Il vole l’argent dans les portefeuilles et le remplace par des billets de Monopoly
Un hôtel niçois dans lequel les valeurs des clients disparaissent mystérieusement. Des coupures dérobées remplacées par des billets de Monopoly. Une femme de chambre poursuivie pour vol devant le tribunal correctionnel. Un Cluedo ? Non, une audience étonnante, mardi, au palais de justice de Nice. Ladite femme de chambre est à la barre, de noir vêtue, née en 1973. « Je ne suis responsable de rien », affirmet-elle d’emblée. En 2013 et 2014, dans un hôtel où elle travaillait, des espèces ont disparu des chambres de clients. 3000 dollars par ci, 5000 roubles ou 3500 euros par là. Mystérieusement, on retrouve des liasses de Monopoly ou de La Bonne Paye dans les portefeuilles, en lieu et place des valeurs. Selon Me Grisoni, pour la partie civile, le portefeuille gardait ainsi toujours la même épaisseur et retardait la découverte. La femme de chambre, dix ans de « room service » à son actif, a été vite suspectée. Elle était chargée, notamment, de remplir les mini bars. En a-t-elle profité pour délester les clients ? Lors des vols, la vidéo surveillance la montre à proximité.
Affaire pliée ?
L’employée suspectée est licenciée et son casier – où elle rangeait ses affaires – ouvert en présence d’un huissier de justice. Qu’a-ton trouvé à l’intérieur ? Je vous le donne en mille. Des billets de Monopoly. Affaire réglée, pliée ? Emballez, c’est pesé, condamnée ? Hop, hop, hop. Pas si vite. La justice réclame plus de preuves. Me Philippe Soussi va ainsi obtenir la relaxe. « Quand une affaire est mal fagotée, elle est mal fagotée, » a-t-il résumé. Aucune plainte n’a en effet été déposée par les clients lors des prétendues substitutions de coupures. Les clients ont été indemnisés par l’hôtel, redoutant le scandale. « Donc, qui peut prouver que les substitutions ont bien eu lieu ? », argumente l’avocat. Les billets de Monopoly dans le casier ? La soubrette affirme les avoir trouvés dans un sac dans la salle de petit-déjeuner, puis les avoir remis à la réception. Pour la faire accuser, on les aurait replacés dans son casier. Les vidéos ? On la voit à proximité, mais pas rentrer dans les chambres. En matière de droit, la charge de la preuve repose sur l’accusation. Et là, le bât blesse. Un par un, Me Philippe Soussi et Me Mathurin Lauze vont démonter tous les arguments. Jusqu’à exposer au grand jour les béances d’une enquête qui avait dans un premier temps été classée sans suite. « Je suis très satisfait, mais scandalisé par l’instrumentalisation de la justice pénale par une partie civile qui n’a de partie civile que le nom », tonne Me Philippe Soussi à la sortie. La femme de chambre est donc relaxée. Resterait donc un mystérieux rat d’hôtel, amateur de jeux de sociétés...