Nice-Matin (Cannes)

Construite­s à Grasse La villa Habanita transformé­e

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La rue Cresp qui ressemble à une calade pentue était encore très passante au siècle dernier. Les ouvriers qui travaillai­ent dans les usines toutes proches l’empruntaie­nt pour rejoindre leur domicile du centre-ville. Les paysans, venant de la campagne, gravissaie­nt cette montée avec leurs chariots tirés par des ânes. La demeure de monsieur et madame Porre offre une façade sobre et imposante. La porte d’entrée ornée d’un heurtoir s’ouvre sur un hall où prend naissance l’escalier qui conduit aux étages. Des marches couvertes de tomettes, une rampe en fer forgé ouvragé et la boule en verre qui surmonte la colonnette an bas de la cage évoque le style provençal des hôtels particulie­rs du début du XIXe siècle. Un mécanisme astucieux, constitué d’une longue tige métallique reliée à la porte d’entrée permettait à chaque locataire d’ouvrir la porte depuis son palier (photo ci-contre). On se souvient du petit chaperon rouge dont la grand-mère lui demandait de tirer sur la chevillett­e pour que la bobinette tombe et ouvre les bords battants. Au fond du couloir, une porte s’ouvre sur un petit jardin où pousse un bananier, un pamplemous­sier et autre citronnier. Une ancienne lapinière installée autrefois, abrite aujourd’hui les outils. Un lavoir, une petite fontaine et un banc en pierres constituen­t le mobilier. Les deux époux, aujourd’hui retraités éprouvent une véritable passion pour leur demeure qui nous replonge dans l’univers balzacien. Ancienne demeure ayant appartenu au parfumeur Bruno-Court, cet immeuble domine l’avenue Thiers. L’appartemen­t de Françoise Demain, bien connue des Grassois pour son applicatio­n au sein de différente­s associatio­ns de la cité des parfums, présente un style Belle Époque soigneusem­ent mis en valeur par la résidente. La vaste terrasse offre un Fondée en 1849, la parfumerie Molinard proposait au départ des eaux parfumées. Le site du boulevard Victor-Hugo fut aménagé dans les années 1890. Un premier atelier se trouvait alors sur les Terrasses Tressemane­s, non loin du moulin alimenté par le Riou Blanquet. Une boutique proposait les parfums de la société devant le Square du Clavecin. En 1921, fut créé le parfum Habanita, une fragrance destinée aux femmes de la Belle Époque qui fumaient. Ce parfum « pour cigarettes » reste aujourd’hui intemporel. La villa Habanita, présente une architectu­re recherchée, faite de loggias, de claustras et de ferronneri­es ouvragées. L’intérieur est composé de vastes pièces aux plafonds à entablemen­ts, décorés de frises florales. Une cuisine présente de curieux meubles, dont une desserte avec des tiroirs alvéolés destinés à recevoir les louches, pelles à tartes et autres pièces et couverts de ménagères

en argent. panorama qui se déroule jusqu’à la mer. Autrefois une pièce d’eau et une pergola toutes deux disparues, entretenai­ent une ambiance fraîche et reposante. Les très hauts plafonds, les ferronneri­es ouvragées des fenêtres évoquent le bâti haussmanni­en. Le jardin sur restanques, sis à l’arrière de l’immeuble est complanté d’oliviers, d’orangers et de citronnier­s. On découvre aussi un lavoir qui évoque le temps des buandières qui armées de leur petit battoir, lessivaien­t le linge à grande eau avant de le mettre à sécher sur les planches gazonnées du jardin. Comme le souligne si bien Françoise, ce petit Eden représente un havre de paix et de sérénité où elle aime se promener et lire.

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Des pièces de la villa Habanita accueillen­t des ateliers de la parfumerie Molinard.
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