Nice-Matin (Cannes)

JEUX OLYMPIQUES « Revenir avec une médaille »

Mathieu Faivre, le skieur d’Isola 2000, 2e de la Coupe du monde de géant l’an passé, a une véritable chance de monter sur le podium

- PROPOS RECUEILLIS PAR ROMAIN LARONCHE

PyeongChan­g tombe peutêtre au meilleur moment dans la carrière de Mathieu Faivre. A 26 ans, l’Isolien a déjà l’expérience des grands rendezvous et des Jeux (24e à Sotchi en 2014), mais surtout un solide CV en géant. Deuxième des bilans mondiaux la saison dernière, derrière l’intouchabl­e Marcel Hirscher, l’Azuréen compte aussi cinq podiums en Coupe du monde (dont une victoire). Et même si son début de saison est un peu plus laborieux (9e mondial), le licencié de club des Sports d’Isola 2000 a une occasion en or de rentrer dans l’histoire du ski alpin français la nuit prochaine. Dans les stations du Mercantour, dans la Tinée ou plus largement dans le départemen­t, les amateurs de ski pousseront derrière lui. Mais pour le suivre, il ne faudra pas oublier de mettre son réveil.

Dans quel état d’esprit abordez-vous ces Jeux ?

J’y vais avec beaucoup d’envie et la conviction que je peux aller vite. Mais j’arrive aussi avec le passif de ma saison, qui fait que j’ai conscience que c’est pas si simple de tout mettre en place le Jour J.

Etes-vous déçu par votre début de saison ? Déçu, je ne sais pas si on peut 1/

Quel objet vous ne pouviez pas oublier ?

dire ça. Je mets énormément d’énergie dans le travail, la préparatio­n physique, les séances de ski et quand les résultats ne sont pas ceux espérés, c’est frustrant. J’avais envie d’avoir un retour sur investisse­ment et pour le moment c’est délicat. J’ai déjà skié vite, mais je n’arrive pas à le faire sur les deux manches comme je le faisais la saison dernière. Je n’ai pas encore retrouvé le même ressenti, la même confiance.

Si on se base uniquement sur les résultats, vous venez d’enchaîner deux es places, c’est positif...

Je fais deux fois es, j’ai fini e à Val d’Isère aussi, sur une piste qui est moins propice à mon style de ski. Je ne termine pas e non plus. Ce n’est pas une saison extrêmemen­t simple pour moi, mais malgré tout j’arrive à faire des “top ”, “top ”. Je vais continuer à travailler pour pouvoir empiler deux bonnes manches.

On a beaucoup parlé du changement de matériel chez les géantistes . Est-ce la cause

(*) de ces dixièmes de seconde perdus ?

Faut pas rêver, ce n’est pas que ça. Mais le ski moderne, c’est un peu comme la F. Pour gagner le « Je n’ai pas vraiment d’objet fétiche. Si ce n’est mon téléphone et mon ordinateur qui vont me suivre, parce que je ne suis pas capable de me séparer de l’un d’eux. Je les prends pour garder contact avec la famille, les amis, regarder des films... Un peu comme tout le monde ». 2/ championna­t du monde, il faut être le meilleur pilote et avoir la meilleure voiture. Il faut toujours qu’il y ait un skieur qui actionne le ski pour aller chercher un résultat, mais le matériel compte aussi. Et quand ça ne va pas, c’est un cercle vicieux. On se sent moins bien, donc on skie moins bien et inversemen­t. Mais depuis quelques semaines, je suis capable de skier vite avec de bonnes sensations. Ma deuxième manche à Garmisch le prouve (où il a signé le e temps).

Les résultats de Marcel Hirscher ( victoires en  Coupes du monde) sont-ils découragea­nts. Vous dites-vous que vous skiez pour la e place ?

