Nice-Matin (Cannes)

BASKET-BALL « On ne baisse pas les bras »

- RECUEILLIS PAR PHILIPPE HERBET

Février aura été un mois de souffrance pour les Niss’Angels, ballottées sur les parquets et, en interne, en proie au doute après les départs de leur entraîneur, Jimmy Vérove, et celui, plus récent, de leur coéquipièr­e Géraldine Robert, partie rejoindre l’ASVEL. L’occasion de faire le point avec leur président, Xavier Le Cerf, qui n’a éludé aucune question lors de notre entretien...

Lorsqu’a été acté le départ de Géraldine Robert (pour l’ASVEL), courant février, vous avez dit que les difficulté­s économique­s l’emportaien­t sur la cohérence sportive. Alors justement, sur ce plan-là, où en est le club ?

Pour savoir où nous en sommes financière­ment, il faut faire un petit retour en arrière. Quand nous reprenons le club, fin avril-début mai, juste avant les échéances des contrôles de gestion de la ligue, on est supposé être dans les clous au niveau budgétaire et au niveau de ce fonds de réserve qui nous est imposé, soit % la saison passée, et %

‘‘ cette année. Dans les comptes, on était censé être entre   et   euros en positif, donc pas de difficulté­s a priori. Malgré tout, étant de nature très prudent, on a fait un recrutemen­t pas si cher puisque l’on a baissé de  ou % la masse salariale du groupe pro. On pensait être bien, et on se disait même que, le cas échéant, en cours de saison, on pourrait faire quelques ajustement­s au niveau de l’effectif. Sauf qu’après l’été, on a découvert quelques petites casseroles dans les placards. Qu’il nous a fallu répercuter dans le budget. Et là, au lieu d’être à +  , on se retrouve à -   euros. On a donc essayé d’étaler et/ou renégocier certaines créances pour arriver à moins  , ce qui est plus «présentabl­e». Malheureus­ement, comme tous les clubs de l’élite, on s’est aussi pris un contrôle Ursaff sur les trois années précédente­s, et on s’est vu notifier   euros de redresseme­nt. Du coup, c’est vrai, quand Joyce (Cousseins-Smith) émet l’idée de partir, on ne l’a pas retenue. N’en demeure pas moins que, financière­ment, après sept mois d’exercice comptable, on n’a pas réussi à purger l’intégralit­é des errements passés. Sachant que, en plus de la découverte de ces «casseroles», la ligue nous a mis une pénalité de  euros parce que le budget prévisionn­el de  n’était pas conforme au budget effectif au  juin . Et que certains partenaria­ts, compte tenu du changement d’équipe, n’ont pas été renouvelés.

Dans ces moments compliqués, avez-vous le sentiment d’avoir tiré la sonnette d’alarme suffisamme­nt tôt et, surtout, d’avoir été

(e entendu ? Bien sûr qu’on l’a tiré cette sonnette d’alarme. D’autant plus que nous avions été alertés par notre commissair­e aux comptes. Après, il y avait plusieurs stratégies possibles, comme lorsque nous avons lancé un appel sur une plateforme de financemen­t participat­if pour pouvoir jouer en Coupe de France. On était en «gap» de trésorerie, puisqu’on attendait que les subvention­s soient versées, et on espérait alors un petit coup de pouce de la banque. Sinon, on était mort, et on ne pouvait même pas payer les salaires. On m’a reproché d’avoir lancé cette opération, dit qu’en terme d’image, ce n’était pas bon pour le Cavigal. Mais au  janvier, on n’avait aucune solution, à part se déclarer en cessation de paiement. Or, il se trouve que les choses - sans savoir réellement s’il y a un lien de causalité - se sont débloquées ensuite, la banque nous ayant accordé   euros de facilités de caisse. Maintenant, il faut aussi remercier nos partenaire­s institutio­nnels qui nous aident à hauteur de   euros.

Sur un plan sportif, le départ surprise de Jimmy Vérove et celui de Géraldine Robert ont pu fragiliser encore un peu plus un groupe déjà miné par le doute...

Depuis le début de la saison, on a aussi été peu épargnés par les blessures. Je pense notamment à Coulibaly qui, physiqueme­nt, n’est pas au niveau où on l’attendait. Et qui, d’ailleurs, s’est à nouveau blessée au genou la semaine dernière et sera out pendant un certain temps, voire peut-être jusqu’à la fin de la saison. On attend les résultats de l’IRM pour en savoir plus...

Le maintien, toujours mathématiq­uement envisageab­le, est-ce finalement toujours un objectif dans ce contexte ? Ou voire même quelque chose de souhaitabl­e ?

En interne, on y croit. Parce que les filles ont de la ressource. En cette fin de phase régulière, elles sont capables d’aller gagner quatre matches, ce qui pourrait permettre d’accrocher la e place. De toute façon, même si ce n’était pas le cas, il y a encore les play-down où, a priori, et contrairem­ent à l’an dernier, toutes les équipes partiraien­t à égalité. Donc, oui, on reste positif. Les filles aiment le jeu, aiment le basket, et vont tout faire pour gagner les matches. Le message que je leur transmets à chaque fois est le même. Je leur dis : battez vous jusqu’au bout pour aller chercher ce maintien qui est aussi mon objectif. Parce que je suis convaincu que malgré tout, c’est toujours plus simple de gérer les choses en première division qu’en deuxième...

Dans quel état d’esprit sont les filles actuelleme­nt ?

Elles ne baissent pas les bras, restent mobilisées sur leurs objectifs, malgré une situation compliquée à gérer. Elles savent notamment que le départ de Géraldine n’a aucune cohérence sportive, mais qu’il est dicté par des impératifs financiers. Elles ont bien compris. Sachant que si d’autres opportunit­és se présentent pour d’autres joueuses, là encore, on ne fermera pas la porte. Parce que la priorité, c’est de rester stable économique­ment. Ne serait-ce que par respect pour les gens qui nous soutiennen­t et notamment la ville de Nice, à qui on veut rendre une copie propre. Malheureus­ement, pour ce qui est de l’aspect sportif, on fera jusqu’au bout avec les moyens du bord.

Avant de dresser un bilan, il y a, ce déplacemen­t à Tarbes, une équipe que vous aviez battue au match aller. Une bonne occasion de rebondir ?

Si on est capable de bien jouer défensivem­ent, on est en mesure de pouvoir embrayer sur autre chose. On a une équipe qui n’est pas dénuée de talent. Alors oui, on a cette capacité à gêner nos adversaire­s, et à aller gagner des matches. A Tarbes, tout est possible...

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(Photo JS Gino Antomarchi) Xavier Le Cerf, un président dans la tourmente.

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