Nice-Matin (Cannes)

Un nouvel univers pour Gérard Crociani

A côté de l’atelier Madoura, l’artiste vient d’ouvrir un nouvel espace pour une énième aventure

- PHILIPPE DEPETRIS

Dans la famille Crociani, il y a le grand-père, Emile, un peintre reconnu, le père, Francis, l’un des maîtres à penser de la création céramique vallaurien­ne et le fils Gérard. Ce dernier vient d’investir un nouvel atelier au 50 avenue Clemenceau dans les anciens locaux de la Viole Fleury, à deux pas de l’atelier Madoura, un lieu qui proposait jadis les créations de Capron. Né le 11 avril 1962 à Nice, Gérard n’a pas immédiatem­ent mis ses pas dans ceux de son père. « Je ne voulais pas devenir potier, raconte-t-il, mais il faut croire que mon destin était déjà tracé et déjà je passais plus de temps dans l’atelier qu’à la maison ! »

Des tajines pour Ducasse

Après le collège, Gérard entre sans grande conviction en apprentiss­age dans la plomberie et la ferronneri­e. Viendra alors le déclic ! « A 18 ans, je suis devenu l’apprenti de Francis Milici qui lui-même avait été l’apprenti de mon père. Je me suis pris de passion pour cette joie de vivre qui régnait dans les ateliers à l’époque ». En 1994, il reprend un atelier au chemin Lintier, peaufine son savoir-faire et devient à son tour un maître céramiste. L’oeil bienveilla­nt de Francis n’est jamais loin : « Il m’a guidé sans jamais s’imposer, en me laissant toujours la liberté de créer !» En 2002, il rencontre le designer Patrick Join, collaborat­eur de Philippe Starck et crée avec lui une série de tajines pour Alain Ducasse :« Il m’a fait comprendre que rien n’est jamais fini et que l’on peut tout revisiter, repenser, surtout en ce qui concerne les couleurs ». Tout en conservant les bases de la technique ancestrale, Gérard avance dans sa démarche (la décoration et de la table), faisant peu à peu de la céramique utilitaire un art. Il se nourrit de ses rencontres avec Sotchi Hasegawa, Lucien Tessarolo, Tomek, Giovanni Capello. « Ils me poussent à franchir mes limites, m’apportent l’audace et me permettent d’évoluer ». Catherine la fille de Théo Tobiasse lui demande de créer des éditions du maître. Nouvelle aventure qu’il relève avec son ami Guy Gautier. Une autre rencontre essentiell­e : Celle d’Antoinette, son épouse : « Elle habitait au-dessus de mon atelier, nous nous sommes rencontrés et plus quittés !» Ils ont construit leur avenir à Vallauris avec toujours la même passion : « J’aime créer de grosses pièces, le défi technique me stimule et il y a comme un plaisir physique lorsque je lutte avec la masse de terre. Avec à la clé, le bonheur de voir mes pièces prendre vie » . Ses créations sont à son image. Elles fleurent bon le bonheur, la fidélité au terroir et à la famille. « Tout cela fait mon bonheur au quotidien et me suffit. »

■ Atelier Gérard Crociani 50, avenue Georges-Clemenceau à Vallauris (tél. 06.85.03.16.67)site internet: www.crocianige­rard.com

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(Photo Ph. D.) Gérard et Antoinette Crociani dans leur nouvel univers du  rue Georges Clemenceau.
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