Nice-Matin (Cannes)

Nicolas Vouilloz : une vie bien remplie

Vous connaissie­z le champion de VTT. Voici le nouveau Nicolas Vouilloz : développeu­r de vélos, détecteur de talents et jardinier des sentiers...

- GREG GERMAIN

Je ne roule plus pour les même choses...”

Après trois décennies de compétitio­n au plus haut niveau, Nicolas Vouilloz a fini par raccrocher les crampons à la fin de la saison 2016. Enfin, « raccrocher les crampons », c’est beaucoup dire, car à vrai dire il n’a pas du tout arrêté d’enfiler les sentiers; il a juste cessé de le faire avec une plaque de course accrochée devant. Et c’est donc, sur son vélo, qu’on a retrouvé le décuple champion du monde il y a quelques jours, sur “ses” sentiers, à Berre-les-Alpes. L’occasion de partager un petit moment de ride avec lui, de lui poser quelques questions et de découvrir ses dernières créations. Elles sont de deux ordres : d’une part les vélos qu’il aide à concevoir pour le compte des Cycles Lapierre (ça, c’est la partie profession­nelle, son job à plein-temps depuis qu’il a mis un terme à sa carrière d’athlète), et d’autre part les sentiers qu’il a récemment rouverts dans les vallées des Paillons (ça, c’est la partie personnell­e, son hobby de jeune retraité qui met à profit toutes les heures qu’il ne passe plus à s’entraîner pour rafraîchir des chemins). Micro, ça roule...

Fin , tu mettais un terme à ta carrière sportive. Que fais-tu aujourd’hui ?

Je ne cours plus certes, mais je suis plus impliqué que jamais dans le monde du VTT. Cela fait plusieurs années que je travaille avec les ingénieurs du R&D Lapierre, dans le cadre de la conception puis du testing des futurs vélos. Et maintenant que je suis un peu plus disponible qu’avant, cela a pris une toute autre dimension. Mon dernier gros projet, par exemple, c’est la création de l’Overvolt Carbone, un vélo d’enduro à assistance électrique dont j’ai été le maître d’oeuvre. Et bien sûr, il y a toute la communicat­ion qui va autour, les lancements, les événements, les réunions... Bref, je ne m’ennuie pas, d’autant qu’en parallèle, je m’occupe également du team d’enduro et de nos deux pilotes - azuréens d’ailleurs Adrien Dailly et Chloé Gallean.

Adrien Dailly, justement, parlons-en. C’est lui qui a pris ta relève en enduro chez Lapierre...

Effectivem­ent, après avoir partagé mes dernières saisons avec lui au sein du team, et l’avoir épaulé durant ses années junior, Adrien a plongé tout seul dans la catégorie reine en . Et force est d’admettre que, même si je ne doutais pas de son talent et de ses capacités, qu’il m’a bien bluffé l’année dernière par ses résultats (ndlr : le Niçois a remporté en  trois manches de coupe du monde et le titre de vice-champion du monde, dès sa première saison élite), mais aussi sa maîtrise, sa sérénité et le mental qu’il a témoigné jusqu’au bout dans son combat pour le titre face à Sam Hill, qui n’est pas n’importe qui. Du coup, je suis vraiment content qu’il ait resigné pour deux saisons avec Lapierre, et je suis très excité de voir ce qu’il va faire en . En ce qui me concerne, j’essaie de m’impliquer autant que possible pour lui apporter un maximum de support - de même que je le fais avec Thibaut Daprela -, surtout au niveau du

matériel.

Et toi, tu roules toujours ?

Oui, bien sûr, quelle question !? Mais plus pour les mêmes choses... Avant, je partageais mon temps de selle à m’entraîner, faire des courses et tester des vélos. Aujourd’hui, je continue à éprouver les vélos Lapierre sur le terrain, et j’ai également des feedbacks à envoyer régulièrem­ent à Shimano, dont je suis ambassadeu­r. Mais je n’ai plus d’objectifs sportifs, donc quand le boulot est fini et le week-end, je peux aller rouler pour le plaisir, m’amuser dans les collines et en profiter pour prendre soin de nos chemins.

« Prendre soin des chemins », c’est-à-dire ? Je cherche des nouveaux sentiers, et avec quelques potes on les entretient, on les nettoie, on les répare et on rouvre des traces qui ont été rattrapées par la végétation. Petit à petit, on a pas mal remis à jour le réseau sur Berre-les-Alpes et Peille notamment. L’idée, c’est de proposer des lignes sympas aux gens qui viennent rouler, participer au plaisir des pratiquant­s, à notre plaisir personnel aussi, et d’une certaine manière rendre la pièce de tout ce que ces sentiers m’ont donné pendant des années (). (1) : Pensez-y si vous allez rouler dans le secteur, vous poserez très certaineme­nt vos crampons sur un chemin bichonné par un grand champion, ce n’est pas rien.

 ?? (Photos G. Germain) ?? Nicolas Vouilloz, retraité ? Toujours un casque sur la tête en tout cas !
(Photos G. Germain) Nicolas Vouilloz, retraité ? Toujours un casque sur la tête en tout cas !
 ??  ?? Sur ‘’ses’’ dalles de Berre-les-Alpes.
Sur ‘’ses’’ dalles de Berre-les-Alpes.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France