Des yeux et des oreilles veillent sur la forêt
Cinq communes de Dracénie ont souhaité recourir aux services du garde-champêtre intercommunal. À la découverte d’un métier aux facettes et compétences multiples
Serge Liberski, 52 ans. Son nom ne vous dira sans doute pas grand-chose. Mais son visage est bien connu dans les cinq villages de la Dracénie où il exerce la fonction de garde-champêtre intercommunal. Un métier aux multiples facettes et compétences - voir cidessous -, bien loin de l’image surannée du garde caché au fond des bois pour traquer les braconniers ! Voilà dix ans qu’il a intégré la Dracénie après avoir exercé dans une brigade de Seine-Maritime où cet originaire du Pasde-Calais (il y a passé son concours de garde-champêtre) travaillait en équipe, avec des missions plus ou moins complémentaires.
En autonomie presque totale
« La grosse différence ici, c’est que je fonctionne en autonomie presque totale. Sur Callas, où il y a également un policier municipal, celui-ci ne travaille pas le mercredi alors que je suis présent le matin. Sur Figanières, où un autre garde est en poste, cela dépend des journées. Soit il n’est pas là, soit on travaille tous les deux, chacun de son côté ou ensemble sur des missions particulières, de police route, de sécurité, etc. » Serge Liberski organise ses journées en fonction d’un planning hebdomadaire fixe : le lundi, il intervient sur la commune de Montferrat, le mardi à Ampus, le mercredi matin donc à Callas et l’aprèsmidi à Figanières, le jeudi à Figanières et le vendredi matin sur Châteaudouble. «Onaensuite des missions de sécurité qui dépassent les horaires classiques, le soir, les week-ends, surtout l’été sur des festivités, des concerts, des événements sportifs comme le Tour du Haut Var, des fêtes communales, tout ce qui attire du monde. On n’a pas le droit de travailler seul après 22 h, mais cela peut arriver si les gendarmes sont présents sur le dispositif. » Autant dire que les fins de saisons sont parfois longues pour le garde-champêtre intercommunal !
Entre surveillance générale et prévention
Placé sous l’autorité directe de la gendarmerie et du procureur de la République de Draguignan qui peuvent le réquisitionner à tout moment, il est aussi, naturellement, à la disposition des maires « car nous sommes en premier lieu leur police, leurs yeux et leurs oreilles. On intervient à leur demande et on leur rend compte. » C’est d’ailleurs dans les mairies qu’il débute sa journée, pour se tenir informé des derniers événements, des affaires courantes et des interventions qu’il doit réaliser en priorité. Un impératif constant pour le garde-champêtre : être un maximum de temps sur le terrain et au contact de la population. «On a une part de travail administratif sur les procédures en cours, qui découle de notre travail de terrain. C’est-à-dire de la surveillance générale, en patrouille sur tout le territoire communal. Avec une attention particulière en fonction des conditions météos, par exemple sur les départs de feu et des obstacles sur des voies de circulation par temps de grand temps. Ou des pierres tombées lors de grosses pluies. » L’autre facette du garde-champêtre, c’est d’être une police de proximité, qui rassure : « On doit être vu, rentrer en contact avec la population pour créer un lien, recueillir de l’information. C’est en cela que les gendarmes, qui n’ont pas la même disponibilité que nous pour être sur le terrain, nous appellent leurs « éclaireurs » ! On fait aussi beaucoup de prévention. Cela évite bien souvent des problèmes, des incivilités, des infractions. On a un rôle pédagogique, on informe les gens sur ce qu’ils n’ont pas le droit de faire, on les avertit, on rappelle à l’ordre et s’ils ne veulent rien savoir, on verbalise. »
Seul juge de verbaliser
Serge Liberski avoue ne pas avoir de données chiffrées sur le nombre de procès-verbaux qu’il dresse chaque année : « C’est très variable. Il faut déjà savoir que nous sommes seuls responsables de décider ou non de verbaliser. Un maire ne peut pas nous l’imposer ou à l’inverse s’y opposer car dans le cadre d’un PV électronique, il est enregistré immédiatement et définitivement. La seconde chose, c’est qu’on n’est pas là pour faire du chiffre. On n’a aucune épée de Damoclès audessus de la tête. On est d’abord là pour informer, ensuite on est seul juge. » Et de préférence, juge de paix.
Pour ceux qui souhaitent s’informer davantage sur le métier de garde-champêtre, rappelons qu’un musée (le seul au monde à lui être dédié) vient d’ouvrir ses portes à Bargemon.