Migrants : et maintenant ?
Ils sont plusieurs milliers à avoir passé la frontière, plusieurs milliers à avoir été refoulés. Alors que le gouvernement a dévoilé son projet de loi « Asile et immigration », le discours a parfois du mal à coller à la réalité
48 870 interpellations ont eu lieu en 2017 à la frontière italienne. Un record. À Vintimille, ce sont des jeunes, venus de toute l’Europe, qui font face à l’urgence. L’apprentissage du français, solution d’intégration.
L« es migrants » ne laissent personne indifférent. Il y a les « pro » et les « anti ». Institutionnels, associatifs, habitants, il y a ceux qui sont chargés de conduire une politique, ceux qui la subissent, qui l’approuvent ou qui la critiquent, ceux qui désobéissent. Ceux qui en discutent au café et ceux qui hurlent leur avis sur les réseaux sociaux, en lettres capitales avec des points d’exclamation. Le mois dernier, le préfet des Alpes-Maritimes a annoncé 48 870 interpellations en 2017 dans le département, soit 10 000 de plus qu’en 2016. «Un nombre record », a-t-il commenté. Un migrant pouvant avoir été interpellé à plusieurs reprises, il est impossible de connaître le nombre exact de personnes qui ont été remises aux autorités italiennes. 370 passeurs ont été arrêtés. Depuis le 1er septembre 2016, 16 hommes et une femme sont morts en essayant de franchir la frontière qui sépare l’Italie de la France. Aujourd’hui, une centaine de personnes tentent chaque jour de « passer » depuis l’Italie, en dépit du renforcement des contrôles. Pour combien de demandes d’asile effectivement déposées dans le département ? En 2016, la plateforme « Forum Réfugiés » n’en enregistrait que 1 104 et indique que « très peu d’entre elles provenaient de migrants arrivant d’Italie». D’abord, pointe « Forum Réfugiés », « parce qu’ils sont rarement informés de la possibilité de demander l’asile lorsqu’ils sont interpellés », ensuite parce que la quasi-totalité relève de la procédure « Dublin », qui les oblige à demander l’asile dans le premier pays européen où ils ont été contrôlés, autrement dit l’Italie (lire aussi en page 4). Vivement critiqué par les associations qui accompagnent les migrants, le projet de loi « Asile et immigration » présenté cette semaine par le gouvernement permettrait, selon lui, de « mieux maîtriser les flux migratoires, améliorer les traitements des demandes et les conditions d’accueil », ou encore «lutter plus efficacement contre l’immigration irrégulière». De migrants à « demandeurs d’asile » puis « réfugiés », à quoi ressemble le parcours de ceux qui ont réussi à passer la frontière ? Quelle prise en charge pour les autres, qui dépendent souvent des solidarités locales « en attendant » ?