Marie Povigna, peintre et fille de… : « Ici, c’est ma maison, c’est naturel… »
Au commencement, était Juliette. Il y a une vingtaine d’années. À l’époque, la seule fille du hangar. Peignant à merveille. Surtout les yeux, auxquels elle donnait une expression authentique et superbe. Marie, ans, a repris le flambeau familial. Marie, fille de Juliette et de Pierre Povigna, dont elle est le portrait craché. Encore une fille dans ce hangar où son grand-père, Jean-Pierre, toujours fidèle au poste et à sa passion, n’a pas toujours eu de tendresse conviviale à l’égard de la carnavalerie au féminin. L’air du temps s’est radouci pour le sexe dit faible. En compagnie d’une autre fille et d’un garçon, Marie peint les cheveux, les visages, les membres. Silencieuse. Assidue. Efficace. Comme papa. Avec qui, elle avait passé un pacte : le bac en échange de son entrée à la cour. Marché conclu. « J’ai eu mon bac, explique la jeune fille. J’ai arrêté mes études pour me consacrer au carnaval. » Pour l’instant, Marie est peintre. « À partir du moment où le motif en carton-pâte est fini, je passe le blanc, ensuite deux couches de couleur, puis j’utilise l’aérographe afin de rajouter ombres et lumières. » Marie n’a pas suivi de cours artistiques spécialisés. La meilleure école ? Celle du hangar. Au milieu des bleus de chauffe et des grandes gueules qui s’invectivent. «J’aiappris sur le tas. Avec les autres peintres. J’ai commencé avec les couches de fond. Lorsque j’ai un doute, je demande à ma mère ou à mon père. Parfois, je vais consulter Internet. » mais les esprits ont changé. Pour moi, c’est normal de travailler là, même s’il fait froid, même si c’est sale. Ici, c’est ma maison et c’est naturel. Je ne me verrais pas dans un atelier aseptisé. » Marie, peintre à vie ? Non. « Sans doute, à un moment, j’aimerais faire un peu de sculpture et de soudure. J’irai là où on aura besoin de moi. »