Jean-Pierre Cohen: « Je ne vous abandonnerai pas» MOUGINS La « Petite enfance » aussi planche sur la créativité
ans son dernier ouvrage « Je ne vous abandonnerai pas », le chirurgien Jean-Pierre Cohen fait le point sur le rôle du médecin dans l’accompagnement du patient. Un ouvrage et une conférence à découvrir ce samedi 17 février à 16 h au Forum Arts et livres.
Quel est le sujet de la conférence ?
Comme dans mon livre, j’aborderai la relation du chirurgien avec le patient, centrée sur l’aspect de la communication. Le médecin est à la fois technicien et communiquant. Il est incontournable d’avoir une certaine proximité avec le patient, de faire quelque chose de personnalisé. Les gens et les maladies ne sont pas tous les mêmes.
La distance est-elle une protection ?
Il faut que le chirurgien se protège mais la première personne à protéger est le malade lui-même. C’est vrai qu’en cancérologie, nous prenons une certaine dose de souffrance dans la figure. Il faut prendre en compte la difficulté des soignants mais rester centré sur le bien-être du patient. Le message que j’essaie de passer est de donner du temps, des explications et de l’empathie.
Est-ce qu’il existe des formations ?
Les gens de ma génération n’ont aucune forme de formation sur le sujet. Chacun se fait sa propre idée de la communication. C’est la Silence dans la salle. La petite Scène de la Scène 55 accueillait cette semaine une quinzaine de professionnelles de la petite enfance, de la directrice à l’auxiliaire, issues des crèches municipales. Toutes observaient le chorégraphe Nans Martin, les initier aux mouvements du corps. C’est le 3e temps d’un processus de réflexion artistique qui en compte 4, intitulé «Art, créativité professionnelle et Petite Enfance ». Après « l’accueil créatif pour ouvrir l’imaginaire », « imaginer la rencontre entre l’art et la créativité professionnelle », la dernière journée, à venir, amènera aux propositions des participantes et à l’élaboration d’un projet novateur pour les crèches municipales.
Un projet ambitieux
raison pour laquelle ça m’a pris plusieurs années. À l’université, il n’existe pas de module spécifique juste un module mineur sur la psychologie médicale. On n’est pas préparé à gérer cela.
Vous êtes partie d’un constat de mal-être chez les patients?
Ce sont mes propres expériences, des critiques que je fais envers moi-même. Je me suis mis à nu dans ce livre. J’essaie de faire amende honorable. J’ai eu des expériences de communication réussies et ratées. Il y a une manière de présenter le diagnostic et le pronostic des mots à éviter…
La vérité est-elle indispensable ?
C’est une question majeure. Il faut travailler «à la carte» ,pas« au menu ». Il y a des gens qui ont besoin de vérité pure et dure. D’autres ne veulent pas l’entendre. Certains veulent le diagnostic mais ne souhaitent pas connaître le pronostic. Les accompagnants aussi ont droit à l’information. Si on ment, les gens peuvent imaginer le pire et n’ont plus confiance. C’est un challenge de communication. Tout dépend de Le but ? « Ouvrir les crèches au monde de l’art» et faire des espaces de petite enfance des lieux où « être, jouer, rencontrer et créer», comme le décrit joliment l’intervenant Pascal Bély, porteur de la proposition son ressenti par rapport à son expérience. C’est une évolution intuitive en partie.
Les pratiques ont-elles évolué ?
Oui de par les mesures obligatoires, depuis le premier plan santé ou le plan cancer. Des consultations d’annonce en cancérologie ou de consentement éclairé ont été mises en place. Beaucoup de lecteurs m’ont déjà demandé une suite au livre. Après le constat, il faut savoir comment améliorer les choses et former différemment nos internes. Un symposium se tiendra le mars sur le site des cliniques de Mougins, sur le thème de la prise en charge des victimes des attentats. Les expériences des Niçois seront confrontées avec l’expérience des médecins parisiens de l’Institut de victimologie qui ont géré le Bataclan. RECUEILLIS PAR D.G. Entrée libre. Aujourd’hui à 16 h au Forum Arts et livres, 1075 chemin des Gourettes, rens. au 04.22.10.67.86. soutenue par la directrice municipale de la culture, Vanessa Charles. Le « projet est ambitieux », dit-il. «Les crèches sont étiquetées modes de garde. Or, elles peuvent devenir des modes d’accueil créatif et artistique. C’est en outre, les seuls lieux éducatifs où les parents peuvent entrer, et où ils peuvent former une communauté unie, avec les tout-petits et les professionnelles. »
«Nouvelle Vague»
Cette ambition, Pascal Bély l’a déjà lancée dans les Bouches-du-Rhône, où le projet «Nouvelle Vague» fonctionne depuis 2015 en réseau avec les collectivités locales et les crèches. Il s’est déjà concrétisé par la formation de chorales, des approches d’art numérique, la participation du FRAC. Un protocole d’accord signé entre le ministère de la Culture et de la famille en 2017 a apporté de l’eau à son moulin. Il ouvre la possibilité de crédits aux projets culturels appliqués aux enfants dès la naissance. Une aubaine qui pourrait tomber à pic pour développer cette belle initiative. À suivre…