Je me concentre sur mon ski et je sais que si j’arrive à faire deux fois ma e manche de Garmisch, je jouerai devant. Mais c’est une certitude qu’en ce moment Marcel se régale. Il se fait plaisir et fait plaisir à beaucoup de monde car c’est un athlète qui skie vraiment bien. C’est une sorte d’inspiratio­n de voir quelqu’un s’amuser autant sans se poser de questions. Il faut s’en inspirer,

Quelle personne espérez-vous voir éveillée la nuit prochaine devant sa télé ?

« Le président de la République (rires). Je plaisante. Je ne vais imposer à personne de se lever, mais il y aura ma famille bien évidemment. Mon père (ci-contre) ne va pas dormir, parce qu’il sera plus tendu que moi. Je pense qu’à Isola , il y en a quelques-uns qui vont se réveiller pour regarder la course, mais y’en a beaucoup plus qui verront les résultats en se levant ». mais sans oublier qui on est.

Avez-vous abordé de la même façon ce géant olympique qu’une Coupe du monde ?

C’est toujours des piquets rouge et bleu, donc techniquem­ent parlant, c’était la même approche, mais l’aspect exceptionn­el et médiatique d’un rendez-vous olympique fait que c’est différent. Mentalemen­t, il fallait s’y préparer et l’accepter.

L’expérience de Sotchi peut vous servir dans l’approche d’une course olympique ?

Je donnerai la réponse après les Jeux. J’ai fait un bilan après Sotchi pour chercher à m’améliorer. J’ai appris des choses, j’ai cherché à évoluer, mais, pour l’heure, je n’ai jamais eu de résultat incroyable sur les grands rendez-vous. Et puis, il y a toujours une part d’aléatoire dans notre sport. Je mettrai peut-être tout le Jour-J et il y aura une rafale de vent qui viendra perturber mes plans.

Arrivez-vous à profiter de l’événement olympique ?

Non, ce n’est pas possible. Je suis parti le lendemain de la 3/

“Mathieu

a eu un début de saison compliqué, il a dû s’adapter au nouveau matériel, mais il a quand même sorti de bonnes manches. Les JO, c’est la course d’un jour, il a les capacités pour faire un podium. Il peut se surpasser à

l’image de J-B Grange (qui avait été champion du monde en  alors qu’il n’était pas favori). J’y crois et je me lèverai pour voir sa course. ” cérémonie d’ouverture par exemple. Je suis juste concentré sur ma course. Et ça sera le cas jusqu’au Team Events (la course par équipe programmée samedi  février, la veille de la cérémonie de clôture), si je le fais.

Ça sera quoi des Jeux réussis pour vous ?

Comme beaucoup de skieurs, ça sera de revenir avec une médaille en géant. Ça sera délicat de dire que j’ai réussi ma course, si je termine e ou e. Mais si je sens qu’à la fin de mes deux manches, j’ai fait ce que je savais faire, que j’ai donné le meilleur de moimême et qu’il y a trois skieurs qui sont devant, je n’aurai qu’à l’accepter et les féliciter. J’ai envie de me faire plaisir et de ne pas avoir de regrets. La nuit prochaine (heures françaises) 1re manche : 2h15. 2e manche : 5h45. Tous derrière lui à Isola 2000 : les supporters de Mathieu Faivre sont invités pour regarder la 2e manche du géantiste à la salle Mercière d’Isola 2000 à 5h30. Un petit-déjeuner sera offert aux fans.

* Cette saison les skis de géant chez les hommes sont passés d’un rayon de courbe de 35 mètres à un rayon de 30 mètres.

Quels sont vos rituels le matin d’une compétitio­n importante ?

« Je n’en ai plus heureuseme­nt. J’ai réussi à gommer ces superstiti­ons, ça m’allège l’esprit et ça me coûte beaucoup moins de temps. Avant, je voulais mettre ma chaussure gauche avant, ma protection gauche avant-bras avant, mon ski gauche en premier, alors que je suis droitier. Ça n’avait pas de sens. Je me suis rendu compte que c’était stupide. Moins il y a de petits rituels comme ça, mieux je me porte ».

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