Nice-Matin (Cannes)

JO : l’Azuréenne Julia Pereira en argent à  ans

Julia Pereira a décroché la médaille d’argent, hier matin, en snowboardc­ross. Dans une finale ultra-relevée, l’Isolienne, outsider sur le papier, est devenue la première médaillée française née dans ce millénaire

- Textes : Romain Laronche

Premiers JO à 16 ans et déjà une médaille. Julia Pereira, la SaintCézar­ienne du club Back to Back d’Isola 2000, transforme l’exceptionn­el en banal. « Avec elle, on ne sait plus ce qui est trop tôt », affirmait il y a trois mois François Olivier. Son président de club avait vu tout juste. Pour sa découverte des Jeux, la principale intéressée n’hésitait pas à affirmer qu’elle visait une médaille, elle qui était déjà montée deux fois sur un podium de Coupes du monde (3e à Cervinia et Feldberg). « J’ai déjà fait deux podiums, alors pourquoi pas trois ? », avançait la rideuse dans nos colonnes avant son départ pour la Corée du Sud.

« Une guerrière »

Mais elle a fait encore plus fort la nuit dernière en décrochant l’argent, derrière l’Italienne Michela Moioli, leader de la Coupe du monde et devant la Tchèque Eva Samkova, la championne olympique en titre. La lycéenne, parfait mélange d’insoucianc­e, de sang-froid et de talent a su tirer son épingle du jeu et finir devant les meilleures spécialist­es de la planète. A commencer par sa compatriot­e Chloé Trespeuch, 2e de la

Julie, sa maman : « On est encore sonné »

abasourdi, on a du mal à reprendre notre souffle. À l’arrivée, on a eu du mal à passer, mais on a forcé le barrage pour se faire un gros câlin. Mettre des mots, c’est difficile. Pour une maman, c’est génial. J’ai plein d’images qui me reviennent dans la tête, de Julia petite. Comme je dis souvent, à dix ans, les petites filles veulent devenir des princesses, la mienne voulait être championne de snowboard. Maintenant, j’ai hâte qu’on rentre en famille à , avec Sacha (le petit frère resté en France), pour en profiter à la cool».

François Olivier, son président de club : « Je n’osais pas le dire »

François Olivier a suivi la course avec une centaine d’autres fans au Spot à Isola , rendez-vous des riders de la station, dans une « ambiance incroyable, il y a eu une telle explosion de joie. C’était superbe. C’est ce que j’espérais, mais je n’osais pas le dire. En plus, la manière est incroyable. Elle a eu du mal en qualificat­ions, mais quand il s’agit de se confronter aux autres, elle se transcende. Elle transforme la pression en performanc­e. A la fin de sa course, c’était une petite fille émerveillé­e, mais au départ de la finale, c’était une guerrière. En plus, elle était avec les cinq meilleures du monde. Sa carrière ne fait que commencer. Elle a au moins deux olympiades devant elle ».

Tony Ramoin : « Elle a été sacrément solide »

Tony Ramoin, malgré les cours qu’il devait assurer hier à Serre Chevalier, avait mis son réveil pendant la nuit pour suivre celle qui a pris sa suite. « Elle a été sacrément solide la petite. Sa finale est hyper réfléchie. C’est hallucinan­t d’être aussi mature à  ans. Elle aurait pu faire une faute de jeunesse en voulant redoubler quand elle a été dépassée, mais elle a attendu le bon moment. Je suis impression­né. Elle a fait une grosse finale, comme en Coupes du monde. Je lui ai envoyé un message pour la féliciter, ça le mérite ». Coupe du monde, et seulement 5e de la finale. Des quatre Tricolores engagées aux Jeux, c’est donc elle, la moins expériment­ée et la moins bien classée dans les bilans mondiaux 7e toutefois - qui a réussi à grimper sur la boîte, les deux autres Bleues, Charlotte Bankes et Nelly Moenne Loccoz, s’arrêtant en demi-finale. Pourtant, le début de sa journée avait été poussif.

« C’était mon rêve »

Avec le 18e temps de la première manche de qualificat­ions, Julia avait dû disputer un deuxième “run” qualificat­if pour se hisser en quart de finale. La suite fut quasi parfaite. La jeune Azuréenne s’est transcendé­e à partir des quarts de finale. « Elle devient une guerrière quand elle se confronte à ses adversaire­s », développe François Olivier, qui a vibré avec une centaine d’Isoliens la nuit dernière. Il faut dire qu’à plus de 9000 km à l’Est, la jeune prodige du club laissait exploser sa joie. A peine la ligne franchie, elle finissait en larmes. Des larmes de bonheur qui, malgré l’horaire si matinal, devaient bouleverse­r des milliers de foyers français. « C’est incroyable ce

Sébastien Bletry, son ancien coach : « Je ne suis pas bluffé »

Sébastien Bletry, dit “Toc”, fut son coach pendant trois ans à Isola , de  à  ans. Il se souvient avoir vu débarquer un phénomène. « Elle était vraiment déterminée. Il n’y avait pas besoin de la pousser, ça venait d’elle-même. Elle travaillai­t sans rechigner. Alors la voir sur le podium aujourd’hui (hier), je ne suis pas bluffé. On la connaît Julia, on espérait la voir en finale, et même la médaille on s’y attendait un peu ».

Charles-Ange Ginésy, président du départemen­t des Alpes-Maritimes : « Un bel exemple »

« Julia a porté haut les couleurs des Alpes-Maritimes dans le cadre du Team , un dispositif exceptionn­el de soutien aux athlètes de la préparatio­n jusqu’à la médaille. Âgée de seulement  ans, elle est un bel exemple de réussite pour la jeunesse azuréenne ». que je viens de faire, a réagi celle qui collection­ne 17 titres nationaux au micro de France télévision­s. C’est vrai que j’étais en larmes à l’arrivée car je suis super contente et très émotive, mais c’est aussi beaucoup de travail. Je n’ai rien lâché, j’avais déjà fait deux podiums en Coupe du monde, donc je me disais que c’était possible, c’était mon rêve, mais peut-être pas pour tout de suite. Je me suis retrouvée face à des filles que je regardais à la télévision il y a 4 ans avec de grands yeux. Je suis contente de ramener une médaille à Isola 2000 et Back to Back, la deuxième après celle de Tony Ramoin (3e à Vancouver en 2010) ». Déjà quasiment tout en haut de la planète snowboard à seulement 16 ans, Julia Pereira a tout l’avenir devant elle. A Pékin, elle n’aura que 20 ans. D’ici là, il peut se passer beaucoup de choses, mais la plus probable est qu’elle domine le monde du snowboardc­ross. Avec sa volonté de fer et son impatience, la Saint-Cézarienne n’a même sûrement pas envie d’attendre jusqu’en 2020 pour ça. A  ans et à peine  mois, Julia Pereira est devenue la plus jeune médaillée française aux JO d’hiver, tous sexes confondus. Elle est également la première médaillée olympique née dans ce millénaire. Elle est la deuxième médaillée olympique d’hiver azuréenne, après le bronze de Tony Ramoin - aussi en snowboardc­ross et également licencié à Back to Back d’Isola  aux JO de Vancouver en .

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(Photo AFP) Julia Pereira, une médaille d’argent qui vaut de l’or.
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Julie Mabileau a assisté à la médaille d’argent de sa fille Julia, depuis le pied du boardercro­ss coréen. Quelques heures plus tard, au téléphone, son émotion est encore visible : «On est encore sonné,

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