Nice-Matin (Cannes)

Franck Dubosc: «Ma crise de rire de la cinquantai­ne»

Entre le Comte de Bouderbala, François-Xavier Demaison et Mathieu Madenian, Franck Dubosc fera les belles heures des Sérénissim­es de l’humour, du 21 au 24 mars à Monaco. Avec son 5e show

- PROPOS RECUEILLIS PAR FRANCK LECLERC fleclerc@nicematin.fr

C’est son cinquième one-manshow. Son titre : Fifty-fifty .Un spectacle autour de la cinquantai­ne – mais pas vraiment sous l’angle de la maturité – qu’il présentera le vendredi 23 mars à Monaco, dans le cadre des Sérénissim­es de l’humour. Ce festival, Franck Dubosc le connaît bien. Il s’y est produit à plusieurs reprises avant d’y rencontrer Danièle, devenue son épouse. Quant à Fiftyfifty, il l’a écrit quasi-intégralem­ent à Mougins. Avec une pause pendant le tournage à Ramatuelle de l’émission de Karine Le Marchand, Ambition intime, qui lui a permis de se découvrir un peu mieux luimême. « Karine m’a aidé à me servir de ce que je suis pour être plus vrai. »

Quel est donc ce cinquième one-man-show que vous jouez à Monaco ?

Le titre, Fifty-fifty, est un bon résumé. Déjà le milieu de la vie. Même si, à cinquante balais, on est un peu plus loin qu’au milieu. C’est aussi le moment où l’on est trop vieux pour les jeunes et trop jeune pour les vieux. Une situation qui n’est pas désagréabl­e.

Votre crise de la cinquantai­ne ?

Pas du tout. Au contraire. Ou alors, ma crise de rire de la cinquantai­ne ! Comme j’ai toujours raconté ma vie, je me suis dit que dans ce spectacle, je devais être encore plus franc, encore plus sincère, encore plus honnête. Plus vrai, peut-être plus trash aussi.

Encore le sens de l’autodérisi­on, mais moins de distance ?

Je pousse plus loin dans ce que je suis, puisque je vais… à l’intérieur de moi-même. J’ai quand même toute une séquence où je fais jouer mes organes, dans le corps de l’homme de cinquante ans. C’est drôle et c’est pittoresqu­e. Je parle aussi de mes enfants et un petit peu de ma femme. En disant : attention, il y a un mec derrière tout ça. Oui, je suis au plus près de la réalité. Sans doute parce que je commence à me connaître un peu. En vieillissa­nt, on s’accepte, on s’assume. En fin de compte, je n’ai pas besoin de m’éloigner de moi pour faire rire.

Donc un peu plus de vérité ?

Beaucoup plus, même. Ce spectacle est quasiment vrai de A jusqu’à Z.

Ce n’est pas drôle de vieillir. Comment faire rire avec ça ?

En prenant tout ce qui est négatif. Et les gens rient, rient, rient : c’est terrible car dans ma tête je me dis qu’ils sont en train de se f… de ma gueule ! Mais c’est un sujet qu’il faut prendre à revers. Pour en rire sans jouer le vieux, puisqu’on n’est pas vieux. Nous sommes tous différents face à l’âge. D’abord physiqueme­nt, mais dans notre tête aussi. Par exemple, je suis un jeune papa. J’ai des enfants qui ont sept et huit ans, ce que d’autres connaissen­t à trente-cinq ans. Moi, à plus de cinquante ans, je fais des films en maillot « moule burnes ». Je vis des trucs de jeunes alors que mon âge file. Forcément, il y a des détails drôles à raconter là-dessus.

Maillot qui vous va à merveille, il faut le souligner…

Oh, merci ! (Rires)

À  ans, on est moins vieux que nos parents au même âge…

C’est sûr. Raison pour laquelle j’évite d’en faire le spectacle de l’homme de cinquante ans. Je ne vais pas vous faire le plan du type qui ne connaît pas Internet. Bien sûr, j’en rigole. Mais encore une fois, à cet âge on est au milieu. Même si la deuxième partie risque d’être plus rapide et moins drôle que la première. Cinquante aujourd’hui, c’est comme quarante autrefois. Vous savez, l’homme qui faisait sa crise, style : attention mesdames, je suis encore vivant !

Cette crise, l’avez-vous faite ?

Non, vraiment pas. Pour moi, ce sont mes plus belles années, la quarantain­e. En plus, j’ai la chance de jouer des personnage­s et quand, parfois, on me donne le rôle d’un homme de mon âge, j’ai l’impression de faire de la compositio­n ! On dit qu’on a l’âge de ses artères, en fait on a l’âge de ce qu’on fait et c’est tout. En même temps, si je raconte sur scène que j’ai quarante ans, tout le monde rit. C’est dégueulass­e!

Pour un ado, on est vite un fossile. Vos enfants sont encore dans l’admiration ?

L’autre jour, mon grand garçon m’a dit: « Papa, t’es le plus vieux de la famille, c’est toi qui vas mourir en premier ? ». J’ai dit que oui, peut-être, il m’a répondu: « Oh, c’est trop nul ! ». Ça, c’était mignon. Mais j’ai déjà eu droit à ses petits copains qui demandaien­t si j’étais son papy. Terrible : j’ai tellement l’impression d’être un jeune homme de vingt ans ! Il faut le prendre avec humour et assumer son âge. Dans ce spectacle, j’essaie de dédramatis­er. Je ne veux pas rire avec mes cinquante ans, mais plutôt de mes cinquante ans.

C’est une façon de les apprivoise­r, ces années ?

Oui, exactement. Et puis bon, voilà, je suis un papa, j’ai aimé les femmes, je suis une « vedette » de cinéma : il y a donc plein d’autres sujets à aborder. Le côté dragueur me lasse un peu, je préfère parler beaucoup de médecine, par exemple. Et notamment de mon proctologu­e.

Proctologu­e que vous tutoyez ?

C’est le complice indispensa­ble de l’homme de cinquante ans. Celui que je vois tous les six mois. Enfin, que je vois… que je sens ! J’essaie d’éviter la facilité, mais je dois avouer que c’est le moment où je me lâche un peu.

Pas trop, on l’espère ?

Pas mal, quand même !

Revenons à Monaco, vous y avez un lien particulie­r ?

Pour moi, jouer à Monaco, c’est comme un anniversai­re. J’ai rencontré ma femme aux Sérénissim­es de l’humour, dont elle s’occupait pour NRJ. En la voyant en bas des escalators, et je me suis dit : « Waouh ! ». Et je suis désolé d’avouer que je l’ai quelque peu harcelée. Ce qui se termine parfois mal, parfois bien. En l’occurrence, elle a cédé et est devenue ma femme. Comme quoi… Sérénissim­es de l’humour. ◗ Mercredi 21 mars, à 20 heures : Le Comte de Bouderbala, salle Prince Pierre. ◗ Jeudi 22 mars, à 20 heures : François-Xavier Demaison, salle Prince Pierre. ◗ Vendredi 23 mars, à 20 heures : Franck Dubosc, salle des Princes. ◗ Samedi 24 mars,à 20 heures : Mathieu Madenian, salle Prince Pierre. Tarifs : de 40 à 50 €. Rens. 00.377.99.99.30.00. ou www.grimaldifo­rum.com

Ce spectacle est quasiment vrai de A jusqu’à Z” En vieillissa­nt, on s’accepte, on s’assume ”

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(Photo Anne Fuerxer-Tezier)  heures En spectacle vendredi  mars, à salle des Princes à Monaco.

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