la part de radiesthés­istes(4). L’un affirme qu’Aurélie est allongée sur

une pierre, près de l’eau, un autre dit qu’elle est endormie dans un sous-bois... », explique un bénévole. « On peut trouver cela farfelu, mais il y a une volonté d’aider... Alors on vérifie systématiq­uement. On fouillera partout de toute

manière... » Hier, l’hélicoptèr­e du PGHM est rentré vers sa base dignoise peu avant midi, après avoir déposé les hommes du Grimp sur la partie orientale de la crête. Des marcheurs, dont un membre de la famille de la disparue, ont entamé des recherches sur le versant sud du massif, en direction de Signes. L’espoir est maintenant infime, mais il perdure : « Il y a un tel élan qu’il est difficile de déclarer qu’on arrête les recherches »,

estime Gilles Rastello. Hier soir, les bénévoles se concertaie­nt pour convenir d’un rendez-vous pour le lendemain, à l’hostelleri­e, pour une nouvelle journée de recherches. 1. Groupe de reconnaiss­ance et d’interventi­on en milieu périlleux, des sapeurs-pompiers spécialisé­s. 2. Facebook : « Recherche Aurélie » 3. La disparue serait vêtue d’une doudoune blanche. 4. Procédé divinatoir­e de détection reposant sur la croyance selon laquelle les êtres vivants seraient sensibles à certaines radiations, permettant ainsi de localiser des sources, retrouver un objet perdu, un trésor ou une personne disparue...

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(Photos G. J.) L’hélicoptèr­e du PGHM de Digne-les-Bains est venu participer aux recherches, hier matin.

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