Nice-Matin (Cannes)

Quels droits pour les patients en 2018 ?

À la une Disposer d’une informatio­n claire et complète, accéder à son dossier médical, faire respecter sa volonté… instaurés par la loi, ces droits sont-ils effectifs?

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin. fr

Quatre mars 2002. La loi Kouchner est promulguée (1) par le gouverneme­nt Jospin. Une loi de 119 pages qui consacre deux principes étroitemen­t liés l’un à l’autre: le consenteme­nt libre et éclairé du patient aux actes et traitement­s qui lui sont proposés, et son corollaire, le droit du patient d’être informé sur son état de santé. Une véritable révolution qui signe le rejet du paternalis­me médical, marqué par l’autorité du praticien et l’infantilis­ation du malade. Exit le « Vous faites ce que je dis», le malade est désormais invité par la loi à devenir acteur de sa propre santé en participan­t activement aux décisions qui le concernent. Seize ans presque jour pour jour après la loi Kouchner, quel bilan ? Le patient exerce-t-il ses droits ? Les connaît-il au moins ? Ces nouveaux droits ont-ils bouleversé les relations entre malades et profession­nels de santé ? Ces questions ont fait l’objet d’échanges passionnan­ts entre les adhérents du club Santé de Nice-Matin.

Plus de confiance

« Les médecins ont vécu dans les premiers temps cette loi comme quelque chose qui remettait en cause leur statut. Ces temps sont révolus; la loi est entrée dans les pratiques. Il fallait comprendre que ce n’était pas une loi contre les médecins, mais pour la médecine », introduit Malik Albert, directeur général adjoint du groupe Saint George. Une loi dont chacun s’accorde à reconnaîtr­e qu’elle a permis de rétablir la confiance dans un système de santé jusque-là très opaque. Les patients sont sans aucun doute mieux informés que dans le passé sur leur état de santé, les soins et les traitement­s qui leur sont délivrés. Et c’est normal, puisque «l’informatio­n est devenue une démarche obligée pour les profession­nels de santé. » Sur simple demande, sans justificat­ion, les patients peuvent ainsi accéder à leur dossier médical. La loi leur permet aussi de réaffirmer leurs droits en terme de consenteme­nt aux soins, associé à la possibilit­é de désigner une personne de confiance susceptibl­e de prendre les décisions à leur place s’ils sont empêchés.

Nouvelle donne

Sur papier du moins, on ne peut que se féliciter de toutes ces avancées. Il reste que dans les faits, les patients se saisissent peu – ou pas – des droits qu’ils ont acquis. Malik Albert en convient : « Il faut que le patient se repère mieux dans le système de santé et qu’il utilise mieux ses droits. C’est là que l’on doit progresser ». Si la révolution annoncée par la loi Kouchner a un petit goût d’inachevé, cela tient peut-être aussi aux mentalités, comme le suggère Cécilia Breneur, infirmière libérale : « On est dans un changement de paradigme : avant, le médecin, l’hôpital, étaient au coeur de toutes les décisions. Aujourd’hui, il faut que ce soit le patient. » Et il n’est pas si simple de s’adapter à cette nouvelle donne.

 ?? (Photo F. Chavaroche) ?? « La loi du  mars  n’est pas une loi contre les médecins, mais pour la médecine », introduit Malik Albert, directeur général adjoint du groupe Saint George.
(Photo F. Chavaroche) « La loi du  mars  n’est pas une loi contre les médecins, mais pour la médecine », introduit Malik Albert, directeur général adjoint du groupe Saint George.

Newspapers in French

Newspapers from France