Nice-Matin (Cannes)

Quand l’Homme défie le temps à la Fondation Maeght

- F. L.

L’oeuvre graphique des sculpteurs est souvent remarquabl­e. Simplifica­tion des formes, sens du volume, esprit de synthèse confèrent aux dessins une force peu commune. Ceux de Julio González s’inscrivent dans ce registre. On y retrouve l’énergie avec laquelle il forgeait et soudait le fer, le pliant à tous ses désirs. En témoigne cette Femme horrifiée de 1940 (cicontre). Assemblage de plans quasiment abstraits qui composent à la plume et au lavis une figure puissammen­t expressive. L’effroi saute aux yeux. Ce petit format, qui appartient à un ensemble de trois sculptures et cinquante oeuvres sur papier dont la veuve de l’artiste a fait don à la Fondation Maeght, est présenté pour la première fois au public dans un nouvel accrochage de la collection permanente. Une « lecture » – l’une des dernières d’Olivier Kaeppelin puisque celui-ci quitte la direction de la Fondation – sous un

titre emprunté à Louis Aragon : Est-ce ainsi que les hommes vivent ? C’est l’un des grands plaisirs de la visite que de découvrir, soit des inédits, soit des pièces majeures qui n’avaient pas été exposées depuis longtemps. Dont la version définitive de La Partie de campagne, de Fernand Léger, l’impression­nant Nu sur fond noir de Paul Rebeyrolle ou des gravures rehaussées du tout début du XXe siècle : Kandinsky avant Kandinsky. La représenta­tion de l’être humain, au coeur de cette sélection, se prolonge dans la dernière salle. Un Homme qui marche et une Femme debout ferment le parcours. Dans le silence et la solitude de l’atelier, Alberto Giacometti arrête le temps. En le défiant.

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(Photo Claude Germain/Fondation Maeght) Femme horrifiée, Julio Gonzáles, .

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