Fusillade du lycée de Grasse : l’auteur bientôt libéré ?
Killian avait ouvert le feu il y a un an dans son lycée et blessé cinq personnes. Le juge est favorable à sa remise en liberté sous contrôle judiciaire. Ce n’est pas l’avis du parquet de Grasse
Un an après avoir ouvert le feu dans son lycée Alexis-de-Tocqueville, à Grasse, Killian, l’auteur de la fusillade qui a fait cinq blessés, pourrait être remis en liberté sous contrôle judiciaire. « Le juge des libertés et de la détention n’estime pas nécessaire de le garder en détention. C’est une décision à laquelle nous n’avons bien évidemment pas adhéré au regard de la gravité des faits », a indiqué Fabienne Atzori, procureur de la République de Grasse. « Le parquet fait appel en espérant que la chambre de l’instruction puisse se réunir avant l’expiration du mandat de dépôt » le 18 mars, a-t-elle ajouté.
Son bac français en prison
Mis en examen pour « tentatives d’homicide », cet ancien élève du lycée Alexisde-Tocqueville, âgé aujourd’hui de 17 ans, avait fait irruption le 16 mars 2017 dans son établissement, en possession de plusieurs armes dont il avait fait usage. Il est incarcéré depuis au quartier des mineurs de la prison de Grasse. C’est dans sa cellule de 9 m2, que l’adolescent qui mesure 1,84 m pour 52 kg, poursuit ses études par correspondance. Il a passé son bac de français l’an dernier, et s’occupe d’animer la bibliothèque des mineurs de l’établissement pénitentiaire de Grasse. Né en novembre 2000, issu d’une famille sans histoire et fils aîné d’un conseiller municipal grassois, il avait 16 ans au moment des faits. Ses parents avaient consulté un pédopsychiatre quelques mois auparavant, inquiets de sa propension à être « triste et renfermé ». Son geste, qui a fait craindre une attaque terroriste aux premières minutes du drame, a constitué une première.
Le courage du proviseur
A Grasse, le pire avait été évité grâce au courage du proviseur de l’époque. Hervé Pizzinat, aujourd’hui responsable du lycée des Coteaux à Cannes, s’était interposé face à l’adolescent armé qui l’avait blessé d’une balle de 22 long rifle dans le bras. Un autre jeune homme, devenu majeur, est aussi en prison depuis les faits. Extérieur au lycée et complice présumé, il est soupçonné d’avoir apporté les armes dans un sac à l’heure du déjeuner à Killian, venu en cours le matin. « Les armes avaient une origine familiale », a précisé la procureure. « Sur les difficultés du jeune, il n’y a rien qui démontre qu’il ait été victime d’un harcèlement, comme il le dit. » « L’instruction n’est pas terminée mais pas loin de l’être », a-t-elle ajouté, tablant sur une communication au parquet « d’ici l’été » après une possible reconstitution. La juge d’instruction cherche à savoir qui était éventuellement au courant du projet et aurait pu, ou non, l’empêcher. Selon la procureure, la sécurité de l’établissement est en revanche hors de cause « sauf à mettre un surveillant devant chaque pan de grillage » car « le mineur auteur présumé indique qu’il n’a pas pénétré par la voie normale » mais par effraction. Après avoir récupéré les armes, il avait pénétré dans l’établissement par un grillage.