Dans quels cas ?
Le Dr François De la Brière, chef du service d’anesthésie des hôpitaux pédiatriques de Nice CHULenval, a posé une question... surprenante à l’occasion des 20e Assises ORL : « L’opération des amygdales, est-ce que ça fait mal ?» .Si l’on pose la question, c’est sûrement que la réponse est positive. Mais le professionnel se refuse à tout fatalisme et a présenté des moyens fiables pour atténuer les douleurs. D’abord, il s’agit de prescrire les bons médicaments, soit l’association paracétamol (antalgique) ibuprofène (anti-inflammatoire non stéroïdien), soit paracétamol - tramadol (analgésique central). Mais il soulève rapidement un problème : « Il faut améliorer l’observance : les parents ne donnent pas toujours bien les médicaments après l’opération. Peut-être pourrait-on utiliser un outil numérique de surveillance à domicile, une application smartphone par exemple, pour inciter les parents à mieux surveiller la douleur des enfants et à leur donner les antalgiques au bon moment ?».
Limiter l’anxiété Le Dr De la Brière ajoute que « pour diminuer la prémédication médicamenteuse, il faut aussi essayer de limiter l’anxiété périopératoire de l’enfant, simplifier l’accueil. » Un petit robot androïde a même été testé récemment au bloc opératoire de Lenval pour distraire les futurs opérés. Autre mode d’action sur la douleur : modifier la prise en charge. « Les ORL à Lenval ont changé leur technique opératoire, ils utilisent maintenant la radiofréquence. Plusieurs études en 2017 ont démontré que cette technique est nettement moins douloureuse.» Nouvelle approche au bénéfice des petits opérés, la reprise rapide de l’alimentation. «Des études montrent que lorsque l’enfant boit rapidement après l’opération (un liquide clair et sucré), il y a moins de nausées et vomissements. Nos jeunes patients ont donc droit à un Mister Freeze en salle de réveil, dès leur sortie du bloc !» Le recours à l’amygdalectomie est envisagé dans des cas bien précis :
Angines aiguës récidivantes ou chroniques (plus de fois dans l’année ou épisodes par an pendant les deux dernières années ou épisodes par an au cours des dernières années). En présence d’une angine bactérienne documentée par un prélèvement, il peut être nécessaire de traiter l’enfant avec des antibiotiques. Or l’amygdalectomie va permettre d’éviter de donner des antibiotiques à répétition. ➩ Troubles respiratoires obstructifs chroniques du sommeil de l’enfant. Le médecin les identifie en se basant sur un faisceau de symptômes observés au cours du sommeil type ronflements, pauses respiratoires, sueurs, énurésie nocturne, sommeil agité et aussi réveils difficiles et fatigue à l’école. ➩ Dans des cas plus rares : syndrome de Marshall (ou FPAPA : fièvre périodique, adénopathies, pharyngite, aphtose buccale), l’abcès (ou phlegmon) récidivant, la tuméfaction amygdalienne unilatérale suspecte de malignité. Le strict respect de ces indications doit permettre de limiter le nombre annuel d’amygdalectomies mais cette intervention demeure cependant indispensable pour améliorer la santé de nombreux enfants.