Le cri de désespoir de sa veuve azuréenne
Il y a deux ans exactement, deux Azuréens étaient assassinés dans un terrible attentat sur une plage de Côte d’Ivoire. Anne-Marie Arnaud, veuve de l’un des disparus, estime qu’ils sont oubliés
Je suis découragée, peinée. On se sent totalement oubliées. » Un cri de désespoir. Anne-Marie Arnaud et ses deux filles, Chloé et Coralie, se réconforteront mutuellement aujourd’hui. Leurs coeurs seront de l’autre côté de la Méditerranée, à Grand-Bassam en Côte d’Ivoire, où leur mari et père, Jean-Pierre, a été abattu il y a deux ans jour pour jour. Il repose depuis à Saint-Laurent-du-Var. Le 13 mars 2016, une attaque djihadiste faisait 19 morts, dont quatre Français, parmi lesquels deux azuréens (1), dans cette station balnéaire ivoirienne très réputée. Jean-Pierre Arnaud, 75 ans, avait reçu une balle dans la tête. Il s’est écroulé sur cette terre où il a épousé Anne-Marie. Où ils dont donné naissance à leurs deux filles. Il revenait d’une promenade à vélo. «Depuis, avec les autorités ivoiriennes, c’est complexe. On ne nous tient informées de rien sur l’enquête. Ce n’est guère mieux avec les autorités françaises », témoigne Anne-Marie Arnaud, qui habite Saint-Laurent-du-Var. Celui que l’on surnommait « l’Africain blanc », ancien militaire, nageur de combat, avait vécu à Cagnes-sur-Mer et Vence. «C’était un homme rare et un papa d’exception », avait témoigné Chloé, sa fille aviatrice, basée à Salon-de-Provence, lors de l’hommage national à Paris le 19 novembre 2016, en présence de François Hollande, président de la République. Depuis le drame, AnneMarie et leurs filles se sentent exclues. Alors que le Bataclan, l’attentat de Nice, sont régulièrement cités, qui pour partager leur douleur ? Qui pour leur adresser un mot ? Qui pour faire preuve de compassion ? « Personne. Pour les autorités, nous n’existons plus. Mardi [ndlr : lire aujourd’hui], ça va être une horreur. Plus on avance dans le temps, plus on le vit mal. » Anne-Marie a trouvé chaleur et compassion à la Fédération nationale des victimes d’attentats (Fenvac). Elle en est la représentante territoriale. « Rencontrer des victimes m’a fait énormément de bien», témoigne-t-elle. Femme d’une grande douceur, d’une immense sensibilité, elle fait en sorte de tenir le coup. Qu’espère-telle ? « J’attends que de temps en temps les politiques fassent au moins un communiqué pour les victimes de Grand-Bassam. Dire qu’on ne les oublie pas. Mais là, franchement, depuis deux ans, autant vous dire je n’en ai quasiment jamais entendu parler. » Le 13 mars, c’est leur 13 novembre à elles. N’oublions
(2) pas les victimes de Grand-Bassam.