Lucéram Mireille Dalmas une figure d’antan

Quand, au mois de décembre dernier, à l’entrée du village de Lucéram, au détour d’un virage, apparaît la silhouette d’une vieille dame sortie d’une autre époque, impossible de ne pas s’arrêter pour aller à sa rencontre. Une canne en bois dans sa main gauche, un sac en toile de jute rempli d’herbe sur le dos, un rustique pull immense jeté sur les épaules, le regard méfiant mais pétillant, elle accepte, malgré tout, de se livrer devant l’objectif. Le lien une fois établi, Mireille Dalmas, qui fêtera ses 72 ans au mois de mars, nous reçoit quelques semaines plus tard en nous accueillant dans sa cuisine qui lui sert aussi de salon. Un intérieur d’une autre époque : une cuisinière à bois qui lui sert de chauffage, une vieille glace de toilette et plusieurs parapluies accrochés à un portemanteau, un vieux baromètre au mur… Seule touche de modernité: une télévision. Et Mireille Dalmas de raconter les hivers d’antan : les veillées entre voisins, les femmes qui reprisaient en discutant, les hommes qui écossaient les haricots blancs, les causeries au coin du feu, les enfants qui amenaient leur bûche de bois pour chauffer la classe, la radio que son frère avait offert à son père…

Cuisine à l’ancienne

L’hiver, Mireille continue à descendre tous les jours dans son « petit bout de terrain » situé à quelques centaines de mètres en contrebas du village, pour cultiver quelques légumes de saison et nourrir ses cinq lapins. « Ça passe le temps, et puis me promener dans le village, c’est un peu ma télévision à moi… » Mireille cuisine à l’ancienne, comme ses parents et grands-parents : «des plats de Lucéram, souvent des pâtes mélangées avec des légumes, navets, choux ou une pomme de terre.» Alors si vous croisez, à Lucéram, cette septuagénaire avec une âme de clown, qui n’a jamais changé ni de village, ni de rue, ni de maison, ni de mode de vie, ne manquez surtout pas de la saluer : elle fait partie des figures du Lucéram d’antan.