Nice-Matin (Cannes)

Le premier sous-marin opérationn­el construit à Toulon en  À lire pour en savoir plus

- ANDRÉ PEYREGNE

La guerre de - a été marquée par le premier usage militaire des sousmarins dans l’histoire de la guerre maritime. On estime que les premières interventi­ons sous-marines ont eu lieu au mois de février  sur divers théâtres d’opération maritime : Mer du Nord, Océan Atlantique, Mer Méditerran­ée. L’histoire de la flotte sous-marine commence à Toulon. Le premier sous-marin opérationn­el a été construit en  au chantier naval du Mourillon à Toulon par Henri Dupuy de Lôme et Gustave Zédé: c’est le Gymnote. Le suivant, appelé Gustave Zédé, est lancé du Mourillon en . Au déclenchem­ent de la Première Guerre mondiale en août , la marine française possède soixante douze sous-marins

On n’est pas sûr de l’endroit où gît aujourd’hui l’épave du Pax. Selon JeanPierre Joncheray, il s’agirait de celle qui est située à cinq cent mètres de profondeur au large de Saint- Tropez. Quant à celle du Togo - ce trois mâts de quatre-vingt mètres de long – elle se trouve en rade de Cavalaire par soixante mètres de fond. Elle a été retrouvée en 1977 par le biologiste et plongeur Richard Calmes. C’est, selon les spécialist­es, l’une des plus belles épaves de Méditerran­ée. Le ministre de la marine Georges Leygues est prévenu des dégâts survenus dans la nuit. Un Torpilleur 360 part aussitôt de Nice pour secourir les blessés. Un rapport télégraphi­que a été fait par un de ses marins – rapport reproduit dans l’ouvrage Les épaves de la grande guerre : « - Appareillé de Nice à 8h.30. Route sur Camarat. Pax torpillé. - 8h.30 : Rencontré vapeur italien Luizia allant à Villefranc­he. - 10h30 : Repêché un cadavre du Pax. Recherche du vapeur italien Togo. 15h35 : Hydravion jette une planche avec écrit dessus : « Pouvez-vous venir me parler à l’endroit où je vais amerrir ? » Avons suivi l’avion. - 16h. : Continué recherche du vapeur Togo sans résultat, puis route sur Toulon. - 18h. : Déposé le cadavre à la morgue de l’hôpital maritime de Saint-Mandrier. -18h45 : Amarré à Toulon. » Les ravages du UC 35 ne sont pas terminés. Le 15 mai, le sous-marin allemand croise un vapeur espagnol, le Villa de Soler. Nous sommes maintenant au large de la Corse. Le commandant allemand décide d’attaquer au canon le navire espagnol. Il fait donc surface et tire. Le Villa de Soler est atteint et commence à couler. Son capitaine, un certain Pedro, est grièvement blessé. C’est alors que poussé par un étrange réflexe d’humanité, le commandant allemand Korsch décide de le prendre à son bord afin qu’il soit soigné le plus rapidement possible. Il invite un marin espagnol nommé Redondo à l’accompagne­r, laissant les autres sur place, cadavres abandonnés à la mer, ou rescapés dans leurs canots de sauvetage. Pendant ce temps, l’escorteur français l’Ailly, qui faisait partie du convoi dans la nuit du 12 mai a retrouvé la trace du sous-marin allemand. Trois joursqu’ilattendai­tcemoment !Le16 au matin, au sud-est de la Sardaigne, l’UC35 refait surface pour attaquer au dont douze en Méditerran­ée. Les sous-marins allemands appelés UC, « Unterseebo­ot de type C », dont celui qui figure dans notre récit, sont des sous-marins poseurs de mines. Trois cent soixante-quinze ont été engagés durant la Première Guerre mondiale. Ce qui prouve, au moins en quantité, la supériorit­é germanique en la matière. Ces sous-marins allemands ont coulé quelque six mille cinq cents bateaux ennemis. Deux cent vingt-neuf de leurs sous-marins ont été détruits. canon un voilier italien. C’est le moment ! L’Ailly pointe son canon sur le sous-marin allemand. Tire. Le sousmarin est atteint du premier coup. Il explose. Il n’y aura que cinq rescapés, dont le marin espagnol Redondo. Mais le commandant allemand de l’UC 35 et le capitaine espagnol du Villa Soler, qui a fait l’objet d’un si touchant sauvetage, périssent tous les deux. L’Ailly a atteint son but. Mission accomplie. Il a vengé le Pax et le Togo. Pour l’instant, il accueille les blessés et fait rapidement route vers Toulon, son port d’attache, pour les soigner. Une chose est certaine : c’en est fini de l’UC 35, le sous-marin allemand qui avait fait tant de ravages au large de nos côtes ! Pour compléter votre connaissan­ce des bateaux coulés au cours de la Première Guerre mondiale au large des côtes françaises de la Méditerran­ée, il faut lire l’ouvrage très documenté de Jean-Pierre Joncheray les Épaves de la Grande guerre aux Éditions Gap (). Jean-Pierre Joncheray (en photo ci-contre) est un archéologu­e et chasseur d’épaves bien connu de notre région, à qui l’on doit en particulie­r la découvert l’Alose. En , les Alliés décident de forcer le détroit des Dardanelle­s pour aller approvisio­nner la Russie. La bataille dure presqu’un an et tourne au désastre pour les Alliés au profit des Turcs. C’est lors de cette opération que mourut Désiré Bianco (cicontre), le plus jeune poilu de la guerre, âgé de…  ans, qui s’était embarqué clandestin­ement le  mai  à Toulon, avec le ème. Régiment d’infanterie coloniale. Le  mai, il s’élance sabre au clair en criant « En avant ! » et est tué par un tir ennemi. Nous avons raconté son histoire dans ces colonnes. Son buste se trouve à l’entrée de l’Hôpital militaire de Toulon. Le  août , le cuirassé italien Leonardo da Vinci explose à Tarente, faisant  morts. Explosion accidentel­le ou sabotage autrichien ? On ne l’a jamais su. Pendant la guerre, la marine royale italienne concentra ses efforts à combattre la marine austrohong­roise. C’est à cette occasion que la Marine italienne fit usage de son fameux MAS - Motoscafo Armato Silurante ou Motoscafo Anti Sommergibi­le – petit torpilleur utilisé comme moyen d’assaut rapide.

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(DR) Le Gymnote, merveille de technologi­e toulonnais­e à la fin du XIXè siècle. La marine française de guerre évolue sur nos côtes entre le port de Villefranc­he (ci-dessus) et celui de Toulon (ci-contre). essentiell­ement de défense côtière, et en mettra en...
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