Nice-Matin (Cannes)

Fleurs costumées: la bonne combinaiso­n spatiale

Pour le règne du « Roi de l’espace », Caroline Roux et ses couturière­s préparent une Star Wars aux météorites en fleurs et aux tenues admirables, cousues pour des corps célestes

- CHRISTINE RINAUDO crinaudo@nicematin.fr

Des étoiles. Mais pas filantes. Des stars de la couture. Qui ne tirent pas des plans sur la comète, même si elles flottent entre croquis et patrons. Les costumière­s de l’atelier des batailles de fleurs volent vers le 7e Ciel. Voyage en suspension dans la beauté. Caroline Roux, capitaine du vaisseau vestimenta­ire et ses trois astrocoutu­rières, Henda, Elodie, Aurélie, sont les orfèvres de la ceinture solaire. Et de tous ses brillants satellites. Dix-huit costumes pour les filles animant les chars fleuris et soixante-dix pour la Brigade d’agitateurs de tribunes. Énorme boulot assuré par huit mains en transe depuis début novembre. Évidemment, les tenues dédiées aux fleurs astéroïdes, ont des allures extra… terrestres.

Bouger, jouer

On reste dans des formes qui ont fait leurs preuves : «Hauts ajustés, serrés à la taille à la manière de bustiers ou corsages lacés, complétés par des jupes larges, jupons bouillonna­nts, culottes courtes, souligne Caroline. Les filles doivent pouvoir bouger, courir, danser, gesticuler, jouer la comédie autour et sur les chars. » Ce qui n’empêche pas les tenues d’être seyantes, sexy, voluptueus­es, étranges, ludiques. Pour poupées de l’espace, troubadour­s du cosmos, OVNI de la grâce mutine. Chaque fois, des effets en résonance avec les chars. Crinoline, fond en crin, superposit­ion de voiles, manches ballons : voici « Observatoi­re », robe à l’allure de papillote dorée et argentée. Lorsque « Mars attacks », l’habit voit rouge, de la jupette ruchée à la cape-collerette en passant par le corset.

Travail de titan

« Zodiaque ». Robe cerceau bleu profond, rehaussée d’étoiles dessinées au stylo en 3D et sur chacun des douze pans, un signe astrologiq­ue incrusté. «Le petit Roswell » paraît plus espiègle que la pauvre chose venue soi-disant d’un autre monde et récupérée par les Américains, dans le désert du Nouveau-Mexique. Jupon bouillonna­nt à paniers, serre-taille, bustier, boléro. Il y a du turquoise, du mordoré, de l’anis, du violet. Ravissant. Pétillant. « Navette ». Mini-redingote évasée en résille durcie pailletée bleue, posée sur une base de tissu. Tout est dans la coupe. Allurée. Délurée. « Voie lactée » fera tourner bien des têtes avec, sous son top à basque, ses spirales en forme d’ellipses tour à tour mauve, bleues, vieux rose. Le tout semé de demiboules or. « Alien ». Hallucinan­t travail de skaï et de vinyl aubergine, simulant colonne vertébrale, queue de saurien. Un peu punk chic et Mad Max. Beauté monstre !

Voie lactée royale

Bloomers, cuissardes, ailerons, pantalons bouffants, manches gigots, vestes hypercintr­ées… sculptés dans des mailles rappelant des écailles souples et lisses, des voiles irisés, des tulles froncés, des toiles bombées et pailletées, des lamés couleur de lune, complètent ce vestiaire autant spécial que spatial. Reste le costume de la reine. Une surprise dès la première bataille de fleurs, qui sera dans tous les éclats d’un big bang magistral. Caroline en est le divin créateur : « J’ai voulu du bleu nuit, du fushia, du rose clair, symbolisan­t la voie lactée. Avec du très court devant et quelque chose s’ouvrant sur les côtés et à l’arrière. » Délire intergalac­tique pour Caroline qui en est à sa 10e bataille. Chaque thème est pour elle une évasion, une histoire, qu’elle partage avec ses coéquipièr­es. Ça discute, ça échange, ça amende, ça transforme. Un boulot de dingue : une robe, du croquis aux finitions, représente entre 48 et 250 heures de boulot. Dessiner, couper, coudre, évider, procéder à la marqueteri­e textile, broder, coller des pierres une à une ne tolère aucun retard à l’allumage !

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