«Roi de l’Espace»: la fusée burlesque décolle demain
Le carnaval de Nice est sur la rampe de lancement. Coup d’envoi demain avec bataille de fleurs l’après-midi et corso illuminé le soir. Jusqu’au 3 mars, des défilés, mais des animations annulées
Demain, mise sur orbite du carnaval. Le compte à rebours a commencé pour « Le Roi de l’Espace » qui s’envole durant quinze jours de voyage intergalactique dans l’univers du rire et du sourire. Jusqu’au 3 mars, des parades. Diurnes. Nocturnes. Entre vaisseaux fleuris et stations roulantes venues d’un autre monde. On en saura plus dès demain après-midi avec seize chars animant la première bataille de fleurs. Revoici venu le temps des plus belles espèces de l’horticulture ensoleillée, des costumes spectaculaires couverts de poussières d’étoiles, des troupes d’arts de rue poétiques et fantasques.
Parcours unique
Second temps fort, le soir derrière le corso carnavalesque illuminé, ouvert par un souverain spationaute. Le monarque change de bouille : il a les traits de Thomas Pesquet, héros français du cosmos. Pour faire plus local, le mannequin chevauche un aigle niçois rouge à propulsion verte. Un astronaute. Une astrologue. La reine sera celle des destinées, orchestrées par le ballet des planètes et des étoiles et la magie quotidienne de l’horoscope. Suivra une clique improbable d’engins volants, extraterrestres, hommes politiques brocardés, créatures bizarroïdes. Donald Trump, les Macron, les frères Bogdanoff, les trous noirs, la chienne Laïka, les clins d’yeux au cinéma – Le voyage dans la lune, La planète des singes, Mars attacks, E.T., Star Wars… – tous en apesanteur afin de vivre le règne éphémère du chaos sociétal, du monde à l’envers. Tête en bas. Pour cracher, exorciser les vieux démons. Carnaval, c’est d’abord cela. Une ambiance permissive. Cette année, cependant, comme la précédente, le défouloir est en liberté surveillée. La sécurité? Poussée à son paroxysme. Contrôles partout, fouilles systématiques, barrières hermétiques, portiques pour passer le public au rayon X, armada de policiers, CRS, agents privés… Les envahisseurs ? Ce seront eux. On verrouille tout. À commencer par le trajet des chars. Parcours unique. Circuit commun aux batailles et aux corsos : place Masséna, avenue de Verdun, promenade des Anglais, avenue MaxGallo (ex-Phocéens). La sécurité, omniprésente, tentaculaire, impacte d’autres facettes du barnum. Afin de mutualiser en les économisant les forces de police, patrouillant à la fois sur le carnaval et la fête des citrons de Menton, il a fallu faire des concessions de taille. Ainsi, Nice a dit adieu à deux corsos dominicaux, au Queernaval, à la course Run Carnaval le long de la Prom, au bain ancestral, à la zumba géante, au feu d’artifice, remplacé par l’incinération d’une copie de la tête du Roi. Pâle et tiède Ersatz ! Cerise sur le gâteau : même la socca party du dimanche, au jardin Albert 1er, a été limogée.
La fête aussi en semaine
Les carnavals de quartiers, eux, auront bien lieu, mais ils seront tous statiques, car circonscrits dans des esplanades, places, jardins, parcs soigneusement ceinturés et surveillés à la loupe. Fini les processions dans les rues. Malgré ces mises en boîte et ces renoncements, l’Office du tourisme et des congrès de Nice, organisateur de la manifestation, est plutôt satisfait des réservations. Actuellement, ces dernières dépassent, en effet, les 50 % pour les weekends. L’OTC suggère aux Niçois de ne pas bouder les parades prévues en semaine : mardi soir pour le corso, mercredi après-midi pour la bataille. Des jours et des nuits où on trouve encore d’excellentes places assises et où on n’étouffe pas le long des promenoirs. C’est déjà ça. On aura de l’espace…