Nice-Matin (Cannes)

Braquage élucidé

La PJ avait, déjà, envoyé sous les verrous le braqueur présumé de la bijouterie Harry-Winston à Cannes. Elle a identifié les commandita­ires présumés de ce casse à 15 millions d’euros

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

Quatre suspects ont été écroués, hier soir, pour l’attaque d’une bijouterie de la Croisette. Les commandita­ires se trouveraie­nt parmi eux. En janvier , un homme seul avait volé pour  millions d’euros de diamants.

Les diamants sont éternels, pas l’impunité. Treize mois après le braquage retentissa­nt de la bijouterie Harry-Winston à Cannes, la police judiciaire vient de porter l’estocade finale au gang de malfaiteur­s qui était à la manoeuvre. Le braqueur présumé, qui aurait volé 15 millions d’euros en solo, était incarcéré depuis juillet dernier. C’est au tour de ses commandita­ires présumés d’en répondre devant la justice. Récit d’un thriller azuréen en trois épisodes chrono.

Acte . L’attaque solitaire

18 janvier 2017, 11 h 23 du matin. Un homme seul pénètre dans la bijouterie Harry-Winston, située au 29 boulevard de la Croisette à Cannes. Il est entré à visage découvert pour tromper la vigilance du personnel, portant de simples lunettes de soleil. La vendeuse se méfie, mais le malfaiteur passe à l’action. Il brandit un pistolet de calibre 7.65 et une grenade pour se faire remettre 24 pièces serties de diamants. Butin : 15 millions d’euros ! Huit minutes après son entrée, le braqueur prend la fuite et se fait récupérer par un complice. Le véhicule est retrouvé quelques heures plus tard à Vallauris. Incendié. Vidéo à l’appui, l’antenne niçoise de la PJ ne tarde pas à identifier le braqueur. Problème : cet habitant des Hauts-de-Vallauris a filé se mettre au vert dans sa Tunisie d’origine. Du moins a-t-il essayé... Parti de Gênes avec de faux papiers, le fugitif a été refoulé à son arrivée et envoyé dans les geôles italiennes. C’est là que la brigade de répression du banditisme (BRB) retrouve sa trace en mars 2017.

Acte . Le coup de filet

Juillet 2017. Grâce à un mandat d’arrêt européen, A.B., 23 ans, est extradé et incarcéré en France. Le braqueur solitaire serait donc sous les verrous. Mais cette fois, il n’y va pas seul. Car cet été-là, la PJ réalise un premier coup de filet contre une bande de braqueurs en série. Huit suspects sont interpellé­s, quatre d’entre eux écroués. Outre l’attaque chez Harry-Winston, ils seraient « mouillés » dans celle de la bijouterie Cartier, à Monaco, le 24 mars 2017. Et ils s’apprêtaien­t à passer à l’action à Cannes et Saint-Tropez. Les limiers de la PJ en ont acquis la certitude, à la faveur de surveillan­ces physiques et d’écoutes téléphoniq­ues. Patiemment, méthodique­ment, les policiers ont enquêté dans le sillage du braqueur de la Croisette. Ils ont étudié ses relations du côté de Vallauris et Cannes-la Bocca. Ils savent que, désormais, les gangs laissent à de « petites mains » le soin de monter « au braco ». Dans cette structure pyramidale, restait à identifier les commandita­ires du casse à 15 millions d’euros. Selon la police, c’est aujourd’hui chose faite.

Acte . L’estocade finale

Mardi 13 février 2018. Nouveau coup de filet. La BRB, assistée de l’antigang (BRI), interpelle huit individus impliqués à divers degrés. Cinq sont arrêtés dans le bassin cannois, trois autres récupérés dans... les maisons d’arrêt de Nice et Grasse, où ils séjournaie­nt. E.G., 24 ans, et O.S., 22 ans, étaient déjà mis en examen pour les attaques avortées à Cannes et Saint-Tropez. Ces habitants des Hautsde-Vallauris, très défavorabl­ement de la police, risquent d’endosser à présent le costume peu confortabl­e de « cerveaux » du braquage chez Harry-Winston. Ils l’auraient planifié et orchestré, recrutant les exécutants sous la pression de dettes liées aux stupéfiant­s. Ces jeunes « braqueurs par procuratio­n » ont été déférés hier devant le juge d’instructio­n à Grasse. Avec eux, K.H., 34 ans. Un trafiquant de drogue qui aurait trempé dans l’affaire Harry-Winston par appât du gain. La compagne de l’un des commandita­ires les a accompagné­s, mise en cause pour complicité et destructio­n de preuves. Hier soir, tous les quatre ont été placés sous mandat de dépôt. L’affaire Harry-Wilston pourrait bien être ainsi bouclée. Et l’équipe, renvoyée devant la cour d’assises. Reste une inconnue : le destin des bijoux. Les diamants ont beau être éternels, ceux-ci restent désespérém­ent introuvabl­es.

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Le  janvier , un homme seul et à visage découvert avait dérobé vingt-quatre bijoux. Il avait menacé le personnel avec un pistolet de calibre . et une grenade. (Photo Patrice Lapoirie)

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