Nice-Matin (Cannes)

César 2018 : 120 battements de coeur par minute de cérémonie

La 43e cérémonie des César du cinéma a ménagé le suspens jusqu’au bout pour le sacre du meilleur film de l’année. Swann Arlaud (Petit Paysan) et Jeanne Balibar (Barbara) récompensé­s

- PHILIPPE DUPUY pdupuy@nicematin.fr

Quel suspens! Jusqu’au bout, malgré l’accumulati­on de statuettes, on a retenu son souffle craignant qu’il manque à 120 battements par minute la plus importante : celle du meilleur film. Film immense, à la fois histoire d’amour, récit d’un combat politique et reconstitu­tion d’époque (le début des années 80), 120 battements par minute avait déjà raté d’un cheveu la Palme d’or à Cannes (où il a quand même reçu le Grand Prix). On aurait détesté qu’il n’ait pas le César suprême. Avec six statuettes Robin Campillo et son

(1) équipe ont fait le plein et c’est totalement mérité. On incite tous ceux qui ne l’ont pas encore vu à acheter le dvd où à le louer en vidéo à la demande, car en plus d’être un grand film, 120 battements par minute est un film utile. Il rappelle, comme l’a dit Robin Campillo, son réalisateu­r, que dans les drames qui secouent la planète, la devise d’Act-Up, «Silence = Mort», est plus que jamais d’actualité. Cela s’applique aussi, évidemment, aux violences faites aux femmes contre lesquelles les invités de la cérémonie affichaien­t leur solidarité en arborant un ruban blanc à la boutonnièr­e. Bien qu’absent, l’autre grand gagnant de la soirée est Albert Dupontel dont le film Au revoir là-haut a récolté cinq César (2). C’est parfaiteme­nt mérité, compte tenu de l’ambition et de la réussite esthétique de cette adaptation du Prix Goncourt éponyme de Pierre Lemaitre. On se réjouit aussi de la belle moisson de César récoltés par Petit Paysan, d’Hubert Charuel (3). Ils récompense­nt un premier film qui réussit l’exploit d’être à la fois un drame paysan, un thriller, un film fantastiqu­e et une comédie. Jeanne Balibar était la grande favorite pour le César de la meilleure actrice : elle l’a reçu pour son épatante incarnatio­n de L’Aigle Noir dans le film de son excompagno­n Mathieu Amalric. Mais le palmarès n’est pas tout. Après Florence Foresti en 2016 et Jérôme Commandeur l’an dernier, il revenait à Manu Payet la lourde charge d’animer la cérémonie. L’humoriste s’en est plutôt très bien tiré, avec humour, classe, talent et un grand sens du spectacle. On signe pour qu’il revienne l’année prochaine. Avec Dany Boon, qui a de grandes chances de rempiler pour le César du public avec La Ch’tite Famille...

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(Photo AFP)  battements par minute de Robin Campillo a raflé six statuettes, dont celle du meilleur film.

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