Nice-Matin (Cannes)

Eva Rami, en ouverture du e festival Femmes en scènes à Nice

- LAURENCE LUCCHESI

Vous avez aimé sa jolie frimousse et son jeu plein de fraîcheur dans Vole ! ce spectacle autobiogra­phique, retraçant certains épisodes de la vie d’une ado en plein apprentiss­age de l’âge adulte, dans laquelle chacun peut se reconnaîtr­e ? Vous allez adorer Eva Rami dans T’es toi, la suite du précédent, qui fera l’ouverture, pour la deuxième fois, du dixième festival Femmes en scène, jeudi 8 mars au Théâtre national de Nice. Après un premier vol déjà ancien, qui l’a conduite de Buenos Aires à la région niçoise, cette attachante comédienne poursuit sa belle envolée : « Je venais tout juste de présenter Vole ! pour la deuxième année consécutiv­e au théâtre de La Luna en Avignon, lorsque Françoise Nahon m’a proposé d’ouvrir ce festival au TNN, une très grande fierté pour moi. J’avais déjà en tête l’idée de faire un nouveau seule en scène, disons que cette propositio­n a juste un peu précipité les choses...» Pour cette deuxième création, Eva Rami s’est inspirée, explique-t-elle, de Philippe Caubère : « C’est un peu mon maître, car c’est un comédien incroyable, capable de passer avec virtuosité d’un personnage à l’autre comme il l’a fait avec Ariane Mnouchkine. Dans Vole ! je parlais beaucoup avec le public, et j’avais juste par moments des fenêtres avec des personnage­s. Cette fois, j’ai davantage essayé de les faire dialoguer entre eux, comme peut le faire Caubère, tout en s’en amusant. On retrouve dans T’es toi le cercle familial de Vole ! mais c’est la figure paternelle qui est au centre de ce deuxième volet. C’est contre lui qu’Elsa, le personnage principal, va devoir se battre, parce qu’il est réfractair­e à son choix de vie. Et le fil conducteur, c’est le théâtre, comment cet art va rentrer dans la vie de l’héroïne, les péripéties que cela va engendrer, tant sur le plan familial qu’émotionnel, et les rencontres, parfois délirantes ou mégalo, que cela va susciter, jusqu’à ce que ça devienne son métier. » Arrivée d’Argentine à l’âge de trois ans, Eva a grandi à Aspremont, où son père était instituteu­r. C’est lorsque la famille s’est installée dans le quartier du Port de Nice que la jeune fille a suivi les cours du théâtre de la Traverse, puis du Bouff’scène, avant d’entrer au Conservato­ire de Nice. Direction trois ans plus tard la capitale, où elle a intégré sur concours de l’ESAD (École supérieure d’art dramatique de Paris). Premier festival Femmes en scène, en 2010, (qu’elle inaugurera en 2015) avec L’Inattendu, de Fabrice Melquiot, qu’elle monte avec Benjamin Migneco. Elle créera également avec Félicien Chauveau Le Procès de Kafka, présenté par le collectif La machine, Don Quixote l’invincible , et Peter Pan. Avant de rejoindre la compagnie Miranda, avec laquelle elle a présenté Don Juan et Les Clowns .Un très beau moment de théâtre en perspectiv­e, que T’es toi, dont le titre est un jeu de mot articulé autour de l’affirmatio­n de soi et l’injonction de se taire, tout un programme... Un spectacle dont le propos, loin de se réduire à l’univers du théâtre, témoigne du combat que chacun mène pour trouver et tracer sa voie, avec et envers les autres. Porté par une Eva Rami qui a déployé ses ailes, et Vole toujours plus haut...

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