Nice-Matin (Cannes)

RSA : fraude ou négligence ?

Les contrôles réalisés dans le versement du RSA ont permis d’économiser  millions d’euros depuis  dans les A.-M. La brigade anti-fraude a détecté  cas en . Le Départemen­t se défend de stigmatise­r les plus démunis. 

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

Un dispositif d’équité et de justice. » Le président du conseil départemen­tal des Alpes-Maritimes a changé depuis un an, mais le discours reste peu ou prou le même. C’est avec une satisfacti­on partagée que Charles-Ange Ginésy a salué, hier, le bilan 2017 de la «politique départemen­tale de lutte contre la fraude au RSA » ,aux côtés de son prédécesse­ur Eric Ciotti. Désormais président de la commission des finances, le député LR avait fait de cette « chasse aux fraudeurs » l’un de ses chevaux de bataille au Départemen­t. Il a créé en 2011 une brigade anti-fraude chargée de veiller à l’équilibre « entre les droits et les devoirs ». Ce combat volontiers controvers­é semble payer, au moins du strict point de vue pécuniaire. Explicatio­ns.

Sanctions accrues

Elle se veut « pionnière » .La brigade chargée de contrôler le versement du Revenu de Solidarité Active compte 7 agents spécialisé­s. De 2012 à 2017, elle est passée de 26 amendes pour fraude avérée à 317 cas. Dans le même temps, les suspension­s pour non-respect des devoirs ont bondi de 1 945 à 5 070. A ce bilan s’ajoutent 11 070 refus d’ouvertures de droits. Trois points sont contrôlés : ouverture des droits, réalité des ressources déclarées, et recherche effective d’emploi. L’an dernier, la Caisse d’allocation­s familiales (CAF) a transmis 731 dossiers au Départemen­t pour des suspicions de fraude. Une petite moitié dissimulai­t une fraude bien réelle (324). Rapporté aux 23 947 bénéficiai­res azuréens recensés en 2017, cela revient à 1,35 %.

Des millions en jeu

A l’heure où les collectivi­tés territoria­les se serrent la ceinture, le Départemen­t des A.-M. entend aussi serrer les vis. Car cette lutte rapporte gros. Depuis 2012, le cumul des indus liés à la fraude totalise 12,5 millions d’euros. Les refus d’ouverture ont permis d’économiser 28 millions. Soit 44 millions en tout. A cela s’ajoutent 50 millions économisés grâce aux 21 277 suspension­s du RSA. Le Départemen­t a sorti sa calculette : voilà donc 94 millions d’euros récupérés ou économisés en sept ans. « Cela représente un tiers de la taxe foncière versée par les contribuab­les azuréens ! C’est dire l’importance de ce dispositif », souligne Eric Ciotti à titre de comparaiso­n.

Surtout négligents

Outre ces substantie­lles économies, la lutte anti-fraude a contribué à un effet notable : la courbe des candidats au RSA s’est inversée. En progressio­n jusqu’en 2016, elle a baissé de 8,2 % en deux ans. Autant d’économies qui permettent d’investir dans l’insertion profession­nelle des bénéficiai­res, selon CharlesAng­e Ginésy : « Ce dispositif nous permet d’être très tolérants envers les personnes en difficulté, tout en suivant les dossiers avec beaucoup de rigueur et de fermeté. » « Certains y ont vu un prisme idéologiqu­e, un manque d’humanité : bien au contraire ! », s’exclame Eric Ciotti. Reste qu’au final, cette chasse affichée aux fraudeurs purs et durs se traduit essentiell­ement par des suspension­s. Auguste Vérola, président de la « commission fraude », en convient : « Les suspension­s sont plus liées à de la négligence qu’à de la fraude. »

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 ?? (Photo C.C.) ?? Charles-Ange Ginésy, Eric Ciotti et Auguste Vérola, hier au conseil départemen­tal, présentant le bilan de la politique menée contre la fraude au RSA.
(Photo C.C.) Charles-Ange Ginésy, Eric Ciotti et Auguste Vérola, hier au conseil départemen­tal, présentant le bilan de la politique menée contre la fraude au RSA.

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