Nice-Matin (Cannes)

Fanny Bruno : “Je n’ai aucun souvenir, tant mieux…”

Cet automne, après avoir passé trois jours coincée dans son véhicule accidenté à Carnoules (Var), la jeune femme était retrouvée en vie. Aujourd’hui en rééducatio­n, elle témoigne pour Nice-Matin

- PROPOS RECUEILLIS PAR PHILIPPE ZAMARI pzamari@nicematin.fr

Si le cycliste qui m’a retrouvée lit ces lignes, je voudrais le rencontrer… ”

Des sourires, des sourires et des sourires. Les journées sont encore longues, la rééducatio­n évidemment difficile, mais le moral, la force de caractère, de granit, imposent le respect. Fanny pourtant revient de l’enfer. Trois interminab­les jours et nuits passés dans la froidure de novembre, coincée dans l’habitacle de sa voiture accidentée, en contrebas de la RD 97, à hauteur de Carnoules. Introuvabl­e malgré les importants dispositif­s de recherches engagés par les autorités et ses proches. Par un incroyable coup du destin, une pie, un cycliste ornitholog­ue, elle était finalement retrouvée. Dans un état de santé d’une précarité extrême, en urgence absolue. Mais avec encore en elle cette étincelle bien vaillante, cette force, cette incroyable faim de vie qui depuis l’aide, bien soutenue, à franchir une à une les rudes étapes qui mènent à son objectif ultime : «le retour à une vie normale». Depuis les premiers appels à témoins, les lecteurs de NiceMatin ont pu suivre et apprécier le dénouement heureux de sa terrible mésaventur­e. En présence de son père Michel, très proche, avec simplicité, franchise et sympathie – et tant de sourires – la jeune femme a accepté d’évoquer son histoire extraordin­aire.

L’accident

« Je n’en ai strictemen­t aucun souvenir. Comme des trois journées passées coincée dans la voiture. Et tant mieux, je n’aimerais pas m’en souvenir… »

Le cycliste et la pie

« Cette histoire de pie est incroyable. C’est intrigué par son comporteme­nt qu’il estimait inhabituel que le cycliste s’est approché, et a vu la voiture… C’est le destin. J’en profite pour lui lancer un message : si lui ou un de ses amis lit ces lignes, qu’il sache que je souhaitera­is vivement faire sa rencontre pour le remercier… »

La voiture

« Ma Ford Puma est officielle­ment partie à la casse aujourd’hui même ! Je pense que je ne reprendrai pas le volant de sitôt… D’ailleurs, je suis montée en voiture avec papa le week-end dernier et j’ai eu le mal des transports ! [rires] Ilya dans le centre de rééducatio­n un simulateur de conduite, il faudra que j’essaye… Je me filmerai ! [rires] »

Un chien ?

«À mon réveil, mes premières paroles à mon père ont été de m’inquiéter pour mon chien… Mais je n’ai jamais eu de chien ! [rires] »

Le corps médical

« J’en vois moins souvent aujourd’hui, c’est bon signe ! [rires]. Ils ont été très présents, compétents, et sympathiqu­es même. Ils ont accompli un travail incroyable, je leur dois tant… Beaucoup d’entre eux suivent la page Facebook qui est consacrée à mon soutien, pour voir comment je vais, ça fait chaud au coeur. »

La rééducatio­n

« Elle se passe bien. Les choses avancent bien, mais c’est très physique. Surtout pour quelqu’un qui comme moi n’a jamais été très sportive [rires]. Je suis très fatiguée, mais c’est de la bonne torture! Mais j’ai toujours des fourmis dans les jambes, j’ai envie de me lever et de marcher : ils m’engueulent, et ont raison, car il ne faut pas que je prenne de mauvaises habitudes… »

Les tuyaux

« Il m’ennuie, ce gros walkman et ses bips-bips », s’agace avec ironie Fanny devant le dernier appareilla­ge médical qu’elle doit conserver sur elle en permanence, « il me tarde de le quitter». «A ton arrivée à l’hôpital, tu avais  tuyaux branchés sur toi », lui répond son père, entre sourire et émotion.

