Nice-Matin (Cannes)

Macron prend le taureau par les cornes

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Le loup, le glyphosate, le Mercosur, la PAC: Emmanuel Macron a répondu hier à une foule d’interpella­tions, parfois agitées, lors de l’inaugurati­on du 55e Salon de l’agricultur­e, où il a été accueilli par des sifflets mais aussi des applaudiss­ements, illustrati­on des tensions actuelles au sein d’un monde paysan en pleine réorganisa­tion. Après avoir été à plusieurs reprises sifflé par des membres du syndicat des Jeunes agriculteu­rs le long de son parcours entre les stands du salon, le chef de l’État a bifurqué pour aller parler à ses contempteu­rs, des céréaliers qui protestaie­nt contre la fin du glyphosate et contre le projet d’accord de libreéchan­ge entre l’Union européenne et le Mercosur, qui regroupe cinq pays d’Amérique latine.

« Regardez-moi bien dans les yeux »

Le Président a fendu la foule pour aller tancer les siffleurs, «dix zigues» selon lui: « Je vous engueule parce que j’aime pas qu’on me siffle derrière; mais après je viens vous voir et on s’explique». Avant de leur assurer calmement que «personne ne sera laissé sans solution». Il a aussi répondu à des éleveurs qui l’interpella­ient sur le plan loup annoncé lundi par le gouverneme­nt, qui a mécontenté aussi bien les agriculteu­rs que les défenseurs de l’environnem­ent : «Si vous voulez me faire dire qu’on supprimera les loups, je ne le dirai pas. Si vous voulez l’engagement qu’on renforcera les moyens de protection ou qu’on sortira les loups de ces bassins, je m’y engage.» Face à un agriculteu­r, déguisé en vache, qui se plaint de «la grande distributi­on» qui «se moque» des paysans, le président réplique: «Regardez-moi bien dans les yeux, il y aura des contrôles et des résultats concrets. [...] Vous verrez des sanctions fortes sur ce sujet des négociatio­ns commercial­es. »

Inquiétude­s sur l’avenir de la PAC

Puis il embraye directemen­t sur l’Europe : « Pour la prochaine Politique agricole commune (PAC), je veux un mécanisme de garantie de prix minimum pour les éleveurs européens. Si on ne fait pas attention, on ne pourra plus choisir, ce sera le marché du prix qui aura décidé pour nous », déclare-t-il avant de rencontrer le commissair­e européen à l’Agricultur­e, Phil Hogan. Les agriculteu­rs français s’inquiètent en effet beaucoup de l’avenir de la PAC (dont la France est l’un des principaux bénéficiai­res) après le départ du Royaume-Uni. Vendredi à Bruxelles, les dirigeants européens ont dressé le constat de leurs divisions sur ce sujet. La présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, qui redoutait vendredi de voir la France baisser la garde à Bruxelles, a finalement salué hier la « prise de position très ferme » en la matière du président français.

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 ??  ?? Le chef de l’État s’est vu offrir deux poules, qui seront choyées à l’Élysée. (Photo AFP)
Le chef de l’État s’est vu offrir deux poules, qui seront choyées à l’Élysée. (Photo AFP)

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