La Justice en colère sur les marches du tribunal de Nice
Justice en danger », « Démolition en cours... » Les robes noires ont annoncé la couleur de leur colère, hier matin, avec ces banderoles déployées sur les marches du palais de justice de Nice. Plusieurs dizaines de magistrats, greffiers et avocats ont manifesté ensemble, à Nice comme à Grasse, répondant à l’appel national à se mobiliser. Dans le viseur : les orientations prises par les négociations sur les cinq grands « chantiers de la justice » menés par la Garde des Sceaux, Nicole Belloubet. « Tout est déjà écrit. Dans ce cas, cela ne sert à rien de discuter », fustige Guillaume Saint-Cricq, délégué régional adjoint de l’Union Syndicale des Magistrats (USM). Parmi les principaux motifs d’inquiétude, la réforme de la carte judiciaire. « Beaucoup de juridictions s’inquiètent de leur avenir. Un tribunal comme Grasse étant de taille comparable à celui de Nice, on n’imagine même pas qu’il puisse être supprimé. Mais de nombreuses juridictions plus petites risquent de l’être. » L’impact redouté ? « Regroupement de juridictions, suppression de nombreuses cours d’appels, suppression des tribunaux d’instance... et mutualisation des moyens, dont nous dénonçons depuis de longues années l’insuffisance chronique », énumère Côme Jacqmin.
Activité judiciaire perturbée
Le représentant du Syndicat de la magistrature à Nice prévient, il n’est pas dupe : « Une fois que l’on aura regroupé les juridictions, rien ne sera plus facile que de supprimer des implantations géographiques... » Comme prévu, l’activité judiciaire a été quelque peu perturbée hier, avec les retards ou reports de certaines audiences. Ce, en réaction à une « consultation au pas de course et de façade sur des chantiers extrêmement ambitieux » ,etàune « logique de répartition de la pénurie », dixit Côme Jacqmin. Les greffiers ont accompagné les magistrats dans leur mouvement. Du côté des avocats niçois, mobilisation timide, le Conseil de l’Ordre n’ayant pas eu le temps de délibérer pour appeler à la manifestation. Mais l’ancien bâtonnier Marie-Christine Mouchan a relayé les griefs de la Conférence des bâtonniers, l’une des organisations qui avait appelé à manifester. Me Mouchan évoque une « déception » ,un « mécontentement », et la crainte d’une réforme « au détriment de l’intérêt du justiciable ». C. C.