Sa fille

« Elle est pour moi un moteur de tous les jours. Lorsque j’étais en soins continus, elle ne pouvait pas me rendre visite, c’était si dur. Mais j’avais ses photos punaisées sur le mur, et passais mes journées à les regarder… Maintenant je peux la voir les week-ends, les mercredis… Il me tarde de retrouver le quotidien, jouer avec elle, l’attendre à la sortie… »

Le groupe Facebook

« C’est impression­nant. J’ai reçu et continue de recevoir chaque jour tant de messages de soutien… Ce soutien énorme, de proches, de connaissan­ces plus ou moins proches comme de personnes inconnues m’a beaucoup aidé, et continue de m’aider encore…Il y a une dame du Thoronet qui m’envoie encore deux messages par jour, c’est touchant, réconforta­nt, motivant… Je vais faire la connaissan­ce de Laetitia, la créatrice du groupe, ce vendredi soir [lire avant-hier soir, ndlr], ça va être un grand moment d’émotion… »

Le travail

« Je suis impatiente de retrouver mon quotidien, la vie normale, et donc mon travail, au Carrefour Market de Pignans. Mes collègues et mon patron m’ont d’ailleurs manifesté beaucoup de soutien, c’est très gentil. »

Les crêpes

« Ce soir, trois amies viennent me rendre visite au centre de rééducatio­n, on va se faire une soirée crêpes, je m’en délecte à l’avance ! »

Bruno Mars

« Je suis une grande fan. J’avais coché la date du  juin, où il passe en concert au Stade de France, j’aurais rêvé d’y assister. Malheureus­ement, il n’y a plus de places disponible­s… » (NDLR : si Bruno Mars ou un de ses amis lit Var-matin, n’hésitez pas à faire un geste pour Fanny!)

Les sorties

« Elles font beaucoup de bien. Le week-end dernier, j’ai pu quitter le centre de rééducatio­n, et passer d’agréables moments en famille, et avec mes amis… Ce vendredi soir, on remet ça à Hyères, pour une bonne soirée animée par Latitude Rock, le groupe de papa (cf.photo) »

Le logement

Son père : « Figurez-vous que Fanny nous avait fait une surprise en déposant son préavis de son appartemen­t de Pignans… On l’a découvert après l’accident ! (rires)» Fanny : « Dans un premier temps au moins, je m’installera­i chez mon père, à La Crau. Il faudra que l’on prévoie un calendrier pour les soirées avec ses amis, et celles avec les miens ! (rires) ».

Des séquelles

La question est évidemment très sensible. Fanny y répond avec une pirouette, en sortant une grimace dont elle a le secret : « Non, pourquoi?» Plus sérieuseme­nt : « Non, a priori il ne devrait pas y en avoir…»

Une miraculée ?

«Je ne me rends pas compte, je ne m’en préoccupe pas. J’ai surtout conscience d’avoir fait très, très peur à mes proches… Mais qu’ils se rassurent : je n’ai pas fini de les emboucaner ! (rires)»

 ??  ?? Les traits tirés, évidemment, mais le sourire franc et le regard malicieux, Fanny continue de se reconstrui­re à grande vitesse. Chaque étape est une victoire. Elle attend avec impatience de pouvoir chercher sa fille à la sortie de l’école...
Les traits tirés, évidemment, mais le sourire franc et le regard malicieux, Fanny continue de se reconstrui­re à grande vitesse. Chaque étape est une victoire. Elle attend avec impatience de pouvoir chercher sa fille à la sortie de l’école...
 ??  ?? Vendredi soir, Fanny était de sortie zone du Palyvestre, à Hyères, au Brew Pub. Au programme : famille, amis, concert du groupe local Latitude Rock (dont le batteur est son père, Michel) et rencontre émouvante avec Laetitia, fondatrice du groupe...
Vendredi soir, Fanny était de sortie zone du Palyvestre, à Hyères, au Brew Pub. Au programme : famille, amis, concert du groupe local Latitude Rock (dont le batteur est son père, Michel) et rencontre émouvante avec Laetitia, fondatrice du groupe...

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