«Pétain n’a pas failli à l’honneur»

Deux haines viscérales habitent Jean-Marie Le Pen : celle du communisme et celle de Charles de Gaulle. Il s’étend peu sur le premier, estimant que l’histoire lui a déjà réglé son compte. «Les anticommunistes des années quarante et cinquante ont sauvé l’honneur de la France. Nous avons fait notre devoir quand il fallait se battre contre le monstre, que ses attachés de communication paraient de toutes les vertus. » Il s’attarde plus longuement sur de Gaulle, dont la statue n’a pas été déboulonnée. «Je ne reproche pas à de Gaulle son intuition, juste, de la victoire alliée. Je lui reproche son mépris des hommes, les petits moyens odieux dont il se servit pour prendre le pouvoir. Je déplore qu’il ait imposé à la France une guerre civile inutile et injuste… En Algérie comme lors de la Seconde Guerre mondiale, la faute du Général touche moins son choix que son attitude morale… Quitter l’Algérie était sans doute inéluctable, mais il y avait la manière et la sienne fut horrible. Appelé par les pieds-noirs pour les sauver, il les livra au bourreau.» Dans son collimateur, le récit de la Résistance tel qu’il a été sacralisé et les excès de représailles de ceux qui étaient souvent les convertis de la dernière heure. En chargeant de Gaulle, Le Pen veut toujours réhabiliter Pétain: «L’histoire a avalisé le jugement militaire du général de Gaulle, mais cela ne délégitime pas pour autant l’action politique du maréchal Pétain. Si de Gaulle a eu de la vista, Pétain n’a pas manqué à l’honneur en signant l’Armistice… La France pensait d’abord à survivre, l’écrasante majorité de la population suivait le Maréchal, en espérant qu’il allait la protéger. De Gaulle gardait d’ailleurs son estime au vainqueur de Verdun. »