Nice-Matin (Cannes)

Entretien « Dans mon élément » Sa fiche

- VINCENT MENICHINI

Neal Maupay en est à sa sixième saison en profession­nel, déjà... « Oui, mais on l’oublie parfois, je n’ai que 21 ans », s’amuse l’actuel attaquant de Brentord (10e de Championsh­ip). Passé par Valbonne et formé à l’OGC Nice, celui que l’on surnommait le « petit taureau » s’éclate en D2 anglaise (31 matchs, 8 buts). L’ambiance dans les stades, les spécificit­és du football britanniqu­e, ses ambitions : Maupay raconte sa nouvelle vie. « Brentford est juste à côté de Londres. Il y a pire, non ? Disons que la famille et les amis viennent davantage que lorsque je jouais à Brest. »

Alors Neal, c’est comment la vie en Angleterre ?

Je me plais vraiment. Cela n’a même rien à voir au niveau de l’atmosphère. C’est une tout autre culture, une approche du football qui me correspond. Je m’éclate.

Qu’est-ce qui change par rapport à la France ?

En Championsh­ip, il y a  équipes donc on joue tous les trois jours. Tu n’as pas le temps de gamberger. Tu joues dans des stades de dingue. Par exemple, la semaine dernière, on a joué à Sunderland, il y avait   spectateur­s. Imagine la même chose pour un match de Ligue  en pleine semaine ! C’est impossible... Au niveau de l’intensité, c’est le jour et la nuit par rapport à la France.

C’est-à-dire ?

Disons qu’il faut être costaud. En France, quand tu es pressé par le défenseur, si tu tombes suite à un léger contact, l’arbitre va siffler direct. On m’avait prévenu que ça envoyait en Angleterre, mais je ne pensais pas à ce point. J’ai vite compris qu’ici, pour qu’il y ait faute, il faut vraiment y aller. Mais ce qui est top, c’est que personne ne se plaint.

A l’entraîneme­nt, aussi, les contacts sont rudes ?

Oui, il m’a fallu un petit temps d’adaptation. Lors des séances, il y a une intensité incroyable. Les défenseurs et les milieux, ils te ‘‘filent’’. Il n’y a pas de calcul, pas de retenue. C’est culturel et tout le monde l’accepte. Moi, ça me plaît. En France, il y aurait des bagarres lors de chaque entraîneme­nt (rires).

Le football anglais colle bien avec votre mentalité...

Oui, oui, je m’éclate. Je suis dans mon élément (sourires). Après ma saison à Brest, j’avais envie d’enchaîner les matchs, de me sentir important. Si c’est pour jouer un match sur cinq, ça ne me va pas. Ce que j’aime, c’est la compétitio­n, la pression des matchs, l’atmosphère qui se dégage d’un stade. Je suis servi en Championsh­ip.

Et vos coéquipier­s, ils sont comment ?

Il y a un Français et après c’est très « anglais ». J’adore leur mentalité. Ce sont des gars respectueu­x, bosseurs... Malgré la concurrenc­e, tu ne ressens jamais de jalousie, d’aigreur chez un coéquipier. Ici, on bosse, qu’il vente ou qu’il neige ! Plus jeune, j’ai fait des erreurs. Disons que les Latins, on aime bien râler pour rien.

On se prend moins la tête chez les voisins britanniqu­es...

Oui, par exemple, on ne fait pas de mises au vert. Quand tu joues à  heures, le coach te donne rendez-vous à  heures. Il y a juste une collation, pas de marche, etc. Le coach nous responsabi­lise et nous invite même à nous lâcher quand on est « off ». Par contre, quand tu reviens à l’entraîneme­nt, mieux vaut ne pas tricher.

Vous n’avez jamais regretté votre choix ?

(Direct) Jamais. Ce fut une décision réfléchie. Je ne suis pas parti au bout du monde. Des Londres-Nice, il y en a cinq par jour.

Londres, on a connu pire comme première expérience à l’étranger...

Oui, c’est top ! J’ai un appartemen­t à deux pas du stade, à dix minutes du centre d’entraîneme­nt. Dès que j’ai du temps libre, je prends le métro et je vais me balader à Londres, tranquille. Je peux aller me poser dans un pub et regarder un match de Premier League tranquille. C’est l’avantage aussi en Angleterre. A part à Brentford, je passe inaperçu partout. La vie est belle, tranquille. Bon, je n’ai jamais couru après la notoriété.

Et l’anglais, vous maîtrisez ?

J’ai bien progressé. Je comprends tout. Mais à mes débuts, mon anglais scolaire ne m’a servi à rien. C’est là que tu te rends compte que cela ne sert pas à grand-chose de savoir dire ton âge et ton prénom.

Après un bon début de saison, vous avez connu un creux à l’automne...

Oui, mais c’est logique car je n’avais pas effectué de préparatio­n complète cet été. Il a fallu s’accrocher, ne rien lâcher, et là, ça revient. Je suis en forme et en confiance. J’en suis à huit buts en championna­t et un en Coupe. C’est plutôt pas mal, mais j’espère en mettre encore plein d’autres d’ici la fin de saison.

Quels sont les objectifs de Brentford ?

On a envie d’aller chercher les play-off. On m’en a parlé, ça donne très envie. La finale se joue à Wembley et l’ambiance y est grandiose, paraît-il. On n’est pas si loin.

Vous ne vous êtes pas totalement perdu, donc...

En France, on ne connaît pas la D anglaise. Pourtant, le foot se vit à fond et avec parfois plus de passion qu’en Ligue  où à part à Nice, Saint-Etienne ou Marseille, ce n’est pas la folie niveau ambiance. Les clubs de Championsh­ip ont des moyens financiers du niveau de certains clubs de Ligue .

Et le Boxing Day, c’est comment ?

Ah, ça, c’était marquant. On a joué le  décembre, le  on a effectué un décrassage, avant de couper le  et rejouer le . C’était la fête dans le stade, un moment qu’il faut vivre au moins une fois dans sa carrière.

Vous gagnez mieux votre vie ?

Oui. Mais ça ne fait pas tout. Cette saison, j’ai affronté John Terry qui joue à Aston Villa. Un gros match dans un stade grandiose comme Villa Park. Celui de Wolverhamp­ton est énorme aussi. A Norwich, à Sunderland, c’est top aussi. Le nôtre à Brentford est plus petit (d’une capacité de   places), mais il est toujours plein, même en semaine quand il y a Chelsea - Barcelone.

Vous suivez toujours les résultats du Gym ?

Oui, bien sûr. J’ai regardé les matchs contre Moscou. C’est dommage. A l’aller, c’est interdit de perdre alors que tu gagnes -. J’ai gardé plein de contacts, plein d’amis.

 ?? (Photo P. Lapoirie) ?? Neal Maupay ✓ Né le  août  à Versailles ( ans) ✓ ,m, kg ✓ Carrière : Depuis  : Brentford - : Brest - : Saint-Etienne - : Nice
(Photo P. Lapoirie) Neal Maupay ✓ Né le  août  à Versailles ( ans) ✓ ,m, kg ✓ Carrière : Depuis  : Brentford - : Brest - : Saint-Etienne - : Nice

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