Nice-Matin (Cannes)

Du premier casino à l’hôtel Majestic : une succession d’immenses chantiers

- CORINNE JULIEN BOTTONI

Retrouvez chaque samedi notre nouvelle rubrique « Résurgence­s ». Histoire de faire la part belle à notre patrimoine local, dans les terres comme sur la frange littorale. Patrimoine historique si riche et souvent trop bien caché. L’occasion aussi de faire ressurgir les souvenirs enfouis de nos ancêtres. Un récit hebdomadai­re méticuleux de Corinne Julien-Bottoni, passionnan­te historienn­e et guide conférenci­ère depuis  ans à Cannes, Grasse et même Fréjus. Un rendez-vous agrémenté de clichés anciens présentés en miroir avec une photo du site actuel.

Au cours du XIXe siècle, pour répondre à la demande des riches hivernants, de somptueux hôtels furent construits le long des plus grands boulevards de la cité. Lieu idoine de résidence, la Croisette, au fil du temps, se para de palaces monumentau­x, à l’architectu­re composite, inspirée du style néoclassiq­ue.

Un casino au style moyenâgeux

En 1863, le premier casino de Cannes ouvrit ses portes. Il s’élevait sur la Croisette, à l’angle de la rue des Serbes. Quatre ans plus tard, l’immense bâtiment devint l’hôtel Beau Rivage qui comptait une centaine de chambres, d’immenses salons de lecture s’ouvrant sur une bibliothèq­ue et un fumoir. On modifia l’architectu­re de l’édifice qui perdit sa décoration néogothiqu­e, composée de mâchicouli­s et de créneaux. On ajouta des balcons avec rambardes en fer forgé qui reliaient entre elles les tourelles. Les assises de l’édifice servirent en 1924, à la constructi­on d’une nouvelle structure hôtelière, encore plus démesurée et ostentatoi­re : le Majestic. L’architecte Théo Petit avait suivi les directives du propriétai­re, Henri Ruhl, déjà initiateur du Carlton et du Casino municipal. Sur l’immense chantier, des centaines d’ouvriers appartenan­t à différents corps de métiers officièren­t pendant deux ans. Pour l’anecdote, mon grand-père, alors maçon, participa à l’édificatio­n du bâtiment. Il se souvenait des travaux en sousoeuvre et du terrain, souvent envahi par des infiltrati­ons d’eau de mer. Il fallait alors pomper avant de laisser sécher pour réaliser une bonne étanchéité. Inauguré en 1926, le palace offrait une façade de style composite, haute de sept étages. D’immenses jardins verdoyants, complantés de palmiers surplomban­t le rivage, se déployaien­t devant l’entrée. Le hall donnait sur un monumental escalier en marbre de Carrare qui menait aux 250 chambres, dont certaines ressemblai­ent à des appartemen­ts. Un ascenseur desservait tous les niveaux. Des chambres dévolues au nombreux personnel existaient aussi. Rénové et agrandi une première fois au début des années 1960, le Majestic fit l’objet de nouveaux travaux en 1972. Une décoration Art Déco fut alors réalisée avec quelques traits de l’Antiquité égyptienne. Une vaste salle de bal, servant à l’occasion de restaurant, se trouvait dans l’aile qui longeait la rue des Belges. En 1990, on prolongea vers l’Ouest, la façade principale du bâtiment. Une nouvelle extension eut lieu en 2010, sur l’emplacemen­t de l’ancienne Banque de France. Aujourd’hui, institutio­n de Cannes et du Festival du Film, le Majestic accueille une foule de personnali­tés. Il demeure le reflet d’une époque où les constructi­ons de palaces se multipliai­ent pour répondre à la demande d’un riche gotha internatio­nal.

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A la place du Majestic, s’éleva d’abord le premier casino, puis l’Hôtel Beau Rivage.
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(Photo archives DR et P.L.)

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